Foi, Oeuvres et Foot

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(Photo Daniel Clerc)

Homélie pour le 24e dimanche du temps ordinaire, année B

Isaïe 50,5-9a / Psaume 114 / Jacques 2,14-18 / Marc 8,27-35

Chers Amis,

Imaginez un footballeur du FC Sion qui se dirait toutes les semaines : « Dimanche, de toutes façons, je vais gagner, donc pas besoin de m’entraîner… » Pas sûr que le président Constantin le garde très longtemps…

Ou alors l’inverse, le joueur qui se dirait : « Je m’entraîne tous les mercredis, donc j’ai même plus besoin de jouer le dimanche… » Pas sûr que Constantin le garde non plus, celui-ci.

En termes de foi, ça se traduit par les textes d’aujourd’hui qui nous posent deux questions :

1) Suffit-il de payer une grosse somme d’argent à l’Eglise pour aller au paradis ?

2) Le pire des criminels peut-il se dire : de toutes façons j’ai la foi, donc j’irai au paradis ?

Vous sentez bien qu’on ne peut que répondre « non » à ces deux questions. Et pourtant… ce n’est pas toujours ce message que nos Eglises ont proclamé.

Au moment de la Réforme, il y a 500 ans, Luther, Calvin et les autres se sont battus contre nous autres catholiques, notamment au sujet des textes que nous avons entendus ce matin.

Luther disait au Pape : « Non, Saint Père, il ne suffit pas de payer une grosse somme d’argent pour aller au paradis ! » Et il avait raison !

A l’époque, en effet, l’Eglise Catholique avait persuadé le bon peuple qu’en donnant de l’argent pour construire la basilique St Pierre de Rome, les croyants achetaient leur paradis. Et plus ils donnaient, plus ils étaient assurés d’y aller, c’est ce qu’on leur faisait croire.

Eh oui. C’est aussi cela, l’histoire de notre église catholique romaine. Et c’est aussi sur cet argent sale qu’est bâtie la plus grande basilique du monde. J’y pense à chaque fois que je franchis les portes de St Pierre, au Vatican.

Mais face à Luther et à Calvin, le Pape de l’époque et ses évêques disaient : « Non, Messieurs, la foi n’est pas tout. Les oeuvres comptent. Le plus grand criminel du monde ne peut pas se targuer de sa seule Foi pour prétendre être sauvé. » et ils avaient raison, eux aussi.

Et pourtant les Réformateurs tenaient mordicus à cela. La Foi peut sauver seule, automatiquement, disaient-ils.

Heureusement, nous n’en sommes plus là ni les uns ni les autres. Et en ce jeûne fédéral, il est utile de rappeler que protestants et catholiques s’entendent bien mieux qu’avant sur ces textes. Ces textes d’aujourd’hui qui viennent nous dire quil ne suffit pas d’avoir la Foi seule, ou les oeuvres seules, il faut les deux ensemble.

Il faut des œuvres qui témoignent de la Foi. C’était la deuxième lecture d’aujourd’hui, la lettre de Jacques : « La foi sans les œuvres est morte« .

Mais le prophète Isaïe, dans la première lecture, nous apprenait que les œuvres ne suffisent pas non plus elles seules, parce qu’il nous faut la Foi pour croire l’incroyable. Pour supporter que le bon serviteur doive passer par tant de malheurs. Une image que reprend Jésus devant Pierre scandalisé, dans l’Evangile d’aujourd’hui.

J’ai beaucoup de tendresse pour Pierre, parce que je me retrouve souvent dans ce personnage. Et je crains ne pas être le seul… Vous croyez ne pas ressembler à Pierre, chers Amis ? Vous allez voir…

Imaginez un instant… Jésus débarque ici, dans cette église, ce matin. Nous allons l’accueillir comme un roi, comme un Dieu ! Nous allons nous prosterner, le louer, chanter pour lui, nous allons chercher la meilleure place – facile : les places de devant sont toujours libres dans nos églises. Nous allons l’héberger dans la plus belle maison du village.

Et là, surprise, Jésus nous dit : « Désolé, les amis, je ne peux pas rester avec vous, je dois y aller… on m’attend au Nouvelliste pour faire un article contre moi… ensuite je dois aller à Infrarouge à la Télé où on va me ridiculiser à coup d’arguments bidons

Après je suis convoqué au tribunal où le procureur veut m’entendre et va me condamner… Finalement je serai extradé vers un pays qui connaît la peine de mort, et je serai tué. »

Vous diriez quoi, vous ?

Mais évidemment ! Nous sommes tous comme Pierre ! Nous dirions : « Mais nooon, Seigneur, ça ne t’arrivera pas ! On est là ! On va te protéger ! Et puis tu es Dieu, ça ne doit pas, ça ne PEUT PAS t’arriver ! On va leur causer, nous, aux présentatrices d’Infrarouge, non mais des choses pareilles ! »

Et le Christ nous répondrait cette phrase terrible qu’il a dite à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais des hommes. »

Et derrière cette phrase, il y a ceci : « Tu veux avoir la Foi sans les actes ? Eh bien moi je te le dis, il te faut encore beaucoup cheminer. Et pour moi ? Tu voudrais que seules mes bonnes actions suffisent à me faire ressusciter ? Eh bien non, je dois aussi passer par des choses difficiles. Comme toi. »

Jésus nous pointerait du doigt, les uns après les autres. Il dirait à chacune et chacun de nous : « Toi aussi tu as tes croix, des difficultés au boulot, en famille, avec tes beaux-parents, avec tes petits-enfants qui ne viennent pas à la messe, avec le deuil que tu vis ces temps, avec ton cancer qui te ronge. Toi aussi tu as des croix. Et moi aussi j’ai porté la mienne. La Résurrection n’existe pas sans le chemin de croix.

Mais c’est dans ces épreuves aussi, par tes actes, par ta manière de les traverser, par la certitude que tu as que jamais Dieu ne veut ta souffrance, mais qu’il t’accompagne sur ce chemin, c’est par tous ces actes-là que tu prouves ta foi, que tu lui donnes de la valeur. »

Et là, Jésus nous dirait : « Alors Pierre… Alors Claude… Alors Joseph… Alors Ernestine… Alors Julie… Alors Lucie… Alors Vincent… si tu veux me suivre… prends ta croix, ne pense pas qu’elle est trop lourde pour toi, mais ne crois pas qu’elle n’existe pas… prends ta croix et passe derrière moi. Montre-moi ta Foi, et montre-moi les œuvres qui vont avec. Et suis-moi. »

La Foi et les Actes doivent être un tout. Exactement comme l’entraînement d’un joueur du FC Sion et son match le dimanche. Et ce n’est pas Christian Constantin qui me contredira ! Ce sont des choses qu’on ne peut séparer.

Exactement comme le soleil fait un tout avec le sourire et la bonté des gens d’ici. Il y a des choses qu’on ne peut dissocier, parce qu’elles vont naturellement ensemble.

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Lens, 16 septembre 2012 ; Montana-Village, 16 septembre 2012

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