Heureux… aux yeux infinis de Dieu

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Homélie pour le 6e dimanche TO, année C

Jérémie 17,5-8 / Psaume 1 / 1Corinthiens 15, 12.16-20 / Luc 6, 17.20-26

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Y a des dimanches comme ça où on se dit que les sages qui ont composé notre lectionnaire, il y a quelques décennies à Vatican II, ont rassemblé pour ce matin certains des textes les plus difficiles à comprendre de toute la Bible. Ils nous ont fait un multipack, c’est pour nous ce matin !

La première lecture, Jérémie : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel », c’est-à-dire dans un autre être humain… Allez dire ça à celles et ceux qui viennent de fêter la Saint Valentin, tous les couples qui, chacun, ont mis effectivement leur foi dans un être de chair, et qui s’aiment, enfin on espère ! Allez leur dire : « Vous êtes maudits parce que vous avez mis votre foi dans un mortel ! » Pas sûr qu’ils le prennent très bien !

L’Evangile que vient de nous proclamer Antoine: « Heureux vous les pauvres, heureux vous qui avez faim, heureux vous qui pleurez… »

Allez dire ça aux réfugiés qui traversent la Méditerranée : « Vous avez faim ? Eh bien tant mieux, vous êtes heureux, c’est merveilleux ! », allez dire ça à la famille de Claire-Lise qui est en deuil : « Vous pleurez ? Eh bien tant mieux, vous êtes heureux ! »…

Si vous ne vous en prenez pas une en retour, vous avez bien de la chance !

Alors que vient nous dire Dieu, à travers ces textes en apparence si délicats, si difficiles à comprendre ?

Vous sentez bien que – comme très souvent avec la Bible – il ne faut peut-être pas les prendre au pied de la lettre. Il y a autre chose derrière ce qui nous heurte au premier abord…

Que vient nous dire la Bible ? D’abord, je crois, que c’est celui qui a les deux pieds sur terre qui est heureux en ce monde.

C’est le magnifique psaume d’aujourd’hui qui nous le rappelait, comme une perle au milieu de ces textes : « Heureux est l’homme qui est comme un arbre planté près d’un ruisseau, il donne son fruit. »

Dans la première lecture, dans le livre de Jérémie, il y avait aussi cette image de l’arbre planté près de l’eau.

Avoir les deux pieds sur terre, c’est déjà un signe de béatitude…

Avoir les yeux levés au ciel, c’est pas mal aussi. Et ça c’est Paul qui nous le disait dans la deuxième lecture de ce matin : « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est nulle, elle est sans valeur ».

C’est bien pour cela que vous êtes venus ce matin : parce que vous regardez vers le ciel ! Bien sûr, nous avons notre vie d’ici-bas, mais elle serait bien pauvre s’il n’y avait pas notre foi. Notre foi qui enracine toute notre existence dans les cieux, dans notre vie à venir.

C’est bien aussi ce qui console, notamment lors du deuil. Nous croyons, que nos défunts sont là-haut dans le ciel.

Nous avons les yeux levés vers le ciel, et c’est ce qui nous fait vivre, parce que notre foi ne se borne pas à tout ce qui est limité autour de nous. Elle ne se limite pas aux souffrances de ce temps, elle s’ancre là-haut, dans le ciel, là où le Ressuscité nous précède.

Nous devons vivre, Chers Amis je le crois, les deux pieds plantés, enracinés bien au sol, mais les deux yeux levés vers le ciel.

Le Père Jean-René Fracheboud, que beaucoup d’entre vous connaissent, le Père du Foyer de de Charité de Bex, a l’habitude de dire qu’un chrétien c’est quelqu’un qui a les deux pieds sur terre, les yeux levés au ciel… et l’infini dans le coeur.

…Les deux pieds sur terre, les yeux levés au ciel et l’infini dans le coeur.

L’infini, c’était encore Paul qui nous le proclamait dans la deuxième lecture :

« Si nous avons mis notre espoir dans le Christ uniquement pour notre vie d’ici-bas » alors nous sommes à plaindre, disait Paul ! C’est dans la vie éternelle qu’il faut placer notre espérance, évidemment ! Dans l’infini de Dieu.

C’est l’infini que nous devons avoir à cœur.

Alors, c’est bien joli tout ça, me direz-vous, mais il n’empêche que « Bienheureux les pauvres » et « Malheureux les riches », on l’a quand même entendu et on le prend quand même en pleine figure ! Qu’on soit pauvres ou riches d’ailleurs !

Mais parce que, là encore, nous lisons ce texte avec nos yeux humains. Il convient de le lire avec les lunettes de Dieu.

Trop souvent nous lisons la Bible avec un œil humain… Les gens qui vous disent : « Oui ! La Création a été faite en sept jours, pas un de plus ! »…  Bah oui, mais un peu plus loin dans la Bible un psaume nous dit qu’un jour pour Dieu ce sont des milliers, des milliers de jours pour nous ! Ah oui, eh bien alors là ça colle, hein ! La Création, effectivement, s’est déroulé sur des milliards d’années. Mais c’est un jour aux yeux de Dieu.

Alors si nous essayons de relire ces expressions qui nous posent problème avec les lunettes de Dieu, qu’est-ce que ça donnerait ?

Qui sont les pauvres ? Être pauvre ici-bas, on sait bien ce que ça veut dire. Mais être pauvre aux yeux de Dieu, être pauvre selon Dieu, c’est quoi ? Ça pourrait, par exemple, ne pas être encombré des richesses de ce monde. Savoir vivre simplement comme les gens de nos villages, de nos montagnes, sans le dernier gadget à la mode, et alors ? Savoir traverser les magasins en période de soldes sans rien acheter ! Et alors ça, ça rend heureux, je peux vous le dire ! Je le fais régulièrement. Traverser un grand magasin sans rien acheter… et quand je ressors, je ressens une puissance face à la société de consommation, vous pouvez pas savoir ! Essayez, vous verrez…

Qu’est-ce que c’est, pleurer aux yeux de Dieu ? Pleurer à vues humaines, on connaît. On a tous pleuré un jour ou l’autre. Mais pleurer selon les critères de Dieu, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est, par exemple, savoir pleurer plutôt que de rester indifférent… C’est un don, le don des larmes ! Quand on voit quelqu’un qui pleure, si on passe à côté sans réagir et sans être touché soi-même, il y a un problème !

Pleurer avec ceux qui pleurent, c’est encore Paul qui nous le dit dans un autre texte, la lettre aux Romains. Savoir pleurer avec ceux qui pleurent, c’est une véritable qualité. Et c’est peut-être ça, être heureux de pleurer aux yeux de Dieu.

Savoir pleurer avec ceux qui pleurent, ou alors si l’on est de ceux qui sont dans la peine, avoir le bonheur de rencontrer des personnes qui pleurent avec nous. C’est cela être heureux dans la peine.

Ce fameux sermon des Béatitudes chez Luc, s’adresse à des croyants. C’est-à-dire à nous !

Jésus donne ces béatitudes à ses disciples, bien qu’il y ait une grande foule tout autour, on nous le précisait dans le texte, c’est à ses disciples qu’il s’adresse. A ceux qui veulent le suivre.

Peut-être bien que les pauvres selon Dieu, que ceux qui savent pleurer selon Dieu… c’est nous ! C’est nous quand nous essayons de suivre le Christ ! Peut-être que nous sommes richissimes de cette pauvreté-là. Peut-être bien que cela rend bien plus heureux que l’indifférence ou que la richesse matérielle de ce monde…

Vous voyez, Chers Amis, il faut toujours essayer d’aller chercher – derrière un texte qui nous heurte – ce qu’il essaie vraiment de nous dire dans l’infini de notre cœur.

Peut-être bien qu’être heureux, à travers les aléas de la vie, c’est finalement d’avoir les deux pieds bien sur terre, les yeux levés au ciel et l’infini dans le cœur.

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Mâche, samedi 16 février 2019, 17.00

Vex, samedi 16 février 2019, 18.30

Evolène, dimanche 17 février 2019, 10.30 (version enregistrée)

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