Dieu, les maths et moi

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Photo DR : apprendre-en-ligne.net

Homélie pour la solennité de la SAINTE TRINITE, B

Deutéronome 4,32-34.39-40 / Psaume 32 / Romains 8,14-17 / Matthieu 28, 16-20

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

La Trinité que nous fêtons ce week-end, c’est 1 plus 1 plus 1… égale 1 !

 

Oui, je n’étais pas un champion du monde en mathématiques à l’école, au contraire, c’était la matière que j’aimais le moins, je le confesse. Ça doit se voir au calcul que je viens de faire… 1+1+1=1 c’est pas très catholique, du moins en mathématiques !

 

Pour le rêveur que j’étais enfant, et que je suis toujours, la froideur d’un calcul mathématique et son exactitude obligatoire me désespéraient. Pourquoi est-ce que 1 et 1 feraient toujours 2 ? ça manquait un peu de rêve et d’originalité, pour moi…

 

Depuis que je suis prêtre j’ai découvert que 1+1 ne font pas toujours 2, notamment lorsque je célèbre des mariages je rappelle aux mariés qu’ils ne font plus qu’UN… alors qu’ils sont deux. Le mariage c’est un cas où 1+1 égale… 1. Comme le Christ le demande d’ailleurs dans un célèbre évangile : « je te prie, Père, pour que tous soient UN. »

 

Il y a quelques années de cela, dans un monastère en France, un de mes confrères, en arrivant, demanda au père abbé : « Combien êtes-vous encore de moines ? » Et le père abbé eut cette réponse magnifique : « Nous essayons d’être UN. »

 

Que tous soient UN, c’est tout de même une vision des mathématiques un peu plus sympathique, je trouve, et un peu plus simple à vrai dire !

 

Mais ensuite, j’ai aussi découvert en théologie que notre Dieu, en réalité, aime bien les mathématiques mais n’est pas un ami des additions. Notamment dans la Trinité.

 

Le Père – UN – le Fils – UN – le Saint Esprit – UN … si l’on additionne les trois eh ben ça fait UN, dans notre Foi. Un seul Dieu en trois personnes ! Ce n’est donc pas l’addition qu’il faut utiliser, parce qu’avec Dieu tout est question de « Foi »… et le « fois » en maths, c’est la multiplication.

 

Et ça marche : si vous faites un FOIS un FOIS un… eh bien ça fait… UN.

 

Vous voyez qu’avec Dieu, tout est question de « fois ». Et au-delà du jeu de mots, effectivement, avec Dieu tout est question de multiplication – que l’on pense simplement à l’épisode de la multiplication des pains !

 

La Trinité, ce n’est pas une addition de personnes, tout comme la communauté qui est là ce soir ne se résume pas à l’addition de chacun de vous ! Je pourrais vous compter, vous additionner, je trouverais un nombre mais la communauté c’est bien plus que cela. Vous vous multipliez par vos prières, en réalité.

 

C’est bien ce que nous célébrons ce soir, cette fameuse Trinité, avec des textes que nous avons entendus et qui sont, comme souvent, très bien choisis :

 

–   La première lecture était tirée du Pentateuque – les cinq premiers livres de la Bible – et elle évoquait le Père, vous l’avez entendu. Le Père avec sa voix qui parlait au peuple, jadis.

 

–   La seconde lecture qui était tirée de la lettre aux Romains, de Saint Paul, nous parlait de l’Esprit. L’Esprit-Saint, rappelait Saint Paul, fait de nous ses enfants. Nous n’avons pas seulement un Père aux Cieux, nous avons un Esprit qui est également notre parent.

 

–   Et puis l’Evangile – la toute dernière page de l’Evangile de Matthieu que nous avons entendue – nous disait que Jésus, le Fils, nous envoie en mission vers nos frères et nos sœurs en humanité.

 

Nous les avions dans le désordre, mais nous les avions tous les trois : Père, Esprit, Fils.

 

Au-delà du Père, du Fils et du Saint-Esprit, les trois thèmes de ces lectures sont un portrait du visage de notre Dieu en trois personnes. Un portait parce que tout, dans nos lectures, parlait de RELATION. Et notre Dieu-Trinité est RELATION. C’est peut-être même une des meilleures définitions qu’on puisse en donner.

 

Chaque couple vous le dira, d’ailleurs : si on veut se multiplier et non pas s’additionner, il faut une relation. Charnelle, en l’occurrence, mais il faut une relation.

 

Nous avons un Dieu qui est en relation à l’intérieur de lui-même, entre les trois personnes qui sont l’essence de ce Dieu.

 

Il est RELATION en lui-même. Il est en RELATION avec nous, également. Et il nous invite à être en RELATION, au-delà des murs de cette église, avec tous les autres.

 

– La voix du Père qui nous parle… c’est une RELATION.

 

– L’Esprit-Saint qui fait de nous ses enfants…  c’est une RELATION.

 

– Le Fils qui nous envoie vers les autres pour leur parler… c’est une RELATION.

 

…les mariés qui ne font plus qu’UN, c’est une RELATION, là encore.

 

Le nom de notre Dieu, Chers Amis, est « Trinité ». Mais son autre nom est « RELATION ».

 

Et plus je médite sur le mystère de la Trinité, plus je creuse les différents aspects de notre Dieu dans ma vie de prière, moins j’arrive à me défaire de cette idée-là : notre Dieu est RELATION.

 

Et d’ailleurs… l’absence de Dieu, le Mal, l’ange noir, le Diable, quel que soit le nom qu’on lui donne, on l’appelle comment ? … Le DIVISEUR.

 

Vous voyez comme les mathématiques nous sont utiles ce soir ? Le Diviseur c’est justement celui qui ne multiplie pas mais qui DIVISE les gens entre eux. C’est celui qui va empêcher la multiplication et changer tout cela en division. Division entre nous, division dans nos relations quand il casse l’Amour qu’il y a entre les personnes, division en nous-mêmes parfois, l’ange noir peut être à l’intérieur de notre cœur pour diviser notre cœur… Division aussi entre nous et Dieu quand il nous pousse à faire le mal.

 

Vous voyez, Chers Amis, Dieu est RELATION.

 

Et là où nous créons nous-mêmes de la relation, nous dessinons le visage de Dieu dans le monde.

 

Là où nous créons, à l’inverse, de la division, nous défigurons Dieu.

 

Et c’est ainsi que nous pouvons suivre et refléter Dieu par nos vies, dans la relation, dans nos relations.

 

Relations entre nous, les Chrétiens, déjà. Quel visage de l’Eglise donnerions-nous si nous, les Chrétiens, avions de mauvaises relations entre nous ?

 

Relations avec les autres, aussi. Les membres des autres religions, ceux qui ne croient pas en Dieu aussi. Un Chrétien, une Chrétienne, ça devrait être d’abord celle ou celui qui accueille sans condition, qui que ce soit. Qui entre en relation sans discussion préalable avec un autre être humain parce que cette personne est digne, en elle-même, quelle que soit sa race, la couleur de sa peau, sa religion, son pays, son état de vie.

 

Relation avec Dieu, enfin. Parce qu’un Chrétien c’est celui qui parle à Dieu, dans la prière notamment, dans le fond de son cœur ou à la messe, comme nous le faisons aujourd’hui. La messe n’aurait pas de sens si j’étais le seul à parler et à chanter. C’est bien une relation avec Dieu que nous célébrons !

 

Nous ne croyons pas, Chers Amis, en un Dieu qui serait distant, tout là-haut, qui se pencherait sur nous comme un démiurge ou comme un géant sur de petites fourmis et qui les regarderait, un brin sadique. Non !

 

Nous avons un Dieu qui a tellement voulu être en relation avec nous qu’il s’est fait l’un de nous. C’est le meilleur moyen d’entrer en relation !

 

Alors si nous voulons être de vrais enfants de Dieu, Chers Amis, soyons en relations, en bonnes relations, entre nous, avec les autres et avec Dieu, parce que c’est la carte de visite de notre Dieu, la relation.

 

Et au final, c’est ce qui me réconcilie avec les maths, vous savez ! Car il existe un domaine, en mathématiques, dans lequel les scientifiques osent rêver et faire des calculs qui nous semblent faux à la base, un domaine dans lequel ce fabuleux croyant qu’était Einstein excellait, un domaine où un plus et un autre plus ne font pas forcément deux, un domaine qui emprunte son nom, justement, au mot « relation », c’est la … RELATIVITE.

 

Je crois que je vais me remettre aux maths pour mieux comprendre Dieu, finalement…

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Vex, samedi 26 mai 2018, 18.30 (version enregistrée)

La Sage, dimanche 27 mai 2018, 10.00

 

…et dans une version plus courte, jadis :

Evolène, samedi 30 mai 2015, 19.30

La Sage, dimanche 31 mai 2015, 10.30

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