Dieu n’est pas un hippie

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Photo DR : www.guardian.co.uk

Homélie pour le 4e dimanche de Carême, C – Apostolica Sedes Vacans

Jos 5,10-12 / Psaume 33 / 2Co 5,17-21 / Luc 15, 1-3.11-32

Chers Amis,

Il suffit qu’on entende « Un homme avait deux fils » pour que l’ordinateur central s’enclenche en nous : ah oui, le fils prodigue, on connaît… La conclusion, on le sait bien, c’est que, comme le père de cette histoire, Dieu nous aime.

(voix niaise) : Dieu nous aime… Jésus revient… (avec le geste 🙂 Peeeeaaaace !

Dit comme ça, ça respire un peu mai 68 et les années 70. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Dieu t’aime, mon frère. Peace and love.

Alors si vous voyez Dieu comme ça, faut très vite arrêter de fumer la moquette, hein… Parce que c’est pas tout à fait ça…

Dieu ne nous aime pas comme des êtres d’un monde idéal, genre bisounours, qui vivraient en paix au milieu des champs fleuris de petites fleurs bleues de Woodstock. …D’ailleurs au bout de trois jours y avait plutôt de la boue à Woodstock, plus tant de fleurs bleues… Bref.

Dieu ne nous aime pas niaisement, les deux doigts en l’air et un joint en bouche.

Dieu nous aime violemment. Passionnément. Fougueusement. Il y a de l’éros en Dieu ! C’est pas moi qui le dis, hein, c’est Benoît XVI qui l’a écrit dans sa première encyclique, « Dieu est Amour » : il y a de l’éros en Dieu.

Dieu nous aime infiniment dans notre péché, tels que nous sommes vraiment. Nous nous rêvons souvent mieux que nous ne sommes. Nous aimerions bien être parfaits.

Mais la perfection n’est jamais dans les êtres humains, seulement dans leurs intentions.

Or Dieu nous aime dans notre imperfection. Il nous aime avec nos petits bobos quotidiens autant qu’avec nos plus grands péchés. Il nous aime avec nos petits nuages gris et avec nos incroyables noirceurs. Et ce qu’il aime le plus c’est lorsque nous comprenons cela.

Ce qui le transporte d’allégresse pour nous, c’est lorsque, une fois compris tout cela, nous revenons vers lui. Ce que vous avez fait ce soir / ce matin.

Car, on ne le répétera jamais assez, la préparation pénitentielle que nous avons vécue avec le kyrie au début de cette messe, comme à chaque messe, nous pardonne pleinement nos péchés, à moins que nous n’en ayons de très graves sur la conscience.

Dans ce dernier cas c’est d’un prêtre qu’il nous faut nous approcher pour recevoir le sacrement de la réconciliation, et nous avons la chance d’en avoir encore beaucoup et qui ont encore du temps pour nous.

Bien sûr ce n’est pas facile… Mais en grande partie par nos préjugés. Nous nous attendons à trouver en face de nous un juge qui nous gronderait pour ce que nous avons fait.

En réalité le prêtre est immensément heureux quand nous venons le trouver pour lui demander le pardon de Dieu.

L’abbé Maurice Zundel s’agenouillait devant la personne qui venait à lui pour demander le sacrement de la réconciliation. C’était lui, le prêtre, qui se mettait à genoux.

Les rôles étaient inversés et la personne comprenait qu’à travers le prêtre, c’est Dieu qui s’agenouille devant nous lorsque nous venons lui demander pardon. Cela m’arrive de pouvoir l’expérimenter aussi.

J’ai encore en tête les visages de plusieurs jeunes lors d’un Camp Voc, des visages remplis d’anxiété avant d’aller se confesser… et inondés de bonheur en en revenant. Comme le dit un de mes amis, on devrait mettre des lunettes noires quand on retrouve tous les jeunes après ce sacrement, tellement on est éblouis par le bonheur dont ils rayonnent.

Ce sacrement est l’une des plus belles choses qu’il m’est donné de vivre comme prêtre. Et je me confesse régulièrement auprès de confrères, moi aussi, conscient que je suis d’être ce fils qui a dilapidé le bien de mon Père et qui revient à lui la tête basse mais avec au coeur la certitude de son pardon.

Ce fils qui est parti et qui revient, c’est moi, c’est chacun de nous. Nous revenons vers celui que nous osons appeler Notre Père. Nous revenons vers lui à chaque messe, certains que le fait même de revenir à lui et d’être conscient que nous ne sommes pas parfaits, suffit à son pardon.

Toutes les lectures du jour nous le disent, d’ailleurs.

Après avoir célébré la Pâque dans le désert, les Hébreux ont pu manger les fruit de la terre. Mais avant, Dieu ne les a jamais abandonnés, ils avaient la manne. Josué nous le rappelait dans la première lecture. Dieu ne nous abandonne JAMAIS. Quels que soient nos torts. Quelle que soit notre errance dans nos déserts intérieurs.

Paul, dans l’extrait de sa seconde lettre aux Corinthiens que nous avons entendu, nous implorait : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! » Et il nous rappelait que nous ne sommes plus esclaves de nos fautes, que le Christ nous a libérés de tout cela.

Et dans l’Evangile, Jésus nous expliquait cela par une image. Une image extraordinaire que nous écoutons trop distraitement, cette parabole du Fils Prodigue…

Assurément, dans cette parabole, c’est bien le père qui s’est le plus usé les yeux à guetter l’improbable retour de son fils, c’est lui qui a le plus pleuré.

La joie du fils est grande lorsqu’il voit son père se précipiter à sa rencontre, les bras ouverts. Mais elle n’atteint pas le millionième de la joie du père qui voit son fils revenir et demander pardon. Et ce père dont nous sommes les fils, c’est Dieu.

Alors oui, Dieu nous aime. Mais c’est pas de la guimauve ou du cannabis façon Woodstock. C’est du béton armé, du granit massif, son amour. C’est d’une puissance, d’une force inégalables. Il nous aime comme nous sommes. Et certainement pas comme nous nous rêverions.

C’est une sacrée bonne nouvelle !

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Chermignon d’en Haut, samedi 9 mars 2013, 18.30

Lens, dimanche 10 mars 2013, 9.30

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2 Responses

  1. maman

    Sacrée bonne nouvelle! Dieu nous aime et d’un amour aussi fort que du granit massif quelle merveilleuse image! merci

  2. sr amélie

    Décidément, ça fait encore un chassé-croisé… je découvre maintenant ton homélie et je souris 🙂

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