La Foi sans œuvres est morte

Classé dans : Actu, Bible, Homélies, Temps ordinaire | 1
Imprimer
Photo DR : michelledastier.com

Homélie pour le 24e dimanche TO, année B

Isaïe 50,5-9a / Psaume 114 / Jacques 2,14-18 / Marc 8,27-35

> Pour ECOUTER l’homélie, cliquez juste à gauche du compteur ci-dessous :

Chers Amis,

La question des réfugiés – notamment les Chrétiens persécutés qui nous arrivent de Syrie – est une question sensible.

On en parle beaucoup, ces temps. On entend tout et son contraire à ce sujet. C’est toujours facile quand on n’a pas devant soi une personne mais juste l’idée qu’on s’en fait et une étiquette qu’on lui colle : « réfugié ».

« Ils vont nous envahir »… « La barque est pleine »… « Ils n’ont qu’à rester chez eux »… « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde »… Ces phrases, je les ai lues et entendues aujourd’hui encore.

Ces pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes, comme le dit Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui à propos de Pierre.

Ces pensées, ces articles, cette haine déversée comme autant de crachats de la part de bouches bien grasses de chez nous, tout cela fait honte au Christ, chers Amis.

C’est facile de dire qu’on n’a pas de place, bien calés dans un fauteuil devant son téléviseur. C’est facile…

Mais le jour où l’on se trouve devant un être humain, qui frappe à notre porte, dans notre village, le concept devient vivant, l’idée prend un visage humain, l’étiquette a des yeux, une bouche, des mains qui implorent, un nom.

Et que fait-on, alors ? Imaginez, chers Amis, un couple qui frappe chez vous – ici à La Sage – avec un petit enfant dans les bras et qui vous demande à manger… Vous vous voyez vraiment leur répondre « Allez-vous-en chercher de la nourriture ailleurs, et bon appétit ! » ?? Ce serait monstrueux. La négation absolue de notre identité chrétienne qui nous rappelle que c’est au Christ que nous claquerions alors la porte. « Ce que vous avez fait à ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait… »

C’est exactement ce dont parlait la lettre de Jacques, notre deuxième lecture de ce soir. Elle contenait cette phrase redoutable qui nous place devant un terrible miroir : « La Foi sans les œuvres est morte. »

Autrement dit : « Tu te dis chrétien et tu construis des barbelés autour de ta frontière ? Tu crois pas qu’il y a un léger problème de cohérence, chez toi, mon ami ? »

Mon Saint Patron, Saint Vincent de Paul, le disait avec ses mots à lui, des mots de feu : « Quoi ! disait-il, Être chrétien et voir son frère affligé, sans pleurer avec lui, sans être malade avec lui ! C’est être sans charité; c’est être chrétien en peinture; c’est n’avoir point d’humanité; c’est être pire que les bêtes. »

C’est être pire que les bêtes…

Ah, il avait des mots qu’on prenait en pleine figure, Monsieur Vincent ! C’est peut-être une caractéristique des Vincent, je ne sais pas…

Et Jacques avait parfaitement raison, lui aussi. La Foi sans les œuvres est morte. On ne peut pas prétendre avoir la Foi si l’on n’agit pas. Il y a un léger problème de cohérence !

Je méditais cette phrase cette semaine, et aussi mon homélie sur l’accueil de dimanche dernier, et aussi l’appel du pape François demandant aux paroisses d’accueillir chacune une famille de réfugiés, cet appel qui a été placardé sur cette porte.

Et je me suis dit que non, non je ne pouvais pas être de ceux qui tiennent de beaux discours et qui n’agissent pas. Vous savez, le style : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Je ne pourrais pas me regarder en face. Peut-être aussi est-ce le Seigneur qui m’a ouvert les oreilles, comme le disait la première lecture.

Alors j’ai décidé, chers Amis, d’accueillir à la cure, avec moi, sous mon toit, celles et ceux que le Seigneur m’enverra, ces prochains jours. Vous le lirez dans le Matin Dimanche, je crois. Et avec moi vous lirez d’autres noms qui le feront aussi, parmi le clergé.

J’espère que cette décision en suscitera d’autres.

« Le Seigneur défend les petits » disait le psaume. Ces mots doivent bien revêtir une réalité. Et je suis certain qu’il défendra ceux qui doivent légitimement être accueillis chez nous parce qu’ils ont été chassés de chez eux.

Je ne crois pas qu’il nous faille accueillir toute la misère du monde. Mais je crois que si chacun de nous fait un geste – UN – un geste pour une personne, alors la misère du monde peut sensiblement reculer, je crois que la haine entre les êtres humains peut sensiblement baisser, et alors le visage du Christ peut sensiblement mieux se dessiner à travers notre communauté, au travers de nos œuvres qui disent la vérité de notre foi.

Je ne vous demande pas d’être d’accord avec moi, chers Amis. Je vous demande juste de réfléchir honnêtement à cette phrase : « Notre Foi sans les œuvres est morte. »

___________________________________________

La Sage, samedi 12 septembre 2015, 20.00

Accueil réfugiés – article pape François

Lien vers l’article du Matin Dimanche

Imprimer

  1. Marie-Rose Métrailler

    J’ai lu l’article dans Le Matin Dimanche tôt ce matin : j’ai trouvé ça juste magnifique. Ensuite j’ai lu votre homélie de samedi à la Sage et là, je suis émue aux larmes. Comme vos paroles sonnent juste et comme vos actes reflètent la vraie charité chrétienne. Très sincèrement, je pense que beaucoup de gens seront touchés et interpellés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.