Ecouter Dieu dans notre Corps

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Photomontage : écouter le ciel (d’après deux photos libres de droits chez Pixabay)

Homélie pour le 2e dimanche TO, année B

1Samuel 3,3-19 / Psaume 39 / 1Corinthiens 6,13-20 / Jean 1,35-42

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Vous avez certainement déjà entendu prononcer cette phrase, au sujet de tel ou tel de mes confrères, ou au sujet de tel ou tel jeune qui souhaite devenir prêtres : « Ah, lui, il a la vocation… »

… lui, il a la vocation…

Un temps, quand j’étais petit enfant, je me demandais qui pouvait bien être cet avocat, à Sion, si célèbre… L’avocat-Sion…

Ne rigolons pas trop vite à ce calembour pitoyable, car réduire la vocation à un avocat sédunois est tout aussi absurde que de réduire le fait d’avoir LA vocation au fait de vouloir devenir prêtre !

Tout le monde a une vocation, vous le savez bien. Tout le monde est appelé à quelque chose, est appelé à devenir quelqu’un, à jouer le rôle que Dieu a voulu pour chacune, chacun.

Vous avez tous au moins une vocation. Et souvent même plusieurs. Mais en tout cas une. Alors que vous n’avez pas tous un métier.

Et donc réduire cela à la seule vocation de prêtre, ce serait bien absurde. Car mère de famille, par exemple, c’est une vocation. Magnifique. Epouse, c’est une vocation.

Et toutes les épouses n’ont pas toutes vocation à être mère de famille, ce sont deux vocations différentes. Et on peut avoir les deux. Je n’ai encore pourtant jamais entendu des adultes dire d’une jeune mariée : « Ah, elle, elle a la vocation. »

Alors qu’on devrait.

Et on peut mettre tout cela au masculin, Messieurs, bien évidemment. Père de famille, c’est une vocation. Epoux également. Grand-Père, c’est une autre vocation, les grands papas parmi vous le savent bien. Il s’agit d’une nouvelle forme d’appel quand on est grands-parents.

Et je pense aussi aux célibataires qui n’ont pas forcément choisi cet état de vie, contrairement aux religieuses ou aux prêtres.

Il y a des célibataires qui n’ont pas choisi de demeurer célibataires, et c’est pourtant aussi, je le crois, une vocation.

Je crois qu’il y a des gens qui ne sont pas faits pour être mariés, encore moins pour être parents, et qui sont appelés à vivre en célibataires pour être encore plus donnés au monde, à travers une vie qu’il ne serait pas forcément facile de conjuguer avec une vie de famille. Je pense à certains infirmiers de nuit, par exemple… certains médecins aussi, et tant d’autres, tellement précieux par les temps qui courent.

Nous avons tous une vocation, nous avons tous un rôle que Dieu souhaite pour nous.

Si je vous parle de vocation, c’est parce que les textes que nous avons entendus ce soir évoquent tous cet aspect qui nous est commun, la vocation. L’appel à être celui ou celle que Dieu désire que nous soyons.

Et c’est Dieu qui nous appelle, dans toutes nos vocations, nous y croyons.

Dans l’Evangile, Jésus appelle ses disciples. Plus exactement, dans cette version que nous donne l’Evangéliste Jean, il répond à leur curiosité. « Vous voulez savoir ce que je fais, où je demeure, qui je suis ? Eh bien venez et vous verrez… » dit-il.

Premier stage en entreprise de l’histoire des Chrétiens ! Venez et vous verrez… Travaillez un peu avec moi, suivez-moi et vous verrez bien si vous êtes faits pour cela.

Une autre vocation nous était racontée dans la première lecture, la vocation du petit Samuel, une des plus célèbres vocations de la Bible. Elle démarre sur un malentendu… comme souvent dans les histoires de vocations.

Elle démarre sur un malentendu : Dieu parle au petit Samuel, et l’enfant croit que c’est le prêtre qui l’appelle, le prêtre Eli.

Cela dit quelque chose de plusieurs de nos histoires vocationnelles, Chers Amis. Parfois on croit dur comme fer avoir été appelé à tel endroit, à telle fonction, à telle vie…

On tombe raide dingue amoureuse d’un homme et on est certaine, absolument certaine, que c’est lui qui sera le père de nos enfants. Et puis non.

On va dans un endroit parce qu’on est certain d’avoir été appelé à une fonction particulière dans cet endroit-là… et puis non.

Samuel est CERTAIN que c’est le prêtre Eli qui l’a appelé. Et non.

Et il faut un peu de temps pour se rendre compte qu’on s’est trompé. Que ce n’était peut-être pas cet homme qui allait être le père de nos enfants, ou cette femme-là la mère de nos enfants. Que ce n’était peut-être pas ce lieu-là qui nous appelait, ou qu’au contraire c’était bien celui-là, mais dans une autre fonction. Que ce n’était peut-être pas le mariage, notre vocation… ou au contraire que ce n’était peut-être pas le célibat, notre vocation.

Il a fallu trois essais à Dieu pour faire comprendre au petit Samuel que c’était bien lui, Dieu, qui l’appelait, et non pas le prêtre Eli.

Et Dieu a de la réserve, il s’y reprend, à plusieurs reprises s’il faut, avec nous. Il a de la patience.

Et pour ce qui est des disciples, il faudra plusieurs malentendus pour que ces messieurs comprennent qui est réellement cet homme qu’ils ont choisi de suivre.

Dans l’Evangile de Jean que nous venons de réentendre, André comprend tout de suite que Jésus est le Messie, le Christ. Et il le dit à son frère Simon.

Mais ces deux-là se trompent complètement sur la marchandise ! Non pas que Jésus ne soit pas le Messie : il l’est ! Mais ces deux-là attendent un messie à la sauce Israël : un superman, un magicien-roi.

Et ils vont tomber de haut quand ils comprendront que ce roi-là a une couronne d’épines. Que son palais est une étable, que son carrosse est un petit âne… et que son trône est une croix sur laquelle il va devoir mourir comme un esclave.

Ils n’avaient pas du tout compris cela. Eux aussi, il leur faudra un peu de temps pour comprendre ce qu’il y avait réellement derrière l’appel de Jésus, « Venez et vous verrez »…

Quant à Paul, dans notre deuxième lecture, il nous rappelle un élément essentiel : tout cela passe par le corps.

Jésus s’est incarné, il s’est fait l’un de nous avec un corps humain, un corps semblable au nôtre.

Et si Dieu a voulu un corps pour son Fils, c’est peut-être bien pour nous faire comprendre quelque chose sur nos propres corps à travers nos vocations.

St Paul nous rappelle qu’il faut respecter notre corps, que chacun de nos corps est le temple de l’Esprit-Saint.

Il nous met en garde contre la débauche. C’est à dire qu’il nous invite à respecter notre propre corps comme la demeure de Dieu, mais aussi à respecter le corps de l’autre. A envisager l’autre plutôt que de le dévisager.

Notre vocation, quelle qu’elle soit, passe donc par ce corps que nous avons, où habite Dieu.

Pierre, André et les autres, découvrent que le Messie lui-même a un corps. Un corps qui est Dieu, et dont ils verront de leurs propres yeux qu’il ne sera pas respecté par les êtres humains.

Il entendent leur vocation par leurs propres oreilles, par leur corps. Et ils voient Jésus de leurs yeux. De leur corps. C’est incarné, tout cela.

Samuel, l’enfant, découvre que sa vocation n’a pas la voix ni le corps du prêtre d’Eli. Mais qu’elle vient de Dieu, elle aussi. Seulement cela passe par ses petites oreilles. Il entend la voix de Dieu. Ça passe par ses oreilles, c’est incarné.

Et si notre vocation à nous, chers Amis, était inscrite quelque part dans notre corps ? Et si nous nous décidions à écouter un peu plus ce que nous disent nos corps, ce que nous crient parfois nos corps, de nuits d’insomnies en repas mal digérés, de blocages dorsaux en migraines incomprises ? Ils nous disent des choses, nos corps.

Et peut-être bien que c’est Dieu qui essaie tant bien que mal de nous parler à travers cela.

Si nous arrêtions de soumettre nos corps à des excès de toutes sortes, en nous rappelant qu’ils sont le temple de Dieu ? Le temple dans lequel il essaie de vivre et de nous parler, tant bien que mal…

Laissons reposer plus souvent notre corps, chers Amis, en l’exposant au silence, à la méditation…  Prenons conscience de notre respiration, de nos membres, chacun de nos membres…

Faisons-le dans le silence qui va suivre dans quelques secondes… et profitons-en pour redire à Dieu, du fond de notre corps : « Parle, Seigneur. Ton serviteur écoute… ».

Essayez. Il vous faudra peut-être écouter trois fois la réponse, comme le jeune Samuel. Mais je vous assure qu’elle viendra. Elle passera tôt ou tard par votre corps, de manière bien incarnée. Comme les yeux des disciples ou les oreilles du petit Samuel.

Parle, Seigneur, tes serviteurs t’écoutent.

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Bex, samedi 16 janvier 2021

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  1. Pascale

    Oh oui et puis vient le stage en entreprise et puis un jour tout est pardonné…

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