Jalousie, quand tu nous tiens…

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Homélie pour le 25e dimanche TO, année B

Sagesse 2,12.17-20 / Psaume 53 / Jacques 3,16–4,3 / Marc 9,30-37

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Chers Amis,

Connaissez-vous les fenêtres à jalousies ? Je vois que certains d’entre nous hochent la tête.

Vous savez, ce sont ces stores à lamelles réglables. On peut les écarter plus ou moins pour faire entrer le soleil à dose variable. Je vois que la chose vous est connue, même si son nom ne l’était pas forcément : cela s’appelle des jalousies, mais oui.

On peut aussi dire bien sûr « lamelles réglables », mais « jalousies » ça dit tellement mieux ce dont il s’agit.

En effet, si l’on peut voir l’utilité de ces lamelles depuis l’extérieur – faire entrer plus ou moins le soleil – on peut aussi leur trouver une autre utilité vue depuis l’intérieur de la pièce. Observer sans être vu. D’où leur nom de « jalousies ».

Or la jalousie est bien souvent emprunte de lâcheté, et cette image nous le montre clairement. On veut épier, oui, envier, oui, mais surtout pas assumer. Il ne faut pas être vu soi-même.

La jalousie est une des plus remarquables armes du démon. Elle se nourrit d’envie (l’herbe est toujours plus verte chez le voisin), elle se nourrit d’insatisfaction (on n’envie l’autre que parce que l’on ne voit pas notre propre bonheur), elle se nourrit aussi de ces esprits chagrins qui voient toujours le verre à moitié vide ou qui refusent de s’émerveiller sur les bonheurs, les réussites, les qualités des autres.

« La jalousie voit tout, excepté ce qui est. » disait Xavier Forneret, un auteur du 19e siècle. C’est très joliment dit : « La jalousie voit tout, excepté ce qui est. »

Par une fenêtre à jalousies, on voit tout. Mais on voit tout de façon déformée, masquée, zébrée par les lamelles et le jeu du clair-obscur. Au fond, au voit peut-être tout, mais en réalité on ne voit rien, on ne voit pas du tout les choses telles qu’elles sont réellement.

Et les textes d’aujourd’hui nous mettent en garde contre ce défaut très humain qu’est la jalousie. Jacques, notamment, dans la deuxième lecture.

Il va très loin, en disant même que c’est ce type de sentiments qui provoque les guerres. Et on ne le sait que trop bien. Si l’on est heureux de ce que l’on a, pas besoin d’aller regarder chez l’autre en se demandant si c’est mieux, puis de vouloir prendre ce que l’autre possède, en envahissant son territoire si nécessaire.

C’est le mécanisme-même des publicités, vous avez remarqué ? On vous montre ce que vous n’avez pas, on vous fait croire que vous en avez besoin, que vous vivrez plus heureux avec cet objet, et on vous pousse à l’acheter, à le posséder. Y compris si pour cela vous devez prendre ce que vous n’avez pas – eh oui, c’est le principe de l’achat à crédit, on achète avec l’argent qu’on n’a pas. C’est le drame de certains de nos jeunes qui s’endettent à n’en plus finir.

Et c’est aussi le principe de la presse people. On vous met une star en couverture. Et vous l’enviez. Donc vous achetez le journal. Vous l’enviez parce que vous enviez sa vie, son argent, sa beauté, son pouvoir, sa célébrité, tout ce que vous n’avez pas… Jalousie

Alors que franchement, chers Amis… vous savez bien que les gens qui font les gros titres de nos magazines ne sont pas les plus heureux sur cette terre loin de là. Que les gens connus vivent des vies très compliquées.

Sincèrement, vous enviez Brad Pitt ou Angelina Jolie, vous ? Ils ont la beauté, l’argent, la célébrité, mais ils ont des soucis à n’en plus finir, des gardes du corps tout le tour du ventre, des paparazzis jusque dans leur salle de bain…

Sincèrement, vous enviez Barack Obama ou le pape François qui vont se rencontrer ces jours ? Ils ont la célébrité, le pouvoir…. Mais ils ont des nuits courtes et un emploi du temps qui ne leur laisse plus une seconde à eux, sans parler des responsabilités qui pèsent lourdement sur leurs épaules.

Sincèrement, vous enviez Michel Platini ou Sepp Blatter, vous ? Ils ont le pouvoir et la célébrité, la joie de vivre dans le monde du sport, ils font le tour de la terre au travers de ces merveilleux moments que sont les compétitions mondiales ou européennes, d’accord… mais croyez-vous qu’ils ont une vie plus heureuse que la vôtre ? Vraiment ?

D’ailleurs ces gens sont aussi sujets à de grands dangers. La première lecture, le livre de la Sagesse, nous le disait très bien : ceux qui méditent le mal – les jaloux – veulent attirer toutes ces personnes dans un piège. Le jaloux veut toujours le mal de celui qu’il jalouse, au final.

Jésus, dans l’Evangile, nous invite à laisser de côté tout cela. Il fustige la jalousie entre ses disciples qui se disputaient pour savoir qui d’entre eux était le plus grand. Et Jésus renverse tout. Le plus grand, avec lui, n’est pas le plus grand.

Le plus grand c’est celui qui se fait humble, serviteur, le plus grand, avec Jésus, c’est le plus petit. Et Jésus nous propose donc de retrouver notre âme d’enfant. D’accueillir comme un enfant.

Présentez Barack Obama, Brad Pitt ou Sepp Blatter à un enfant, quelle sera sa réaction ? Aucune, il ne les connait pas.

Mais montrez-lui un bonheur simple : rire aux éclats, se jeter dans l’eau d’une flaque, courir dans le vent, manger à sa faim, faire un câlin à sa maman, il voudra tout de suite faire comme vous.

Le vrai bonheur, chers Amis, est tout simple, il ne s’embarrasse pas des standards du soi-disant bonheur de notre monde.

Alors ne jalousons pas trop les gens qui font la couverture de nos journaux. Regardons la vie simple et belle que nous avons, ouvrons toutes grandes les lamelles de nos fenêtres à jalousies pour laisser entrer dans nos cœurs le grand soleil de Dieu.

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Evolène, 20 septembre 2015, 9.00 (radiodiffusée)

Euseigne, 20 septembre 2015, 19.00

 

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