Essayons de « devenir prière »…

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Homélie pour le 29e dimanche TO, année C

Exode 17, 8-13  /  Psaume 20  /  2Timothée 3,14-4,2/ Luc 18, 1-8

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Parlons de la prière, puisque Moïse nous y invitait, dans la première lecture, puisque le psaume nous y invitait, et puisque Jésus en personne nous y invitait, dans l’Evangile.

Parlons de la prière…

La prière, vous savez, ce n’est pas très compliqué, finalement. Il n’y a pas besoin d’apprendre des textes par cœur. La prière, c’est simplement laisser monter vers Dieu ce que l’on a dans notre cœur. C’est ça, la prière.

Et voyez, quand je faisais un stage d’aumônier jadis, à l’hôpital de Fribourg, une sœur très âgée, alitée me confiait sa tristesse parce qu’elle n’arrivait plus à prier le bréviaire. Vous savez, la liturgie des heures. Et pourquoi n’arrivait-elle plus à le prier ? Parce qu’elle n’avait plus la force de le tenir dans ses mains. Et elle m’a demandé toute tremblante si le chapelet pouvait remplacer le bréviaire.

Est-ce qu’un chapelet, ça vaut plus… ou moins… ou pareil qu’un bréviaire ?

Est-ce qu’un de ces lumignons qui brûlent là-bas derrière vous, ça vaut plus qu’un chapelet, ou moins ? Ou c’est pareil ? Qu’est-ce qui vaut plus ?

Ah… quelqu’un dira : « Le chapelet, bien sûr ! Le rosaire entier, rendez-vous compte ! 150 ‘Je vous salue Marie’, une heure de prière continue, formidable ! Formidable, surtout au mois d’octobre ! »

« Oui mais, dira quelqu’un d’autre, le lumignon là-bas, il prolonge notre prière ! Ça dure bien plus qu’une heure, un lumignon, ça dure presque toute une journée ! Donc, ça vaut plus, puisque ça prie plus longtemps ! Et puis, en plus, ça prie même si on n’est pas là ! Ça prie tout seul, automatiquement à notre place toute la journée ! C’est génial ! »

« Oui, mais le bréviaire, dira un troisième, c’est la prière de tous les jours, sept fois par jour, toute l’année ! Votre chapelet dure une heure, votre lumignon quelques heures, mais le bréviaire toute la vie, si on sait l’utiliser ! »  Bon, il faut l’ouvrir évidemment, ça commence par-là !

Mais remarquez que le chapelet aussi : il faut le sortir de la poche, sinon ça ne sert pas à grand-chose ! Et le lumignon, eh bien il faut l’allumer. Il y a toujours une action de notre part.

La prière, ceci-dit, ça ne se résume pas à ça, ce n’est pas une suite d’actions à faire. La prière, ce n’est pas n’est pas un marathon chers Amis ! Il ne s’agit pas de savoir combien de temps il faut prier pour avoir le plus de chances possibles d’être exaucé ! Cela n’a absolument rien à voir avec du sport, avec une performance, la prière.

Dieu n’est pas un épicier, on ne marchande pas avec lui à coup de « Je vous salue Marie ». Ce n’est pas ça, la prière.

La prière, c’est d’abord un état d’esprit.

« Je vais vite faire une petite prière et je reviens… » Il y a trois contradictions dans cette phrase ! Et pourtant, on la dit : « Je vais vite faire une petite prière et je reviens… » Trois contradictions dans cette phrase !

« Vite », d’abord…

« Petite prière », ensuite. Aucune prière n’est petite ! « Merci » c’est déjà une prière et c’est une grande prière !

Mais quelle est la troisième contradiction, alors ?

« Je vais vite faire une petite prière et je reviens… »

Eh bien c’est le verbe FAIRE ! Ah c’est moins évident à comprendre, je reconnais !

Ce verbe « faire », il est sans arrêt accolé au mot « prière », vous avez remarqué ?

« As-tu fait ta prière ? Monsieur le vicaire, est-ce que vous pouvez faire une prière pour bénir la table ? Faites donc une prière pour moi… Vous ferez dix ‘je vous salue Marie’… » disait-on jadis, dans les confessionnaux. « Ah, c’est très bien, vous avez fait 45234 ‘je vous salue Marie dans votre vie’, ça vous fera… voyons, tant de jours de purgatoire en moins. »

Sortons de cette épicerie du Bon Dieu, chers Amis ! Ça n’a rien à voir avec cela !

On n’achète pas son ciel par des kilomètres de chapelet, non ! Et on ne FAIT pas une prière.

Il s’agit d’ÊTRE en prière, bien avant de FAIRE une prière.

C’est ce que dit un de mes confrères prêtre, il dit « je vais être en prière et je reviens. » J’aime bien cette idée. La prière, c’est d’abord un état d’esprit.

Les enfants comprennent souvent bien mieux que nous les contradictions de nos vies d’adultes.

Et une petite fille de 5 ans m’a dit :

–      Il faut d’abord se calmer pour que Jésus vienne dans notre cœur. Ensuite on peut lui demander tout ce qu’on veut, alors de toutes façons, comme il est déjà là, il a déjà lu dans notre cœur ce qu’on voulait lui demander. Mais pour qu’il soit là il faut lui faire une place. Faut rien faire d’autre !

5 ans…

Et puis la prière, la prière ça peut être aussi un cri. D’ailleurs, en hébreu, c’est le même verbe, figurez-vous : « crier » et « prier ».

En français, il n’y a qu’une seule lettre de différence, en même temps ! Mais en hébreu c’est le même verbe ! « Crier » et « prier »…

Alors vous me direz : « A quoi ça sert de savoir ça ? » Eh bien, l’hébreu c’était la langue de Jésus, déjà, c’est peut-être pas mal de savoir une ou deux choses dans cette langue-là, pour mieux comprendre comment lui pensait.

Mais peut-être aussi que ce n’est pas si inintéressant que cela de savoir que prier ça peut être aussi crier.

Les psaumes sont des cris qu’on lance vers Dieu, parfois. Et ils sont aussi des prières. Crier sa douleur, ça peut être aussi prier.

Vous voyez, Chers Amis, ce qui compte ce n’est pas tellement de faire une prière.

Ce qui compte, c’est notre état d’esprit quand on prie.

Est-ce qu’on est pleinement présent dans un cri ou dans une prière douce, tendre, dans un « merci », dans un « pardon », dans un « s’il te plaît », est-ce qu’on est vraiment avec Dieu ou pas ?

Paul nous encourageait, dans la deuxième lecture, à user de la sagesse contenue dans la Parole de Dieu pour prier.

Et sachons même – je terminerai ainsi – sachons même « devenir prière », chers Amis, selon la belle expression d’une jeune dans un camp- montagne, jadis, qui m’a dit : « Tu sais, Vincent, moi, parfois, je suis tellement avec Dieu que j’ai l’impression de devenir prière. »

…Je suis tellement avec Dieu que j’ai l’impression de devenir prière…

Essayons, à l’occasion, dans notre journée.

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Aigle, dimanche 20 octobre 2019, 10.00 (version enregistrée)

Praz-Jean, dimanche 20 octobre 2019, 15.00

Euseigne, dimanche 20 octobre 2019, 18.30

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2 Responses

  1. Pralong

    Que je me suis retrouvée dans ton homélie Vincent. Depuis fort longtemps je ne prie plus de chapelet, sauf exeption , ( pèlerinage où groupe) je préfère prier n’importe où, en promenade dans la nature où je me sens près de Dieu. Et je parle à Dieu en Lui disant tout ce qui va bien comme tout ce qui va mal! Voilà pour moi comment je prie, parfois les Laudes, tous les matins un «  texte » de la bible que j’essaye d’analyser , de comprendre . Ainsi ce matin, en regardant l’aube se lever, j’ai prier Dieu en Lui disant merci pour cette belle nature qui m’entourait, avec les vignes jaunissantes c’était merveilleux. Voilà comment je comprends la prière.

  2. Godard

    Ce qui m’aide c’est de considérer la prière comme l’idée de me mettre en présence de Dieu de me tenir en sa présence
    Avec l’idée qu’il est présent dans notre cœur
    On ne peut pas se tenir devant la cheminée sans être réchauffé
    Les livres de Jacques Philippe sur l’oraison m’ont beaucoup aidé

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