Jean XXIII, la voix, le cèdre…

Classé dans : Actu, Bible, Homélies, Temps ordinaire | 0
Imprimer

Homélie pour le 11e dimanche du Temps Ordinaire, année B

Ez 17,22-24 / Ps 91(92) / 2Co 5,6-10 / Marc 4, 26-34

Chers Amis,

J’ai un confrère qui m’apprend la patience. Quand mon caractère bouillant me pousse à agir, à réagir, à m’insurger, il me rappelle que l’herbe pousse sans moi et qu’il ne sert à rien de tirer sur les brins d’herbe pour les faire pousser plus vite, parce qu’en général ça les arrache !

Il a bien raison ! Patience ! Confiance ! Le Seigneur s’occupe de tout…

C’est ce qu’il dit par la bouche du prophète Ezékiel, dans la première lecture : je m’occupe du monde, je ferai venir un jeune qui va tout changer. Et alors tout le monde reconnaîtra que je suis le Seigneur.

Ezékiel utilise pour cela l’image de l’arbre, en indiquant que Dieu cueillera non pas une solide racine, mais le plus petit des rameaux, tout là-haut, pour réaliser le grand arbre dans lequel les oiseaux viendront nicher.

Et plusieurs siècles ensuite, quelle image reprend Jésus ? La même.

Il parle de la graine de moutarde – la plus petite des graines, on les vois bien dans la moutarde en grains qu’on peu acheter dans nos commerces. Et il indique que de cette petite graine naitra un grand arbre aux longues branches sur lesquelles les oiseaux viendront nicher.

Jésus connaît l’Ancien Testament, il connaît le livre du prophète Ezékiel. Et ses auditeurs aussi. Evidemment, ça fait « tilt ».

Et pour bien rappeler le sens premier de ce qu’a dit Ezékiel – la patience, la confiance – Jésus enseigne une autre parabole, celle du semeur.

La plante grandit nuit et jour. Et – Jésus insiste – le semeur ne sait pas comment cela se passe. Aujourd’hui on sait un peu mieux. Un peu. Mais bon quand on essaie de faire du transgénique ou de manipuler génétiquement les débuts de la vie, le résultat n’est pas encore brillant. N’est pas Dieu qui veut.

Lui seul sait véritablement y faire en la matière.

Qui pourrait imaginer une seule seconde en regardant un champ semé de grains de blé, nu, qui pourrait imaginer les champs de blés levés et hauts que nous voyons ces jours ?

Et ce n’est qu’une image !

Il en va de même pour le Royaume de Dieu. Nous en contemplons les graines, minuscules, dans nos vies et dans notre monde. Comment pourrions-nous imaginer ce que sera véritablement le Royaume ? C’est aussi différent qu’un grain de moutarde l’est du grand arbre dans lequel les oiseaux nichent !

Confiance, patience, fidélité… Le jour comme la nuit.

Le psaume venait d’ailleurs nous aider à méditer cela : « Qu’il est bon d’annoncer dès le matin ton amour, ta fidélité au long des nuits… Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban »…

Il y a un grand cèdre devant l’église de mon enfance. J’aimais bien – et j’aime toujours – le contempler. Cet arbre est vieux de centaines d’années.

Regardez les arbres, chers Amis. Ils n’ont pas de natel, pas de compte internet ni de page facebook, pas de fax et encore moins de télévision. Ils ne peuvent bouger d’où on les a plantés, ils n’ont pas nos formidables moyens de déplacement ou de communication.

Mais combien nous apprennent-ils la vie ! La patience ! Combien les oiseaux qui viennent y faire leurs nids nous apprennent la confiance !

Et quand un arbre tombe sur une de nos maisons, on réalise à quel point nous sommes des moucherons face à une telle puissance, une telle force, une telle grandeur !

Paul nous rappelait, à son tour, cet appel à la confiance, dans la seconde lettre aux Corinthiens dont nous avons entendu un extrait tout à l’heure. Et comme à son habitude il faisait, lui, une comparaison avec notre corps et notre faiblesse humaine :

« Nous avons pleine confiance, tout en sachant que nous sommes en exil loin du Seigneur tant que nous habitons ce corps, nous cheminons dans la foi, oui nous avons confiance ! »

Est-il nécessaire – dans ce monde qui ne connaît plus ses racines, plus un mot de latin ni de grec – est-il nécessaire de rappeler que le mot foi vient de fides qui veut justement dire confiance ?

Combien nous aimerions connaître les projets de Dieu, savoir que tout ira bien, avoir des certitudes et des assurances… Combien nous aimerions voir le grand arbre que Dieu fera à partir des graines de moutarde que nous sommes… Patience. Dieu s’occupe de tout. Nos vues sont limitées. Nous ne pouvons pas comprendre ses plans à lui.

Bien sûr cela nous fit une belle jambe d’entendre cela lorsqu’on souffre. Bien sûr ! Et pourtant… Essayez de comparer un grain de moutarde et un cèdre du Liban dans ces moments-là, et vous comprendrez que vous ne pouvez rien comprendre… Et moi le premier, j’ai à faire ce chemin de patience.

Une anecdote pour terminer : Jean XXIII racontait qu’une nuit, alors que les multiples soucis empêchaient le Pape de Vatican II de dormir, il a entendu une voix qui lui disait : « Jean, dis-moi, qui gouverne l’Eglise ? Est-ce toi ou moi ? » Et le bon pape Jean de répondre : « Seigneur, c’est toi, bien sûr ! » « Alors aie confiance, reprit la voix, dors. Je m’occupe de tout. »

Chers Amis de Monthey, dit la voix, qui gouverne votre communauté ? Est-ce le vicaire, l’assistant pastoral, le curé, l’évêque ? Ou est-ce moi ? Alors patience, confiance. Je m’occupe de tout. Quand vous verrez l’arbre avec les oiseaux dedans, alors seulement vous comprendrez.

Monthey, samedi 16 juin 2012, 17.00; Closillon, samedi 16 juin 2012, 18.15; Monthey, dimanche 17 juin 2012, 10.30; Tilleuls, dimanche 17 juin 2012, 16.45

Imprimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.