Homélie pour le 4e dimanche de l’Avent C
Michée 5,1-4a / Psaume 79 / Hébreux 10,5-10 / Luc 1,39-45
> Pour ECOUTER l’homélie, cliquez juste à gauche du compteur ci-dessous :
Chers Amis,
Imaginez deux secondes ce qui se passerait si on nous annonçait, avec certitude, le retour de Jésus pour la semaine prochaine ?
On aurait toute une série de rencontres au sommet entre les grands de ce monde, certainement, pour préparer cette venue. Le président des Etats-Unis viendrait rencontrer le président russe. La présidente helvétique viendrait rencontrer le président européen. Le pape viendrait rencontrer le Dalaï Lama. Et même le président d’Evolène viendrait rencontrer le président d’Hérémence. C’est dire qu’on assisterait à des rencontres INCROYABLES !
On préparerait le meilleur des hôtels, un palais présidentiel ou un palace cinq étoiles pour accueillir le Messie !
On se prendrait la tête pour savoir s’il aime dormir plutôt à la nordique ou plutôt dans des draps de soie ! On palabrerait à n’en plus finir sur le menu de son petit déjeuner ! Thé ou café ou chocolat ?
On se demanderait qui… qui aura le droit d’être dans la chambre d’à côté, qui seront ses gardes du corps ! Et ce serait une bataille à n’en plus finir entre les différents « grands » de ce monde, ce monde qui nous a accompagnés pendant tout le temps de l’avent avec ces bougies et ces continents (allusion à la décoration de l’avent à Hérémence). On se demanderait aussi bien sûr qui aura le droit de faire un discours ce jour-là !
Essayez d’imaginer quelques instants cela…
Et puis, au milieu des préparatifs, il y aurait quelqu’un – tout simple – qui lèverait la main timidement, et qui dirait :
– « Excusez-moi mais… vous vous souvenez de qui on accueille ? Vous vous souvenez où il est né ? Et, avant sa naissance, vous vous rappelez de Marie, d’Elisabeth, de leur rencontre qu’on vient de ré-entendre ? Vous croyez qu’elles se sont pris la tête pareillement quand elles se sont rencontrées en prévision de la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus ? Vous croyez sérieusement qu’elles ont choisi le menu du petit déjeuner ?«
Eh oui, chers Amis. C’est une rencontre au sommet qui nous est racontée aujourd’hui. La fameuse rencontre entre Elisabeth et sa cousine Marie.
Mais dans cette rencontre au sommet, pas de petits fours, pas de cocktail dînatoire, pas de grands discours, pas de tresse ou de vin chaud, pas de président, d’adjoint du président, de secrétaire du président, d’adjoint du secrétaire, de sous-secrétaire, d’attaché de presse… Pas de presse du tout, d’ailleurs. Quel bonheur ! Pas de journalistes plus intéressés par le fric et les jeux que par la spiritualité. Pas de médias. Aucun photographe… Pas de tapis rouge. Pas de voiture officielle à petits drapeaux…
Juste deux femmes. Deux cousines. Juste deux futures Mamans qui se saluent. Et deux petits êtres qui se reconnaissent et qui tressaillent dans les ventres de leurs Mamans, comme pour se dire bonjour, eux aussi.
Juste une pauvre maison de Judée, là-bas, très loin des salons présidentiels, des moquettes feutrées, des palais des gouvernements et des hôtels cinq étoiles.
Cet hôtel-là n’a qu’une étoile, mais elle brille plus que toutes les autres.
Parce que notre Dieu a voulu nous faire comprendre cela. Sa demeure, ce n’est pas le Temple, ce n’est pas les sacrifices, l’encens, l’or, les rituels compliqués de l’ancienne Alliance. La lettre aux Hébreux, notre deuxième lecture, le disait très bien : la demeure de notre Dieu ce n’est pas cela. C’est très loin de tout cela.
Sa demeure, c’est une femme. Une Maman. Un lieu par lequel nous sommes tous passés un jour.
Alors que – je ne sais pas pour vous – mais moi je n’ai jamais habité de palais présidentiel ou d’hôtel cinq étoiles. Mais un ventre de Maman, oui. Et vous aussi. Tous.
Notre Dieu a voulu se faire l’un de nous pleinement. Complètement. Il a voulu nous rejoindre dans la paix de notre première demeure. Le prophète Michée dans la première lecture, d’ailleurs, annonçait un Dieu de paix.
Et notre Dieu est venu habiter les lieux les plus simples, les gens les plus simples, pour nous montrer que Dieu c’est tout simple. Ce n’est pas tout ce qu’on croyait jusque là, c’est juste un enfant.
Alors pendant les quelques jours qui nous séparent de Noël, chers Amis, demandons à Dieu la grâce de la simplicité. Demandons-lui de nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, de toutes nos prises de têtes – et Dieu sait si elles sont souvent nombreuses à l’approche de Noël, pour savoir qui placer à côté de qui – demandons-lui la grâce de la simplicité.
Ainsi nous pourrons l’accueillir dans la paix de nos cœurs, bien au chaud, comme il fut bien au chaud dans le sein de Marie.
___________________________________________
Hérémence, dimanche 20 décembre 2015, 10.30 (version enregistrée)
Et, jadis, dans une version légèrement différente :
Icogne, 22 décembre 2012, 18.30
St Maurice-de-Laques, 23 décembre 2012, 10.30
Hermine Pralong.
Merci Vincent de nous rappeler ce que doit être Noël. Voilà des semaines que j’évite de sortir en ville, car nul endroit où il n’y pas d’étalages de jouets où d’une chose où l’autre qui n’ont rien à voir avec Noël et il y a des années que cela m’énerve quand je pense aux Noël de mon enfance. J’essaye en ces temps d’aller plus souvent prier prés d’une crèche et d’aider quelqu’un plutôt que de penser à des dépenses inutiles. J’essaierai donc d’être prête si Jésus revenait et certainement que ru m’y aide plus que bien d’autre. Nèanmoins si l’on ne se voit pas, je te souhaite un heureux Noël au milieu de paroissiens priants avec l’Enfant de la crèche .
Antille Sylvie
Vincent, si seulement beaucoup de nos prêtres prêchaient dans la simplicité ,avec le coeur,quel cadeau pour nous les pauvres , les humbles. Merci pour ce beau cadeau que je viens de recevoir ce soir en lisant tes homélies. Je m’occupe de personne âgées et bien d’autres activités donc je n’ouvre pas souvent l’ordi.