L’Amour, ça brûle… même les belles-mères !

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Homélie pour le 20e dimanche TO, année C

Jérémie 38, 4-6.8-10 / Psaume 39 / Hébreux 12, 1-4 / Luc 12, 49-53

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Vous savez quel est l’immense avantage du célibat je vis, la raison pour laquelle je ne changerai pour rien au monde ?

Vous avez une idée ?…

Je n’ai pas de belle-mère !

Non, blague à part, Jésus nous offre un scoop dans l’Evangile d’aujourd’hui : il n’est pas venu apporter un monde bisounours, fleur-bleue, rose-bonbon, et notamment il précise qu’entre les belles-filles et les belles-mères, ça ne va pas être tout simple.

…C’était dans l’Evangile !

Ah évidemment, on comprend mieux : puisque c’est marqué dans la Bible, c’est que c’est vrai !

Gardez ça au chaud, j’y reviens dans quelques instants.

…Enfin quand je dis « gardez ça au chaud », je ne parle pas des belles-mères, bien sûr… C’est une image… Ne les mettez pas au frigo non plus, elles ne méritent pas ça…

C’est l’IDEE qu’il faut garder au chaud.

Quoi que pour Jésus, le chaud… c’est loin d’être seulement une image… « Je suis venu apporter un FEU sur la terre », disait Jésus dans l’Evangile…, et ce n’est pas un petit feu de cheminée, c’est plutôt le genre grand feu de la St Jean, vous voyez !

« Je suis venu apporter un feu sur la terre et j’aimerais qu’il soit déjà allumé ! »

Qu’est-ce que c’est que ce feu qu’il est venu apporter sur la terre ?

Eh bien l’une de nos plus grandes saintes – qui pourtant est appelée « petite », la petite Thérèse, Thérèse de l’Enfant Jésus, parlait de l’amour de Dieu comme d’un feu qui la consumait de l’intérieur. Elle parlait d’un véritable brasier qui brûlait en elle pour son Jésus.

Et si vous allez voir une autre Thérèse, la « grande » cette fois-ci, Thérèse d’Avila, si vous regardez la statue qui a été faite d’elle dans l’église sainte Marie de la Victoire à Rome, une statue du Bernin, eh bien vous verrez ce que c’est qu’être en feu. Ça s’appelle « L’extase de Ste Thérèse », on l’appelle aussi parfois « Sainte Thérèse en feu ». Elle brûle tellement de l’intérieur, de l’amour du Christ, que cette statue est parfois jugée dérangeante par les gens qui la regardent, voire même érotique. L’extase est tellement bien représentée ! Elle brûler de l’intérieur !

Et pourquoi l’extase serait-elle dérangeante, Chers Amis ? Elle fait partie de notre vie humaine ! L’amour, ce n’est pas sale, ce n’est pas dérangeant, ce n’est pas mal, au contraire ! C’est une des plus belles choses que Dieu a créées, l’amour entre deux êtres ! Et l’amour qui revient vers lui aussi, cet amour dont brûlait Sainte Thérèse.

Certains des poèmes de la petite Thérèse adressée à son amoureux, comme elle parlait parfois de Jésus, certains de ses poèmes sont enflammés.

Mais ce n’est pas dérangeant, au contraire c’est beau !

Dans son encyclique « Dieu est Amour » le pape Benoît XVI disait cela. « Il y a, disait-il, de l’éros en Dieu. » Il y a de l’érotisme dans la manière par laquelle Dieu nous aime ! C’est le pape Benoît XVI qui disait cela… vous m’accorderez volontiers, le concernant, que ce n’est pas tout à fait un progressiste ! Eh bien c’est le premier pape à avoir dit cela : il y a de l’éros en Dieu.

Seulement attention, les amis ! Quand on dit que tout n’est qu’Amour en Dieu, ça ne veut pas dire « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », vous savez comme en mai 68, « peace and love » avec un joint à la bouche, encore, hein…

Non, non, ça ce n’est pas de l’amour, ça ! Ça, c’est de la guimauve, fleur-bleue, mais ce n’est pas de l’amour !

L’Amour c’est beaucoup plus fort que ça ! C’est même la force la plus violente qui existe sur cette terre. On peut tuer par amour, on ne le sait que trop bien !

Et à l’inverse, c’est encore par amour que l’on donne la vie. C’est dire la puissance de cette force qu’est l’amour. Nous sommes tous nés de l’amour. A priori.

Rien n’est plus fort que l’amour.

Dans la Bible – dans le Cantique des Cantiques qui est un texte amoureux – il est dit que même les torrents ne peuvent éteindre l’amour.

Quand on voit ce dont les torrents sont capables cette semaine dans nos régions, ça donne une idée de ce que voulait dire l’auteur du Cantique ! Même un torrent déchaîné ne peut pas éteindre l’amour, tellement c’est une force puissante !

Et si vous essayez de brûler de l’amour de Dieu, comme le faisait la petite Thérèse ou la grande Thérèse d’Avila… eh bien je ne vous prédis pas un long fleuve tranquille, chers Amis !

Si vous essayez de brûler de l’amour de Dieu et de le répandre autour de vous, vous allez allumer un véritable incendie ! On va vous traiter de pyromane, vous allez déranger !

Ah je peux vous dire que j’en sais quelque chose !

Moi, je ne sais pas être tiède, je ne sais pas comment ça fonctionne, je n’ai pas ce chromosome-là ! Je suis ou brûlant ou glacé… En même temps, dans l’Apocalypse, il est dit que le Christ vomira les tièdes, donc je ne m’en porte pas plus mal !

Mais enfin ce n’est pas toujours facile d’être brûlant, de brûler de l’amour du Christ. Quand vous avez des paroles de feu, comme cela m’arrive, les gens disent : « Oh, mais un prêtre, ne devrait pas parler comme ça… Un prêtre ça devrait être gentil… » Vous savez : « peace, love… »

…Non, ce n’est pas ça, un prêtre. Ça c’est un copain, c’est autre chose, mais ce n’est pas ça un prêtre.

Quand on parle au nom de Jésus, on a le feu en nous, normalement. Et on essaie de le raviver constamment !

C’est la même chose pour les prophètes ! Jérémie, dans la première lecture, en sait quelque chose… Pour avoir parlé au nom de Dieu avec des paroles de feu, il a été jeté dans une citerne ! Le pauvre ! Heureusement, il en est sorti juste après l’épisode que nous a lu Thomas.

Mais enfin il a d’abord été jeté dans une citerne ! Ses paroles de feu dérangeaient.

Et un certain Jésus a été cloué sur une croix parce que ses paroles de feu dérangeaient les bien-pensants de son époque, ceux qui disaient : « On a toujours fait comme ça, il faut continuer à faire comme ça ! Qui c’est, ce Jésus qui vient tout nous changer la messe ? »

…Je le dis avec mes paroles à moi, hein. Mais c’est pour ça qu’on l’a crucifié : parce qu’il essayait de venir déranger les bonnes petites habitudes bien installées des gens qu’il avait face à lui… ce que j’essaie de faire depuis cinq ans avec vous, et avec d’autres aussi.

Mais… ça ne marche pas trop mal puisque vous êtes toujours là… et que je n’ai pas encore été jeté dans une citerne !

Peut-être que je ne brûle pas assez… !

L’Amour de Dieu pour son peuple brûle, lui aussi. C’est l’amour d’un père pour ses enfants. Et un père, ce n’est pas fleur-bleue ou rose-bonbon. Un père, ce n’est pas celui qui dit à son fils : « Oh… tu as bousillé la voiture familiale un soir de cuite ? Bah c’est pas grave, viens faire un bisou à Papa… » C’est pas un père, ça, c’est un copain. On en connaît, des papas-copains, mais ce n’est pas un père.

Un père – et comme par hasard c’est ainsi qu’on nomme les prêtres, mon Père – un père c’est parfois dur, ça a parfois des paroles de feu, mais par amour pour ses enfants.

Un de mes amis a dit à sa fille de quinze ans, l’autre jour, lorsqu’il lui interdisait de sortir ce soir-là, il lui a dit : « Ma Chérie, c’est un ‘non’ qui veut dire ‘je t’aime’ »… J’ai trouvé ça très beau… « C’est un ‘non’ qui veut dire ‘je t’aime’… » C’est par amour qu’un père peut avoir des paroles dures, ou de feu.

Jérémie le sait bien, Paul le sait bien, le Christ le savait bien aussi.

Et là vous pouvez ressortir la belle-mère du four où vous l’aviez laissée, ou du frigo, c’est selon.

Parce que… qu’est-ce que nous dit le Christ, dans l’Evangile ? « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais plutôt la division… », ça nous écorche les oreilles ! Le « Diviseur » ce n’est pas lui, c’est l’autre ! Qu’est-ce qu’il veut dire par-là ?

Eh bien que la famille est un lieu d’amour, et que l’amour, ça brûle ! Et donc, s’il y a des conflits dans votre famille, c’est peut-être parce qu’il y a de l’amour.

Si on essaie de répandre l’amour du Christ dans une famille, ça brûle. Alors le feu c’est merveilleux, ça fait de la lumière, et de la chaleur, et de la joie… mais ça brûle aussi.

Les fils se dresseront contre leurs pères, les filles contre leurs mères, les belles-filles contre leurs belles-mères… ça ne va pas être tout simple de répandre l’amour, nous dit le Christ.

Et pourtant c’est ce qu’il faut faire.

Il faut continuer d’allumer ce feu, notamment dans nos familles qui sont des lieux d’amour.

Je suis venu apporter un feu sur la terre, dit le Christ.

Alors à nous d’oser raviver cet incendie, en nous d’abord et autour de nous, chers Amis. Et pour ça, il va falloir un peu plus que des allumettes M-Budget, il va falloir un feu du 1er août ou un feu de la Saint Jean ! Il va falloir l’Amour, le Vrai, le Grand. Celui qu’on nomme aussi le Saint-Esprit et que nous avons tous reçu à notre baptême. C’est ce feu-là qu’il nous faut raviver au fond de nous. Pas pour y brûler nos belles-mères – que Dieu les garde ! – mais pour raviver l’amour du Christ autour de nous.

C’est ce que je souhaite de tout mon cœur à votre belle communauté et à notre belle vallée!

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Le Crêtet, samedi 17 août 2019, 15.00 (END)

Vex, samedi 17 août 2019, 18.30

Hérémence, dimanche 18 août 2019, 9.00

Evolène, dimanche 18 août 2019, 10.30 (version enregistrée)

Euseigne, dimanche 18 août 2019, 19.00

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  1. Pralong

    J’ai la nette impression que dans certaines familles c’est mission impossible………..je pense peut-être faux, mais je le sens comme ça !
    Très belle homélie, surtout très explicite, à nous d’essayer de remettre
    du feu, mais je suis très septique.

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