Eloge de la patience

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Homélie pour le 16e dimanche TO, année A

Sagesse 12,13.16-19-11  /  Psaume 85(86)  /  Romains 8,26-27 / Matthieu 13,24-43

** Première Communion de Lara, Zoé et Fabio **

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

On ne se connaît pas encore très bien, même si ça fait une année que je suis là, il y a eu le Coronavirus entre deux, tout ça… on n’a pas eu l’occasion encore de bien se connaître vous et moi.

Mais ceux, parmi vous, qui me connaissent – les catéchistes notamment, Lynda, Sylvie – ceux qui parmi vous me connaissent savent que j’ai beaucoup de défauts.

[aux premiers communiants] Vous avez beaucoup de défauts, Zoé, Lara, Fabio ? Oh, on en a, hein… Comme tout le monde ! Je ne connais personne qui n’a pas de défaut, moi. Si Dieu, mais c’est le seul.

Moi, j’ai pas mal de défauts et le moindre d’entre eux n’est certainement pas l’impatience.

Je manque souvent de cette belle qualité qu’est la patience. C’est embêtant. Parce que d’abord le mot « patience » vient d’un mot latin qui veut dire « souffrir ».

L’impatience, c’est ne pas vouloir souffrir. Alors ça, c’est plutôt pas mal : personne n’a envie de souffrir. Mais l’impatience c’est ne pas vouloir souffrir d’attendre.

Or attendre, c’est une bonne souffrance.

J’espère que vous aurez des cadeaux à Noël, tous les trois… mais Noël c’est loin, c’est loin, c’est loin ! Il va falloir attendre jusque-là ! A moins qu’on ait son anniversaire entre deux bien sûr. Mais même ! Pour Noël, il va falloir attendre. Et puis si, comme moi, vous avez votre anniversaire qui est déjà derrière, eh bien il va falloir attendre jusqu’à Noël ! C’est long !

Mais c’est beau d’attendre, parce qu’on se réjouit d’autant plus.

Quand il nous arrive un cadeau imprévu, ça fait plaisir, bien sûr. Mais on n’a pas eu le temps de se réjouir. On n’a pas eu le temps, comme le dit le Renard au Petit Prince, de s’habiller le cœur.

C’est ça, se réjouir. C’est s’habiller le cœur. Comme vous, vous vous êtes habillés le cœur – et pas seulement le cœur, j’ai vu vos beaux habits – vous vous êtes habillé le cœur pour venir aujourd’hui. Vous vous êtes réjoui de cette fête. Et certainement que vous avez été, vous aussi, un peu impatients d’arriver à ce dimanche matin, d’autant plus qu’on l’a attendue, cette fête ! Puisqu’elle était prévue bien plus tôt.

Pourquoi est-ce que je vous parle de patience et d’impatience ? Parce que les textes qu’on a lus dans notre album de famille qu’est la Bible, les textes qu’on a lus ce matin nous parlent de cela, chacun à sa manière. Ils essaient de nous apprendre la patience.

Et de la patience, pour lire la Bible, il en faut hein ! Il y a deux mille pages… il faut un petit peu de patience pour arriver au bout, je peux vous dire !

D’abord, dans la deuxième lecture, on nous disait que l’Esprit travaille au plus profond de nous. C’est Paul qui nous disait cela dans sa lettre aux Romains. « L’Esprit travaille au plus profond de nous ».

Et il travaille en vous trois comme il travaille dans chacune des personnes qui sont là.

L’Esprit, cette force gigantesque que nous avons reçu à notre baptême, il travaille au fond de nous.

Vous avez déjà vu, dans les maisons, ces interrupteurs qui sont allumés en orange. Tant que la lumière n’est pas allumée, il y a une petite lumière orange qui brille dans l’interrupteur. Vous avez déjà vu ça ?

Eh bien c’est la même chose. L’Esprit en nous c’est comme cette petite lumière orange.

Il travaille ! S’il y a la petite lumière dans l’interrupteur ça veut dire qu’il y a du courant électrique, vous êtes d’accord ! Mais est-ce que la grande lumière est allumée pour autant ? Non ! Il faut peser dessus pour que la vraie lumière s’allume !

Eh bien c’est pareil avec l’Esprit. Il est en nous comme une petite lumière orange et quand on pèse dessus… tout s’allume.

Et comment est-ce qu’on appuie sur cet interrupteur ? Eh bien par les sacrements. La Confirmation que vous ferez plus tard, la Communion que vous venez prendre aujourd’hui, et tous les autres aussi. Le Pardon que vous avez reçu ce matin encore, tous les trois.

C’est comme ça qu’on rallume la lumière. L’Esprit Saint travaille au plus profond de nous. Et donc il faut être patient.

Il faut être patient parce que la lumière, c’est une minuterie quand il y a une petite lumière orange. Elle s’allume un moment puis après… elle s’éteint. Il faut avoir la patience de ré-appuyer, de revenir ici pour reprendre le repas du Seigneur.

De revivre le pardon régulièrement comme vous l’avez fait. Il faut cette patience-là.

Et puis la toute première lecture qui nous a été lue, tirée du livre de la Sagesse, allait aussi dans le même sens. Elle rappelait, elle, la patience de Dieu.

Est-ce que vous croyez que Dieu est patient ?…

Ah oui alors ! Beaucoup plus que moi ! Beaucoup plus que la totalité d’entre nous. Il est d’une patience infinie, Dieu !

Il est d’une patience exemplaire, admirable. A chacune de nos fautes, il nous attend pour nous prendre dans ses bras et pour nous dire : « Mais non, je ne t’en veux pas ! Reviens vers moi ! »

Il est infiniment patient.

Et puis le psaume que j’ai chanté allait aussi dans ce sens, en nous rappelant que Dieu, vous l’avez peut-être entendu, est lent à se mettre en colère…

Et puis alors, il y avait l’Evangile. C’est ce que Jésus veut aussi nous enseigner, la patience, avec cette histoire de bon grain et d’ivraie. Vous avez entendu peut-être ce détail auquel on ne fait pas très attention : c’est la nuit que l’ennemi est venu semer de la mauvaise herbe.

Il a fait ça de nuit.

Il fait la même chose dans notre cœur… non pas qu’il faille faire attention à ce qui se passe pendant la nuit, non. Mais il fait ça quand il n’y a pas de lumière, quand on a oublié d’appuyer sur l’interrupteur. Quand il y a trop longtemps du sombre, eh bien il vient semer de la mauvaise herbe. C’est le même principe.

Et la patience, Jésus essayait de nous l’enseigner à travers – vous l’avez entendu aussi – cette idée de ne pas vouloir enlever la mauvaise herbe tout de suite.

Vous avez fait quelques bêtises pendant toute cette année, bien sûr. Je ne vais pas trahir ce que vous avez confié à Dieu tout à l’heure ! Je n’ai pas le droit, ça reste entre Dieu et vous.

Mais est-ce que vous êtes – tout de suite, à chaque bêtise – tout de suite venus ici à l’église pour demander pardon ? Non.

Et c’est exactement ce que Jésus nous enseigne, il faut prendre le temps. La mauvaise herbe, elle a le droit de pousser aussi. Il faut attendre la moisson pour pouvoir l’enlever.

Parce qu’on la voit mieux au milieu des grands épis. On la voit mieux quand on a laissé passer quelques jours.

Souvent, quand on vient de faire une bêtise, on ne se rend pas compte que c’était faux. Mais plus tard, avec un peu de recul, on s’aperçoit qu’on aurait pu faire différemment.

C’est exactement ce que Jésus essaie de nous enseigner avec la mauvaise herbe : il ne faut pas l’arracher tout de suite parce qu’alors vous risquez d’arracher la bonne aussi, en même temps, quand elles sont toutes les deux toutes petites.

Mais si on laisse l’épi grandir… la mauvaise herbe, on la voit beaucoup mieux. Et avec un peu de recul sur nos erreurs, eh bien on peut les arracher plus facilement.

Alors vous voyez, Chers Amis, quand je m’impatiente en me disant que, tout de même, à 45 ans, il serait temps que j’apprenne la patience… ça commence à devenir le moment… eh bien je me souviens aussi de ces textes qu’on a entendus aujourd’hui et puis de l’histoire de l’ivraie et du bon grain…

Et je me dis que mon impatience que je n’aime pas du tout, il ne faut pas forcément que je l’arrache tout de suite… Elle peut peut-être attendre encore un peu.

Dieu, lui, est un bon moissonneur. Il sait très bien quand il décidera de me l’enlever. Ce n’est pas à moi d’essayer d’y travailler.

Moi, je dois juste être patient pour laisser grandir l’épi de blé qu’il a semé, aussi, dans mon cœur.

Exactement comme il va le semer tout à l’heure, à travers le morceau de pain, le Corps du Christ, que vous recevrez. C’est un bel épi qui ne demande qu’à grandir dans votre cœur !

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Aigle, dimanche 19 juillet 2020, 10.00

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