Jaune et Blanc…

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Homélie pour la fête patronale de Saint André

Romains 10,9-18 / Psaume 18 / Matthieu 4,18-22

Chers Amis,

Vous savez qu’en héraldique, la science qui étudie et réglemente les blasons, il y a des couleurs et des métaux. Ce qu’on appelle les métaux, c’est le jaune et le blanc, c’est-à-dire l’or et l’argent.

Et il est formellement interdit de les placer ensemble, en grande quantité, sur un drapeau.

Il y a deux exceptions à cela. Le drapeau de Jérusalem, fait d’une croix de Jérusalem jaune sur fond blanc. Et le drapeau du Vatican, fait de deux parties, l’une blanche et l’autre jaune. Deux exceptions divines : Jérusalem, la cité de Jésus et de Simon Pierre, Rome, la cité des successeurs de Pierre. Et Chermignon alors ? C’est la troisième exception, celle que ne connaissent pas les savants de l’héraldique, puisqu’ici aussi, il y a du blanc et du jaune ensemble. Chermignon est donc une paroisse divine.

Or, parmi les Apôtres, si on devait trouver un blanc et un jaune, si on devait définir deux éternels frères ennemis, frères certes, mais si différents, venant du même village mais au caractère opposé, venant de la même famille mais avec des idées bien à eux, c’est bien Simon Pierre et son frère André.

Pourtant, comme nous, ils ont été envoyés. Apôtres, on appelle ça.

Chacun à sa manière est parti évangéliser son entourage, ses proches, puis ses moins proches, jusqu’à se retrouver en terre étrangère et finir par mourir en martyr, Pierre sur une croix posée à l’envers, André sur une croix renversée en X, la fameuse croix de St André qui marque, encore aujourd’hui, les passages à niveaux non-gardés sur nos routes.

Pourquoi a-t-on choisi la croix de St André pour marquer le passage dangereux d’une locomotive, d’ailleurs ?

En y réfléchissant, je me dis que Pierre autant que son frère André furent, eux aussi, de sacrées locomotives pour l’Eglise. Et que rien ne résistait sur leur passage, à leurs célèbres colères, à leurs projets, à leur volonté d’aller de l’avant.

De vrais Apôtres.

Et nous, alors ? Nous sommes également appelés à être Apôtres, un mot qui signifie « envoyé », en grec.

Et Paul nous explique ce qu’est la mission d’un Apôtre, dans la première lecture, et très clairement. Pour une fois ! Parce qu’avec Paul c’est pas toujours simple à comprendre, en général. Mais là oui ! Sauf qu’il fait son raisonnement de manière renversée, comme les croix de Pierre et d’André.

Je vous relis la phrase centrale de l’extrait que nous avons entendu ce matin : « Tout ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés. Or, comment invoquer le nom du Seigneur sans avoir d’abord cru en lui ? Comment croire en lui sans avoir entendu sa parole ? Comment entendre sa parole si personne ne l’a proclamée ? Comment proclamer sans être envoyé ? »

Envoyé…

Il faut donc être envoyé pour, après toutes ces étapes, être sauvé un jour, avoir la vie éternelle auprès de notre Seigneur.

C’est ce que nous vivons au Baptême, lorsque le prêtre nous envoie dans le monde, au nom de cette famille de Chrétiens dans laquelle nous venons d’entrer.

Evidemment à l’époque de notre baptême, on a beau être envoyés, nous, on n’a pas envie d’aller bien plus loin que les bras de notre Maman. Mais rapidement on prend des libertés. D’abord à quatre pattes, alors on nous ferme les portes. Puis sur deux pattes, là on a beau nous les fermer ça ne marche plus, on sait comment les ouvrir…

Et à l’adolescence on prend de telles libertés qu’on en oublie pour quoi on a été envoyés, vers qui on a été envoyés. On n’a qu’une envie c’est de partir le plus loin et le plus longtemps possible.

Puis vient l’âge adulte. On se fixe des racines, un mariage, une famille, une maison, un village, un travail. Et on n’a plus du tout envie d’être envoyé ailleurs – sinon pour les vacances à droite à gauche.

C’est pourtant là que Dieu, plus que jamais, nous envoie.

Mais on est tellement loin du catéchisme de notre enfance qu’on ne sait plus trop à quoi il nous envoie. On vient fêter la St André, comme ça, mais au fond on ne sait plus trop que nous sommes des successeurs d’André.

Reprenons le texte de Paul dans le bon sens, alors, pour mieux comprendre.

« Comment proclamer sans être envoyé ? »

Si on est envoyé, il nous faut donc proclamer. OK. Mais proclamer quoi ?

« Comment entendre sa parole si personne ne l’a proclamée ? »

Ah, voilà, il nous faut donc proclamer une parole. Et qu’on soit blanc ou jaune, en général, on ne se prive pas de proclamer une parole, dans tel ou tel discours à telle ou telle occasion.

Oui mais c’est SA parole qu’il nous faut proclamer.

La parole de qui ? De Dieu, évidemment. Pas celle du prêtre – malgré tout le respect que je dois au clergé – ni celle du président de commune – avec tout le respect que j’ai pour lui, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !

Pourquoi proclamer la parole de Dieu ?

« Comment entendre sa parole si personne ne l’a proclamée ? » nous dit Paul.

Ah, c’est donc pour que d’autres entendent !

Pour que nos proches et nos moins proches comprennent le bonheur que nous avons à découvrir des paroles comme « Aimez-vous les uns les autres… » ou comme « Heureux les doux… » ou comme « Pardonnez à vos ennemis… (même entre blancs et jaunes, mais ça c’est une version apocryphe de l’Evangile qui le dit)…

Il nous faut donc proclamer pour que la parole de Dieu soit entendue. Et c’est logique. Jésus n’est plus là pour le faire, c’est à nous de prendre sa place aujourd’hui, comme nous le chanterons tout à l’heure.

Mais pourquoi doit-elle être entendue ?

« Comment croire en lui sans avoir entendu sa parole ? » nous dit Paul.

C’est donc pour que le monde croie que nous devons proclamer sa parole. Pourquoi donc croire ? Pour invoquer le nom du Seigneur et donc être sauvés, avoir la vie éternelle.

Ah, Paul, c’est bien écrit, c’est pas de la littérature de gare, hein ! Malgré les passages à niveau !

Et le psaume nous rappelait tout cela : « Par toute la terre en paraît le message, et la bonne nouvelle aux limites du monde… » Voilà notre responsabilité d’Apôtres, à la suite d’André, et elle est immense.

Etre envoyés pour proclamer la parole de Dieu, afin qu’elle soit entendue, que le monde croit en lui, que tous invoquent son nom en vue d’être sauvés.

Sacré programme politique, non ?

Et pour ça, même les jaunes et les blancs peuvent se mélanger, parce que vous savez ce qui se crée lorsqu’on les mélange ? De la lumière.

Et Jésus nous dit : « Vous êtes la lumière du monde… »

Alors soyons envoyés, chers Amis, quelles que soient nos idées, nos forces, nos envies, nos racines, soyons envoyés à la suite d’André qui a tout quitté pour suivre le Christ. Soyons envoyés, proclamons la Bonne Nouvelle aux limites du monde connu. C’est-à-dire en tout cas jusqu’à Chermignon d’en Haut.

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Chermignon-d’en-Bas, 30 novembre 2012, 10.30

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