D’Isaïe à Cyprien

Classé dans : Avent, Bible, Homélies | 1
Imprimer

Photo libre de droits : Cyprien

Homélie pour le 3e dimanche de l’Avent B

Isaïe 61,1-2a.10-11 / Cantique Luc 1 / 1Thessaloniciens 5, 16-24 / Jean 1, 6-8.19-28

 

NOTA BENE : en raison du Coronavirus, en 2020 je n’ai pas enregistré mon homélie de ce 3e dimanche de l’Avent. Voici le texte de ma prédication sur ces mêmes textes il y a quelques années.

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Vous connaissez certainement ce proverbe qui dit : « Quand le sage désigne la Lune, l’imbécile regarde le doigt »…

C’est comme ça que fonctionnent le star system, nos magazines, nos télévisions, nos journaux. Une vedette est regardée, glorifiée, adulée. Alors qu’elle montre parfois le ciel, et qu’elle est au service de plus grand qu’elle. Mais oui, chers Amis, un chanteur qui chante une belle chanson, c’est un peu le sage qui montre le Ciel. Il nous dit quelque chose de la beauté, puisqu’il chante quelque chose de beau. Et s’il nous dit quelque chose de la beauté, il nous dit quelque chose de Dieu ! Il est au service de plus grand que lui. Mais c’est son visage et son nom qui sont en couverture de nos magazines, et pas sa chanson, c’est étrange !

Un peintre qui fait un magnifique tableau, même chose, il est au service de la beauté, pourtant c’est son nom qu’on va retenir, plus que son tableau.

Un animateur de télévision qui fait une remarquable émission, c’est à lui qu’on va demander des autographes, avec sa photo dessus… alors que c’est l’émission qui est belle !

Une vidéo est regardée sur Internet, on va s’attacher davantage au petit compteur qui se trouve en-dessous et on va s’extasier parce qu’elle a été vue des centaines de milliers de fois… mais c’est son message qui est important, pas le compteur.

Telle vidéo a du succès sur Internet parce qu’elle est connue, on le voyait l’autre soir au téléjournal, mais c’est idiot ! C’est son contenu qui compte, pas le fait qu’elle soit connue !

Nous sommes nombreux – moi aussi hein ! – à être les idiots qui regardent le doigt alors que le doigt montre le Ciel et qu’on ferait mieux de regarder le ciel.

Ces personnes tentent de nous montrer quelque chose du Ciel. Les artistes – certains artistes en tout cas, chers Amis – sont au service du beau, et le Beau avec un grand « B » c’est Dieu. Certains artistes sont donc au service de Dieu – parfois sans le savoir. Mais c’est leur nom qui est connu.

Coluche est beaucoup plus connu que ses restos du coeur – d’ailleurs chaque année on affiche une photo de Coluche, alors qu’on devrait afficher une photo des millions de visages qu’il a aidé à nourrir, c’est ça l’important, pas lui ! C’est ça qui était bon dans son action, pas lui. Même s’il avait des bons côtés aussi, bien sûr.

Le Bon, le Bien avec un grand « B » c’est l’Amour. Et l’Amour… c’est Dieu.

Nous regardons toujours le doigt en oubliant que toutes ces personnes nous annoncent Dieu, chacune à leur manière, nous dévoilent quelque chose de Dieu.

C’est exactement, chers Amis, ce que nous disaient les textes d’aujourd’hui.

Un homme est venu, dit l’Evangile – en parlant de Jean-Baptiste. Cet homme venait rendre témoignage à la lumière mais il n’était pas la lumière lui-même.

Le prophète Isaïe dans la première lecture : « L’esprit du Seigneur est sur moi » – il pourrait très bien se mettre en couverture des magazines pour cela, mais non. Isaïe dit quoi ? « L’Esprit du Seigneur est sur moi et il m’a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle ! » Il m’a envoyé montrer quelque chose de plus grand que moi.

Marie, dans le Magnificat que nous avons entendu en psaume : « Le Puissant fit pour moi des merveilles » – elle pourrait très bien se mettre en couverture des magazines, mais non ! Elle continue sa phrase en disant « Saint est son nom !« , il est plus grand que moi

Toutes ces personnes ont reçu l’Esprit, vous aussi à votre baptême ! Moi aussi ! Nous avons tous reçu une force venue de Dieu. Seulement plutôt que de s’en glorifier, toutes ces personnes mettent l’Esprit au service de quelque chose de plus grand qu’elles. elles nous montrent le Ciel.

Saint est son nom, dit Marie. Isaïe proclame la bonne nouvelle qui vient d’un autre. Jean-Baptiste annonce celui dont il n’est même pas digne de défaire les sandales, dit-il… c’est bien qu’il est plus grand que lui.

Ces gens sont des prophètes. Et les artistes, certains artistes sont des prophètes d’aujourd’hui. Par leurs chants, leurs tableaux, la beauté de leur message jusque sur Internet, parce qu’ils apportent un peu de rire, un peu de bien, un peu de bon, un peu de beau, ils nous montrent le ciel.

Et nous, dans nos magazines, bêtement, on glorifie leur visage et leur nom plutôt que de regarder ce qu’ils nous montrent.

Une de mes jeunes filleules – Maëva – m’a fait découvrir cet été un humoriste que les jeunes connaissent bien, Cyprien. Il fait rire des millions de jeunes actuellement – et de moins jeunes, je vois à certains sourires qu’il y en a de ma génération qui le connaissent aussi !

Cet homme est un prophète ! Sans le savoir ! C’est homme est un prophète ! Il apporte du rire chez nos jeunes, c’est à dire un peu de bon, un peu de beauté dans leur vie d’adolescent qui n’est pas toujours facile, loin de là.

En plus, comme les autres prophètes, il est humble. Il s’étonne d’être connu, il s’étonne de sa gloire. Il en rit dans certaines vidéos. Il dit que c’est pas ça l’important.

C’est un vrai prophète. Peu importe le nombre de fans qu’il a, ça le surprendrait plutôt. Ce qui l’intéresse c’est d’apporter du bien dans le monde. De faire rire, simplement.

Et Paul, dans la deuxième lecture, nous disait de ne pas mépriser les prophéties. Il nous faut bien les accueillir disait Paul. Ne pas les mépriser, discerner ce qui est bien, là-dedans. Il n’y a pas tout qui est bien sur internet, mais certaines choses, oui. Il faut discerner ce qui est bien, Paul le disait déjà il y a deux mille ans.

Alors chers Amis, avec Marie dont le coeur exulte aujourd’hui, avec Isaïe qui annonce la bonne nouvelle, avec Jean-Baptiste qui montre le Christ qui vient, avec Cyprien qui fait rire nos jeunes et nos moins jeunes, réjouissons-nous chers amis, soyons dans la joie aujourd’hui, et tournons nos yeux non pas vers nos vedettes, mais bien vers ce qu’elles nous montrent, vers le Beau, vers le Bon, vers le Bien, vers la Joie, vers le Ciel, vers la crèche, vers Dieu… simplement.

___________________________________________

Euseigne, 13 décembre 2014, 18.00

Les Haudères, 13 décembre 2014, 19.30

Hérémence, 14 décembre 2014, 9.00

Evolène (version enregistrée), 14 décembre 2014, 10.30

Imprimer

  1. Georges QUELLET

    Merci, cher Vincent, pour cette belle homélie, qui nous propose encore et toujours, plus que jamais, d’aller à contre-courant (seule façon de remonter à la Source).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.