Divorcés-remariés, Côte et Bible…

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Homélie pour le 27e dimanche TO, année B

Genèse 2,18-24 / Psaume 127 / Hébreux 2,9-11 / Marc 10,2-16

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Il y a quelques années, chers Amis, j’enseignais la religion dans une classe de 6e primaires.

Et ce jour-là, nous avions le texte de la Genèse, que nous venons d’entendre, de ré-entendre ce soir, le texte qui parle de la Création de l’Homme et de la Femme. Et dans ma classe j’avais l’inspectrice qui était là, ce jour-là.

On marche droit, j’aime mieux vous dire, quand l’inspectrice est là, hein !

Et à la fin de ma lecture du texte, cette femme un petit peu féministe jusqu’au bout de ses faux ongles me regarde et me dit :

« Ah ! Voilà bien l’Eglise ! Vous voyez comme c’est réducteur ! Nous, les femmes, nous sommes tirées d’une CÔTE ! Et puis nous avons été créées en deuxième, évidemment, APRES vous ! »

J’étais un peu navré et je lui ai conseillé, lorsqu’elle aurait un moment, de LIRE sa Bible.

Pas de la survoler, ou d’en lire ce que l’on croit en avoir entendu. De la lire vraiment. S’il y a des petites notes au bas des pages, c’est fait pour être lu, à priori, pour apprendre, un petit peu, des choses sur le texte.

Ça lui aurait permis de remarquer que, non, Mesdames, vous n’avez pas été créées d’une côte.

Quelle que soit, d’ailleurs, la valeur historique que l’on accorde à ce texte, légendaire, mythique ou autre.

Ce qui est intéressant, dans la version originale de ce texte en hébreu, c’est que le mot qui correspond à la côte qu’on a maladroitement traduit, ce mot est difficilement traduisible et représente un trésor. Quelque chose d’inestimable.

Dieu nous a donc pris à nous les hommes un trésor, quelque chose d’inestimable, peut-être ce que nous avions de plus précieux. Au passage, Messieurs, du coup, nous ne l’avons plus…

Et c’est de cela qu’il a créé la Femme qui est donc trésor inestimable à nos yeux.

Vue comme ça, la « misogynie » de l’Eglise en prend un sacré coup !

Mais il y a mieux ! La Femme n’a pas du tout été créée en deuxième, comme le disait avec virulence ma brave inspectrice !

Si vous lisez correctement le texte, vous vous apercevez que Dieu crée l’HUMAIN, d’abord. Il ne crée pas l’Homme, il crée l’Humain. Le glaiseux en hébreu. C’est pas très glorieux, on a été tirés de la glaise, de la terre.

Adam, c’est « Adama » en hébreu, c’est le glaiseux, le terreux. Ça veut pas du tout dire « masculin », ou « l’Homme », pas du tout. C’est l’humain, créature de la terre. Humus, ça vient de là.

Et ce n’est qu’après avoir pris le trésor, avoir façonné la Femme – qui apparaît en premier, je vous le signale – que lorsque le glaiseux se réveille, il voit la Femme et il dit :

« C’est la Femme, et donc moi je suis l’Homme. »

La première fois que le mot « Homme » apparaît dans la Bible, c’est après vous, Mesdames. Ce n’est qu’en vous regardant et en étant en relation avec vous, que nous nous reconnaissons pleinement Homme.

C’est légèrement autre chose que la lecture qu’on fait habituellement de ce texte.

J’ai expliqué tout ça, bien entendu en dehors du cours, à ma brave inspectrice. Et elle balbutiait, elle me disait :

« Ah mais, ah… oui.. ah… ah… ah mais alors… ça change tout ! »

Oui, ça change tout. Quand on LIT la Bible plutôt que de la survoler ou de l’interpréter comme les médias le font ou comme on l’a trop longtemps fait, ben ça change tout. Il faut la lire.

C’est exactement ce que vont faire les Pères – dont notre évêque Jean-Marie Lovey qui est le délégué des évêques suisses – au Synode, vous le savez.

Et ils auront à travailler notamment un sujet qui se trouvait dans l’Evangile de ce soir, la question des divorcés-remariés. Et là aussi il est intéressant de LIRE la Bible, pas de la survoler.

Vous avez entendu l’Evangile de tout à l’heure. Mais l’avez-vous bien écouté ? Qu’est-ce que dit Jésus de ces personnes que nous condamnons un peu trop facilement dans notre Eglise ? Que dit-il exactement ?

Je reprends ses mots:

« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »

Mais Jésus ne dit rien de la personne qui est restée seule… Jésus ne dit rien de l’autre membre du couple, de la victime. De celui ou de celle qui s’est fait larguer par son conjoint. Jésus ne condamne pas cette personne.

Il faudrait un jour LIRE la Bible correctement. Pour se souvenir que, non, ce n’est pas TOUS les divorcés-remariés qui sont mis de côté par la Bible, loin de là !

Jésus ne condamne pas celui qui n’y est pour rien. Jésus ne condamne pas celui qui est la victime. Jésus se contente de critiquer celui ou celle qui a renvoyé l’autre. C’est TRES différent !

J’espère que les Pères du Synode s’en souviendront et reliront cette histoire, ce passage, à la lumière de ce que dit vraiment la Bible, de ce que dit vraiment Jésus. Pas de ce que nous voulons trop facilement en comprendre.

Alors chers Amis si vous avez une Bible chez vous, eh bien à l’occasion lisez-la, VRAIMENT.

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Vex, 3 octobre 2015, 18.30 (version enregistrée)

Hérémence, 4 octobre 2015, 9.00