ETRE en prière… et non pas la FAIRE.

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Homélie pour le 2e dimanche Carême, C

Genèse 15,5-12.17-18 / Psaume 26 / Philippiens 3,17 – 4,1 / Luc 9, 28b-36

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

Il y a des milliers d’images qui ont été réalisées au fil des siècles pour illustrer l’Evangile que nous venons de réentendre – et nous en avons d’ailleurs une nouvelle en face de nous, encore une nouvelle image de cette « Transfiguration ». Il y a des tableaux qui ont été faits, il y a des icônes, des vitraux, des dessins, même des films de cinéma.

 

Je crois, pour ma part, que comme très souvent dans la Bible, en tentant de plaquer une image on risque de passer à côté de l’essentiel, de ce que nous dit ce texte.

 

Que vient donc faire Jésus sur cette montagne… est-ce qu’un enfant peut me répondre ? Qu’est-ce qu’il est venu faire, sur la montagne, Jésus ? …oui ? Il est venu prier – et d’abord, tu as raison, avec Pierre, Jacques et Jean ou Jean et Jacques, ça dépend des versions… en tout cas ils étaient les trois là.

 

Il est venu prier…

Et vous savez, lorsque la Bible répète deux fois quelque chose à une phrase d’intervalle, en général, c’est un clignotant orange qui doit s’allumer dans notre tête en nous disant : « Attention ! Ce qui va suivre est peut-être quand même important… »

 

Le plus connu, c’est le « Amen, amen, je vous le dis… » On l’entend souvent…

 

Et il se trouve qu’effectivement la « prière » était répétée deux fois de suite dans les deux premières phrases.

 

Je vous les relis :

« il gravit la montagne pour PRIER. [phrase suivante] Pendant qu’il PRIAIT… »

 

Et qu’est-ce qui suit immédiatement ?… Ah, c’est dur, hein, la mémoire…

 

« Pendant qu’il priait, son visage devint tout autre… »

 

Est-ce que ce ne serait pas ÇA, le point sur lequel l’Evangile essaie d’attirer notre attention ?

Est-ce que vous avez déjà eu l’occasion d’observer le visage de quelqu’un qui prie de façon très profonde ? (Mes sœurs, on n’a rien à vous apprendre dans ce domaine !) Ce visage est tout autre. Si vous regardez quelqu’un qui prie profondément, son visage est tellement différent qu’il peut arriver de ne pas reconnaître immédiatement cette personne. Même si vous la connaissez bien. Son visage prendra un aspect étonnant, presque comme illuminé de l’intérieur.

 

Oui… j’ai peut-être oublié de vous préciser que je parle ici d’un ETAT DE PRIERE… ETRE en prière, c’est autre chose que FAIRE une prière.

 

Faire une prière, on connaît bien. On en parlait ce matin avec les adultes… Faire une prière, des fois, ça se résume à une petite poésie qu’on a appris par cœur dans notre enfance et qu’on récite…

 

Vous connaissez ça, hein : « Je-vous-salue-Marie-pleine-de-grâce, le-Seigneur-est-avec-vous… » 50 fois comme ça, ça s’appelle un chapelet…

 

On peut le prier. On peut aussi le DEBITER. Et ça m’arrive, comme à bien du monde je pense.

 

Ça m’arrive de réciter une prière, et à l’intérieur de me dire : « Est-ce que j’ai éteint la plaque à la maison avant de partir ? » …et puis… : « Ah oui, j’ai ce rendez-vous tout à l’heure… » …et puis je suis toujours en train de réciter le « Notre Père », mais est-ce que je le prie vraiment ? Pas sûr… Pas sûr.

 

Alors je ne vous parle pas de FAIRE une prière, mais je vous parle d’un ETAT de prière. ETRE en prière, c’est tout différent.

 

Etre en prière, c’est ce que Jésus nous montre sur cette montagne. Et il a pris avec lui des témoins, pour leur montrer ce que c’est que ETRE EN PRIERE.

 

Alors vous vous dites : « Oui, mais bon, c’est Jésus, hein ! Il est très fort… Nous on n’est pas à la hauteur ! Nous, ça nous arrive de débiter, de radoter, de rabâcher la prière… Nous, ça nous est pas donné d’être en prière, transfigurés comme ça sur la montagne… »

 

Vous croyez ? Je ne suis pas sûr. Je pense que, puisqu’il s’est fait l’un de nous, c’est justement pour nous dire que tout ce qu’il a fait, il nous est donné de le faire aussi. Il le dit, d’ailleurs, à ses disciples : « Vous ferez des miracles en mon nom ! »

 

Et a fortiori, être en prière, probablement que nous pouvons aussi atteindre cet état.

 

Sur les mille choses à faire qu’on a dans notre journée, on a vu ce matin que passer un quart d’heure à prier c’est 1/96e de notre journée…

 

Ça va, 1/96e ! C’est pas énorme !

 

Vous, mes sœurs, vous en passez des heures et des heures à la prière, chaque jour, c’est édifiant ! Dans la vie très occupée des parents, des grands-parents, 1/96e c’est rien !

 

Offrir un temps au Seigneur qui soit vide, sans téléphone, sans préoccupation. S’arrêter un moment dans notre journée. Pourquoi pas aller marcher un peu, dans la forêt, au bord du bisse, sur un alpage, vider nos pensées, nos préoccupations.

Parce qu’il ne peut pas venir dans un cerveau plein !

 

Je ne sais pas si vous avez déjà essayé, les enfants, de remplir un verre qui est déjà plein… bah qu’est-ce qui se passe ? ça déborde !

 

Eh bien c’est la même chose pour notre cœur : si notre cœur est déjà rempli de tellement de choses, on n’arrive pas à y laisser une place pour Jésus. Il faut d’abord le vider. Vider nos pensées, vider nos préoccupations, rentrer en prière. C’est bien d’un ETAT de prière dont Jésus nous parle.

 

Et Jésus est tellement en prière ce jour-là que toute sa personne semble n’être plus que prière.

 

J’ai vu cela pas plus tard que cette semaine, mardi soir à la petite messe de semaine, aux Haudères, il y avait dix personnes là. Et il y avait une jeune, une jeune femme qui était là et qui était en prière. J’avais envie de m’arrêter et puis juste de contempler son visage. Elle était avec Dieu. Complètement.

J’ai vu cela aussi dans l’une de mes églises paroissiales, il y a quelques semaines, un après-midi, lorsque je suis entré discrètement et que quelqu’un était là et priait. Cette personne avait l’air d’être ailleurs. Profondément avec son Dieu.

 

J’ai contemplé aussi cette lumière sur un visage le week-end dernier, pas loin d’ici au Foyer de Charité, alors que nous vivions la retraite d’entrée en Carême.

 

Et tout à coup le visage d’une retraite s’est illuminé, comme de l’intérieur, vous savez comme dans les bandes dessinées quand il y a l’ampoule qui s’allume – TILT – mais là l’ampoule était dedans ! Son visage s’est illuminé, elle venait de recevoir, m’a-t-elle dit, une clé pour sa vie. Et tout à coup, elle a été avec Dieu à cet instant-là, en prière.

 

Et j’ai aussi contemplé cette lumière sur le visage d’un petit, pas bien plus grand que la plupart des enfants qui sont là, un petit qui venait de recevoir le sacrement du pardon pour la première fois.

 

Son visage s’est illuminé quand j’ai fait le signe de croix sur lui à tel point que j’ai presque retiré ma main en me disant : « Wow ! Y a quelque chose qui se passe chez lui ! » Il était d’une joie… il était tout joyeux !

 

Toutes ces personnes dont je vous ai parlé avaient un point en commun : elles avaient cessé de FAIRE une prière pour ETRE en prière.

 

Nous le faisons trop rarement je crois, moi le premier. C’est l’une de mes résolutions pour ce temps de Carême, d’habiter ma prière beaucoup plus que d’enchaîner des mots et des gestes.

 

D’habiter ma prière en regardant vers le ciel, aussi. Parce que nous sommes citoyens des Cieux, Paul nous le disait dans notre deuxième lecture. Nous avons donc à prendre un peu de hauteur, comme Jésus sur cette montagne.

 

« Regarde le ciel ! » disait aussi le Seigneur à Abraham dans la première lecture.

 

Mais oui ! Toutes les lectures d’aujourd’hui montent vers Dieu.

Le Carême, c’est un temps de montée, c’est un temps pour approfondir la prière, pour comprendre que nous sommes tous appelés à avoir des visages transfigurés parce que nous avons vécu une expérience de prière.

 

Ça me rappelle – et je terminerai avec ça – cette histoire bien connue des Pères du Désert, où un jeune part méditer toute une journée. Et le père lui dit : « Que vas-tu méditer ? » Et il répond : « Je vais méditer le texte du Notre Père… »

 

Mes sœurs, vous connaissez ça par cœur… En revenant de la journée, le Père lui dit : « Alors… ? Qu’en as-tu tiré ? »

 

Et celui qui était parti méditer le « Notre Père » lui dit « Je sais pas. J’en suis au mot ‘Père’… »

 

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Les Collons, samedi 16 mars 2019, 17 h.

La Pelouse sur Bex, dimanche 17 mars, 11 h.

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  1. Bernadette May

    Merci cher Vincent pour vos sermons qui me parlent à chaque fois.
    Je vous ai rencontré à Lourdes et vous m’avez touchée.

    Bonne semaine.
    Bernadette May

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