Et maintenant on va où ?

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Film de Nadine Labaki (sortie 14 septembre 2011)

Avec Nadine Labaki, Claude Baz Moussawbaa, Layla Hakim…

Mention spéciale du Jury oecuménique de Cannes 2011

 

Sur le chemin qui mène au cimetière du village, une procession de femmes en noir affronte la chaleur du soleil, serrant contre elles les photos de leurs époux, leurs pères ou leurs fils. Certaines portent le voile, d’autres une croix, mais toutes partagent le même deuil, conséquence d’une guerre funeste et inutile. Arrivé à l’entrée du cimetière, le cortège se sépare en deux : l’un musulman, l’autre chrétien.

Et maintenant on va où ? est un film coup de poing, une de ces oeuvres dont on ressort meilleur. Un village vit en paix entre musulmans et chrétiens, mais tout le monde se déchire autour d’eux. Et à chaque fois que les violences qui se produisent quelques kilomètres plus loin touchent un habitant du village, c’est le drame. Les hommes s’invectivent, les religions s’exacerbent. Le prêtre et l’imam tentent de s’entendre et de calmer le jeu, mais rien n’est simple.

Seulement il y a les femmes.

Elles vont peu à peu trouver des solutions pour désamorcer leurs maris. Un thème très sensible car le village est entouré de mines, et si au début ce sont d’elles qu’on a le plus peur, peu à peu on se rend compte que les mines les plus dangereuses sont dans le coeur des hommes du village.

Le film joue sans cesse sur la rupture entre comique et tragique. Les scènes où l’on rit aux éclats laissent brutalement la place à des scènes où l’on a la gorge nouée et l’oeil humide, et puis ça repart en comédie… C’est assez déroutant et cela participe de l’étrange rythme de ce film.

L’oeil chrétien est sans cesse sollicité dans ce long métrage. Comment pardonner à l’autre ? Comment éviter le conflit en tendant une main ? Comment répondre à la haine par l’amour – des deux côtés ? Je retiens l’incroyable scène où une mère qui vient de perdre son fils vient hurler dans l’église, face à la statue de la vierge Marie, et lui demander des comptes. Prodigieux de force et de puissance !

A l’arrière de l’écran, un petit miracle de cinéma : un film fait quasi exclusivement d’amateurs rencontrés dans trois villages libanais, pays d’où vient la réalisatrice, seule professionnelle de l’équipe. Nadine Labaki est une mère avant tout. Et c’est lors d’une flambée de violence à Beyrouth, en 2008, alors qu’elle était enceinte, qu’elle a eu l’idée de ce film. Elle qui est née en 1974 dans un Liban enflammé par la guerre de religion, elle ressent jusque dans sa chair ce conflit qu’elle abhorre. Et c’est un regard de mère qu’elle porte sur ces événements. Le film est d’ailleurs dédié « à nos mères » et ce n’est pas pour rien.

A voir et à revoir, à méditer pour désamorcer les conflits entre religions.

 

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