Homélie chocolatée

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Photo DR : le faire-part de Gaëlle et Baptiste et la photo du jour
  
 

Homélie pour le Mariage de Gaëlle et Baptiste

Cantique 2,8-10.14-16a;8,6-7a / Psaume 102 / Jean 15,9-13

 

Chère Gaëlle, Cher Baptiste,

Avez-vous fait Carême de chocolat ? Nooon ? Tant mieux.

Y’en a, parmi vous, qui ont fait carême de chocolat ?… Mais des choses pareilles !

C’est fou, le nombre de débilités que nos ancêtres ont pu nous mettre dans la tête à propos de l’Eglise ou du Bon Dieu. Parce qu’ils n’avaient pas compris ou parce qu’on leur avait très mal appris, surtout.

Prenez le péché de gourmandise par exemple. Monstre bêtise !

Ça n’existe pas le péché de gourmandise, c’est simplement une expression qui a été mal traduite en français. Le péché capital qui correspond à cette idée c’est la gloutonnerie, c’est tout autre chose.

La gloutonnerie, se goinfrer à s’en faire exploser l’estomac. Ça c’est mal. Et ça FAIT mal aussi, d’ailleurs.
Mais la gourmandise… la gourmandise c’est aimer ce qui est bon.

Comment a-t-on bien pu en faire un péché dans nos têtes, alors qu’on ne cesse de répéter que Dieu est bon ??

Faut quand même être un peu spécial pour pas comprendre qu’il y a un bug, là, non ?

Dieu est bon mais la gourmandise est péché. Comme la gourmandise c’est aimer tout ce qui est bon, ça sous-entend que tout ce qui est bon est péché. Donc Dieu est péché.

Vous voyez les fils qui se touchent, là ?

Et pourtant on nous l’a inculqué dès notre plus jeune âge. Attention à la gourmandise ! Gourmand, va ! Vilain gourmand, on disait même !

Péché de gourmandise… des choses pareilles ! Ah on a du boulot, nous les curés, j’aime mieux vous dire, pour essayer de débugger les esprits faussés par des décennies de bêtises soit-disant chrétiennes.

Tiens si je reprenais le texte que vous avez choisi, l’extrait du Cantique des Cantiques, en l’appliquant au chocolat, ça vous aiderait peut-être… Suffirait de changer deux-trois mots, essayons…

« Voici mon pâtissier qui vient !Il escalade les montagnes de truffes, il franchit les collines de pralinés, il accourt comme le gourmand…

Le voici qui se tient devant le magasin, il regarde par la vitrine, il guette à travers les décorations…

Mon pâtissier a parlé; il m’a dit :
« Lève-toi, mon amie, viens ma chocolatière, mon lapin de Pâques, blotti dans son emballage, caché dans son papier cadeau. Montre-moi ton velouté, fais-moi goûter ta douceur, car ton goût est divin et ton aspect est attirant. »

Mon pâtissier est à moi; et moi je suis sa chocolatière. Il m’a dit : « Que ton pourcentage de cacao soit gravé dans ton coeur, qu’il soit marqué sur tes lèvres. »

Car le cacao est fort comme l’amour,
Noir comme l’abîme, son amertume est comme des flammes brûlantes, c’est un feu délicieux.

Les torrents de lait ne peuvent éteindre la force du cacao, les fleuves de miel ne l’emporteront jamais. »

C’est beau, la Bible, non ?

Mais même sans changer les mots. Dans le psaume que vous avez choisi, on nous dit que le Seigneur est tendresse.

TENDRESSE, nom de non ! Pas péché, pas gourmandise, TENDRESSE. Comme un praliné peut être tendre…

Et l’Evangile que vous avez choisi, prodigieuse page de St Jean, nous rappelle le grand commandement de Jésus : « AIMEZ-VOUS », c’est d’AIMER, qu’il s’agit. Pas de se priver parce que c’est Carême, flûte !

D’ailleurs c’est plus Carême.

Aimez, aimez la douceur de la vie comme vous aimez la douceur du chocolat, soyez-en gourmands parce que non, non trois fois non, la gourmandise ce n’est pas un péché, contrairement à la gloutonnerie.

Aimez ce qui est bon, chère Gaëlle, cher Baptiste. Aimez-vous, parce que vous avez trouvé en l’autre le chocolat unique qui vous convient. Ne vous en goinfrez pas, goûtez-le, jour après jour.

Faites-le chauffer à feu doux, faites fondre l’autre parce qu’un fondant, quoi de meilleur ?

Sachez imaginer des créations originales pour les jours de fête, mais n’oubliez pas d’apprécier la plaque de chocolat toute ordinaire mais tellement bonne elle aussi.

D’ailleurs Baptiste, à propos de plaques de chocolat… non je vais m’arrêter là. Je vois la gourmandise briller dans les yeux de Gaëlle…

Allez… bon appétit !

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Flanthey, samedi 26 avril 2014, 15.00

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