L’art de vivre au présent

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Photo DR : blossomofthesoul.org

 

Homélie pour le 20e dimanche TO, année B

 

Proverbes 9,1-6 / Psaume 33(34) /  Ephésiens 5,15-20 / Jean 6,51-58

 

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

 

Chers Amis,

 

Il y a quelques temps, j’ai redit à une personne qui m’est précieuse combien je trouvais essentiel de vivre au présent et combien j’étais triste de voir qu’elle n’y parvenait pas, à mes yeux.

 

Je lui ai redit combien il me semblait vain de se complaire dans le « c’était mieux avant »… Peut-être que vous l’entendez cette phrase, parmi les plus âgés souvent, mais il ne faut pas s’y complaire.

 

Et je lui ai redit combien il me paraissait déplacé, à l’inverse, de trop se préoccuper de l’avenir.

 

Elle m’a fait remarquer très justement que, concernant l’avenir, il fallait tout de même prévoir certaines choses, et concernant le passé qu’effectivement certaines choses étaient meilleures, avant.

 

C’est vrai, certaines choses, oui. Mais de loin pas tout. Et de toutes façons, on ne pourra pas revenir en arrière, même vers ce qui était mieux. On peut vivre avec cet éternel regret, en se lamentant, mais ça ne va pas aller mieux pour autant. La vie ne sera pas plus belle.

 

Je trouve plus profitable, personnellement, de choisir de garder nos bons souvenirs bien au chaud dans notre cœur, mais d’avancer, parce que le temps, lui, ne revient jamais en arrière.

 

Comme le disait un humoriste français qui fut très éprouvé par la vie : « Le bonheur c’est d’arriver à se passer de ce que l’on n’a pas, de ce que l’on n’a plus et de ce que l’on n’aura jamais. » Je trouve cela plein de bon sens…

 

Le bonheur c’est d’arriver à se passer de ce que l’on n’a pas, de ce que l’on n’a plus et de ce que l’on n’aura jamais.

 

C’est le mécanisme de la publicité, Chers Amis. On vous fait croire que ce que vous n’avez pas, vous en avez ABSOLUMENT besoin ! … Non !

 

Le bonheur, c’est justement d’arriver à se passer de ce que l’on n’a pas.

 

Et quand on vit trop au passé, eh bien le bonheur c’est certainement d’arriver à se passer de ce que l’on n’a plus. Même si ce sont des personnes, et là c’est plus douloureux.

 

Et quand on vit trop dans le futur, eh bien le bonheur c’est certainement d’arriver à se passer de ce que l’on n’aura jamais, même si l’herbe est plus verte, toujours, dans le pré du voisin, nous le savons bien !

 

Quant au futur, oui bien évidemment cette personne avait raison quand elle me disait qu’il faut prévoir certaines choses. Mais « prévoir » ce n’est pas se « préoccuper ». C’est le verbe que j’avais utilisé.

 

Ce n’est pas pareil. Prévoir c’est indispensable, c’est rester souple en même temps : si vous demandez à un météorologiste de vous prévoir le temps qu’il fera demain, il peut le prévoir… mais… nous le savons bien en montagne particulièrement, ça peut changer !

 

Prévoir, c’est une chose. Se préoccuper, c’est autre chose. Celui qui se préoccupe – le verbe le dit très bien – s’occupe en avance – se PRE-occuper… Il est occupé aujourd’hui par demain, il est PRE-occupé. Ça c’est mauvais, parce qu’alors il n’est plus dans le présent, il est déjà dans la suite.

 

C’est comme ces gens – vous avez certainement vu ça à la télévision – ces gens qui serrent des mains, comme ça, à toute une série de personnes, on voit ça notamment en politique, quand il y a toute une file de personnes à qui il faut serrer la main, eh bien vous avez des gens, quand ils serrent la main, ils sont dans le regard de la personne à qui ils serrent la main, ils sont au présent.

 

Et puis il y a des gens, au contraire, ils serrent la main mais ils regardent déjà la personne suivante à qui ils vont serrer la main. Pour la personne qui est en face, c’est très désagréable, vous avez quelqu’un qui vous tend la main mais qui regarde ailleurs. C’est très impoli ! Ces personnes ne sont pas présentes. Elles sont déjà plus loin.

 

De l’autre côté, les personnes qui vous serinent à longueur de journée que tout était mieux avant montrent également une forme d’impolitesse. Parce que vous êtes là, devant elles, et elles vous disent « C’était mieux avant ! » donc c’est pas bien avec vous ! C’est ça que ça veut dire, aussi. C’est une forme de non-respect.

 

Il faut vivre au présent, chers Amis, autant que faire se peut. Et Jésus nous le dit très régulièrement dans l’Evangile.

 

Dans son prodigieux discours sur le pain de vie, que nous relisons depuis plusieurs dimanches, Jésus dit très régulièrement « JE SUIS », vous avez remarqué ? Notamment ce soir, « JE SUIS le pain de vie ».

 

Et c’est la carte d’identité de Dieu jusque dans l’Ancien Testament, ce Dieu dont le nom est JE SUIS.

 

Pas « J’ai été », pas « Je serai »… « JE SUIS ». Jusque dans l’identité-même de notre Dieu, nous sommes invités à voir le présent, Chers Amis, l’aujourd’hui de notre vie.

 

Et notre deuxième lecture, Paul, nous invitait à cela : « Ne vivez pas comme des fous », disait Paul… – qu’elle est actuelle cette deuxième lecture ! – « Ne vivez pas comme des fous mais comme des sages. »

 

Alors on a envie de demander à Paul : « Mais qu’est-ce que c’est, vivre comme un sage ? » Mais il le disait dans la phrase suivante : « Tirez parti du temps présent ». Vous voyez ? C’est la même idée…

 

C’était aussi la leçon du livre des Proverbes que nous avons entendu en première lecture.

 

La Sagesse, dans cet extrait, dresse la table. Elle invite ceux qui passent à demeurer, à manger avec elle, c’est-à-dire à vivre ce moment présent qu’elle a préparé.

 

Le texte est imparable : « Venez, dit-elle, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie et vous vivrez ! »

 

L’étourderie, c’est bien ne pas être présent à ce que nous avons sous les yeux.

 

A quelqu’un qui vous propose de manger et de boire ce qu’il a préparé pour vous, il ne vous viendrait pas une seule seconde à l’esprit de rétorquer : « Ah ben non, écoute c’est bien gentil, mais le vin d’autrefois était meilleur, tu sais… » Ce serait absurde ! Ou alors : « C’est bien gentil mais tu sais, avec toutes les saletés qu’il y a dans la nourriture, moi je ne mange plus, c’est fini.»

 

Savoir apprécier ce jour, le présent, nous prépare à apprécier le lendemain. Parce que si nous avons apprécié aujourd’hui pleinement, demain nous pourrons également apprécier ce nouveau jour, pleinement. Sans être dans le passé ou dans le futur.

 

Mais si nous nous pré-occupons du lendemain, nos pensées sont indisponibles pour apprécier ce que nous vivons aujourd’hui. Nous sommes dans l’étourderie dont parlait le livre des Proverbes.

 

Apprécions le présent, chers Amis. C’est ce fameux « Carpe Diem » qui nous y invite – « Cueille le jour », en latin.

 

Et sachons dire merci pour ce que nous avons, plutôt que d’avoir le regard fixé sur ce que nous n’avons plus ou sur ce que nous n’aurons peut-être jamais.

 

Le psaume nous le rappelait à son tour : « Je bénirai le Seigneur en tout temps. », c’est cela, aussi, l’art subtil de savoir vivre au présent.

 

D’ailleurs en français, il y a un très joli jeu de mots à faire, pour terminer, vous le connaissez sûrement :

 

Hier n’est plus,

demain n’existe pas encore,

aujourd’hui est un cadeau.

C’est pour cela qu’on l’appelle le « présent ».

 

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Vex, samedi 18 août 2018, 18.30

Hérémence, dimanche 19 août 2018, 10.30

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