Jean-Marie et la pluie

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Photo DR : www.arcinfo.ch

Homélie pour le 15e dimanche TO, année A

Isaïe 55,10-11 / Psaume 64(65) / Romains 8,18-23 / Matthieu 13,1-23

Chers Amis,

Nous avons donc un futur nouvel évêque, Jean-Marie Lovey. Quelle joie ça a été pour moi de sonner la cloche de cette église, mardi, à 17.00, comme il nous l’a été demandé dans toutes les églises du Valais, en l’honneur de mon ami Jean-Marie !

Du coup, je dois confesser une faute gravissime devant vous. Parce que dans ma prière ce soir-là, alors qu’il pleuvait à torrents, j’ai dit au Seigneur : « Pour un évêque comme ça, Seigneur, la pluie c’est pas grave. Et même si elle tombe toute la semaine, tant pis, quelle joie d’avoir Jean-Marie ! »

Mea culpa, vraiment…

Ceci dit, c’est intéressant parce que les textes de ce jour nous parlent, à leur manière, de météo. Et ils nous parlent aussi de notre nouvel évêque.

Dans sa toute première conférence de presse, un journaliste demandait mardi à Jean-Marie quelle serait sa priorité comme évêque de Sion. Vous savez comment sont les journalistes, ils préfèrent le scandale qui fait vendre à la jolie nouvelle. Il s’attendait donc sûrement à une réponse qui aurait mêlé la défense des racines chrétiennes face à la laïcité, la douloureuse question d’Ecône et les quelques affaires qui ont secoué le diocèse ces dernières années. Et le pauvre journaliste en fut pour ses frais.

Car Jean-Marie a d’abord eu un petit silence, Ce silence des montagnards qui réfléchissent avant de parler – ce que bien des journalistes devraient apprendre à faire – puis il a répondu que sa priorité serait que l’Evangile soit annoncé. C’est-à-dire que la parole de Dieu porte du fruit, c’était notre première lecture d’aujourd’hui, cette très belle page du prophète Isaïe qui collait d’ailleurs aussi à la météo de ces derniers jours, vous l’avez entendue : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer… »

…heu… là on a envie de dire : « D’accord, Seigneur, la terre a besoin d’eau, c’est cool (enfin quand je dis ‘c’est cool‘, avec l’eau, n’y voyez pas un jeu de mots facile), mais bon, la neige à moins de 2000 mètres à la mi-juillet, t’aurait quand même pu t’abstenir ! »

Ça m’apprendra à prier, je vous jure…

Bref ! Isaïe continue en disant : « De même, ma parole ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir accompli sa mission. »

La parole de Dieu, quand on l’annonce autour de nous – ce qui est l’une de nos missions de baptisés – cette parole féconde la terre et produit les fruits du Royaume de Dieu dans notre monde.

Alors vous me direz que c’est bien joli de répéter la parole de Dieu, aimez-vous les uns les autres, mais si ça portait du fruit, ça se saurait ! Y aurait plus de tirs de roquettes entre Israël et Gaza, par exemple. Ce sont des paroles, tout ça, de beaux discours…

Oui mais si on les prononce pas, ça ne fait pas avancer davantage les choses.

Et si on les prononce, elles peuvent être mises en actes, même si ce n’est pas par tout le monde.

Là où notre futur évêque change la donne, c’est qu’il ne se contente pas de beaux discours. Quand il répond à un journaliste que sa priorité est que l’Evangile soit annoncé, pour lui ça veut dire que cette parole soit traduite en actes, tous les jours. En ce sens, il est un modèle chrétien pour nous tous.

Parce qu’on en connaît des gens, même dans l’Eglise, qui se contentent de belles paroles mais font tout le contraire en actes.

La parabole du Semeur, notre Evangile d’aujourd’hui, décrivait bien ce qui se passe dans ce cas. La parole, lorsqu’elle tombe comme des grains sur les pierres du bord du chemin, ne porte pas de fruit. Elle est grignotée par les oiseaux sauvage. C’est bien pour les oiseaux, me direz-vous, mais nous, on est pas plus avancés.

La parole peut aussi tomber dans de la bonne terre mais être étouffée par les ronces. Les ronces, ce sont parfois les médias qui empêche la parole d’être annoncée correctement, ce sont parfois aussi nos mauvais sentiments qui l’étouffent.

Mais lorsque la parole tombe dans une terre fertile ou dans un coeur noble comme celui de Jean-Marie, alors elle donne du fruit à raison de cent pour un, nous dit Jésus.

Comment, enfin, ne pas voir un dernier clin-Dieu à la nomination de cette semaine dans la toute première phrase de l’extrait de St Paul aux Romains que nous avions en deuxième lecture : « Pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous ! »

C’est vrai que notre diocèse souffrait, ces derniers temps, dans l’attente d’un nouvel évêque. L’attente a été longue et nous avions mal aussi pour notre évêque actuel, Mgr Brunner, obligé de continuer son ministère alors qu’il avait demandé à s’arrêter.

Avec vous, donc, et en votre nom à tous, j’aimerais rendre gloire à Dieu !

Je rends gloire à Dieu pour notre futur nouvel évêque Jean-Marie, venu d’une si belle commune – allez disons-le : de la plus belle commune du Valais ! Je rends gloire à Dieu de pouvoir fêter cet événement ici avec vous dans l’Eucharistie de ce soir. Je rends gloire à Dieu pour le « oui » que les autres chanoines ont à dire pour laisser partir Jean-Marie, et pour eux c’est un sacrifice et ce ne sera pas facile. Je rends gloire à Dieu pour la parole semée dans le coeur de Jean-Marie, et qui ne reviendra pas à Dieu sans avoir accompli parmi nous tout ce que le Seigneur nous réserve avec notre nouveau berger.

Merci à Jean-Marie pour le ‘oui’ qu’il a donné. Certains, à 64 ans, prennent leur retraite. Lui, à cet âge-là, il accepte un poste incroyablement complexe et prenant. Chapeau!

Alors, pendant le temps de silence qui va suivre, je vous invite à porter Jean-Marie dans notre prière fervente.

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Champex, samedi 12 juillet 2014, 17.00

Mayens de Chamoson, 13 juillet 2014, 11.00

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2 Responses

  1. stephane chambry

    Merci Père pour votre joie annoncée et partagée.
    Du diocèse de Nanterre nous avons vecu la mele attente.
    Nous avons maintenant un nouvel évêque et nous allons reprendre la route avec un nouveau guide.
    Je vous invite à decouvrir la croix du Christ ressuscité que j’ai cvréé et que le diocèse a choisie.
    A voir sur mon site:www.lamaisonmoderne.fr

  2. Gaspoz

    Merci Père Vincent pour ce partage.
    Comme nous nous réjouissons de vous avoir très bientôt parmi nous.
    Hélène et Antoine

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