Le chasse-neige de nos coeurs

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Homélie pour le 2e dimanche de l’Avent B

 

Is 40,1-5.9-11 / Psaume 84  /  1 Pierre 3,8-14 / Marc 1,1-8

 

NOTA BENE : en raison du Coronavirus, en 2020 je n’ai pas enregistré mon homélie de ce 2e dimanche de l’Avent. Voici le texte de ma prédication sur ces mêmes textes il y a quelques années.

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Quelle belle neige, n’est-ce pas, chers Amis ?

 

Bon, la neige on aime bien la voir sur les sapins, sur les pistes, on l’aime un peu moins sur la route, en général. Encore que : moi j’aime bien conduire sur la neige. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

 

Ça m’évoque l’histoire – véridique – d’une amie qui vit dans nos montagnes valaisannes et qui, contrairement à moi, n’aime pas tellement conduire sur la neige. Un jour qu’il avait bien neigé comme aujourd’hui, elle débouche d’un petit chemin sur une grande route cantonale. Pas de chance, le chasse-neige venait de passer sur la route. Et donc il y avait entre la route et le petit chemin un joli petit tas de neige qu’avait laissé le chasse-neige, forcément.

 

« C’est pas ça qui va m’arrêter », dit-elle. « Je passe ! ».

 

La voiture est montée sur le petit tas de neige… et elle est restée bloquée dessus. Je ne vous dirai pas sa couleur de cheveux pour ne pas vexer mes amies blondes… Mais ça aurait pu arriver à n’importe qui, quelle que soit notre couleur de cheveux. On se croit toujours plus malin.

 

Dans ce genre de cas, il arrive sur le moment qu’on passe Dieu par tous les noms d’oiseaux possibles, alors qu’il n’a rien fait, le pauvre ! Et au passage qu’on lui demande pourquoi il n’est JAMAIS là au bon moment pour nous aider.

 

Bon, après on passe notre colère sur le conducteur du chasse-neige – heureusement qu’il est parti sans quoi il passerait un sale quart d’heure, le pauvre ! Alors qu’il n’y est pour pas grand chose non plus, lui il a rendu service.

 

Et puis après on réfléchit un peu. On s’aperçoit que ni Dieu ni le conducteur du chasse-neige ne méritent notre colère. On aurait mieux fait de ne pas se croire tout-puissants, d’aplanir un peu les montagnes d’orgueil qu’on a parfois dans le cœur.

 

Eh oui… parce que les histoires de routes à aplanir que nous avons entendues dans les lectures d’aujourd’hui… il s’agit aussi des routes de nos cœurs à aplanir.

 

D’abord, le prophète Isaïe ne parlait pas de neige. Parce que la neige, c’est quand même sacrément rare dans la région où il habitait !

 

Non, Isaïe parlait de routes à préparer, de montagnes à aplanir, de ravins à combler, histoire que ce soit plat, mais dans le désert, disait-il.

 

…Bon, il y a aussi des gens qui conduisent dans les déserts, hein… Et qui se croient tout puissants eux aussi, ça arrive. Faut croire que ça pourrait arriver même avec du sable, ma petite histoire !

 

N’empêche, il y a des déserts dans notre cœur, parfois. Et c’est de ces déserts-là dont parle Isaïe.

 

Marc aussi d’ailleurs, dans l’Evangile que vous avez ré-entendu. Il parle de routes à aplanir pour préparer la venue du Seigneur. En fait, il cite le prophète Isaïe, juste avant de parler d’un autre prophète, Jean-Baptiste, patron de notre paroisse.

 

Et que dit Jean-Baptiste ? Il proclame la conversion. Là non plus il ne s’agit pas de neige, et de savoir se retourner avec des skis aux pieds, il nous demande de nous convertir, de convertir nos cœurs pour préparer la venue du Seigneur.

 

Y aurait-il alors des montagnes à aplanir dans nos cœurs ? Y aurait-il des ravins à combler dans nos cœurs ? Bah faut voir…

 

Vous avez remarqué, au passage, comme ces deux textes se répondent, la première lecture et l’Evangile. Au milieu, il y avait la deuxième lecture. Et c’est là qu’elle prend tout son sens, la lettre de Pierre – c’est pas courant, souvent on lit des lettres de Paul, cette fois-ci c’était la lettre de Pierre.

 

Elle aussi parlait de conversion, en nous disant une sacrée bonne nouvelle : le Seigneur est infiniment patient, disait Pierre. Et il en sait quelque chose, lui qui l’a renié trois fois et à qui le Seigneur a pardonné trois fois.

 

Le Seigneur est infiniment patient. Il ne veut pas laisser un seul d’entre nous se perdre, alors il attend patiemment qu’on ait fini de mettre tout à plat sur les routes de nos cœurs, pour ne pas rester crochés avec nos voitures, bêtement, sur le petit tas de neige.

 

Dites-moi, chers Amis, je me pose la question avec vous : est-ce qu’on en prend soin, des routes de nos cœurs ? Vous avez vu comme elles sont belles, les rues de nos villages, en ce moment ? Avec de belles décorations de Noël, la nuit, c’est illuminé, c’est magnifique ! Il y a des petites lumières, il y a des flocons, des étoiles…

 

Est-ce que nous décorons les routes de nos cœurs pendant le temps de l’Avent ? Est-ce qu’on y met des petites lumières, des étoiles, des décorations ? Posons-nous la question.

 

Parce que c’est de ces routes-là dont parlaient Isaïe, Jean-Baptiste, Pierre et les autres. Ces routes spirituelles qu’on a parfois de la peine à déneiger pour préparer Noël, pour préparer la venue du Seigneur.

 

Nos cœurs parfois bien encombrés, pleins d’autosuffisance et qui se disent : « je m’en sortirai tout seul, je passe. »

 

…et on passe… et on reste crochés bêtement sur le petit tas de neige de l’Avent en voulant atteindre la route cantonale de Noël…

 

Dieu ne veut pas laisser qui que ce soit bloqué sur le petit tas de neige de notre cœur. Mais il a besoin de notre humilité, de notre désir de conversion. Il a besoin qu’on utilise tout ce qu’il met à notre disposition pour ça, plutôt que de rester là au bord de la route à maudire Dieu et le conducteur du chasse-neige.

 

Ah oui, parce que j’ai oublié de vous dire mais Dieu nous laisse des outils pour passer le petit tas de neige !

 

Il y a la pelle à neige déjà – c’est un bon début mais c’est long, surtout suivant le tas de neige qu’a laissé le chasse-neige – ça s’appelle la prière. C’est un bel outil. L’Avent est un beau moment pour s’y remettre.

 

 

Avec la pelle à neige, il y a les pneus neige. – c’est plus efficace – ça s’appelle le partage, la solidarité, l’amour répandu autour de nous. C’est ça qui nous fait adhérer à l’amour de Dieu, comme les pneus-neige nous font adhérer au sol. Et pendant l’Avent, c’est pas mal aussi, de partager davantage.

 

Il y a les chaînes à neige – encore plus efficaces – ça s’appelle l’Eucharistie. C’est ce que vous êtes venus prendre aujourd’hui. On ne les met pas tout le temps – comme on ne vient pas forcément prendre l’Eucharistie tous les jours – mais ça nous donne une force supplémentaire, bien sûr.

 

Et puis il y a le top du top, le chasse-neige – s’appelle le sacrement du pardon. Et c’est Dieu qui conduit le chasse-neige.

 

Et le gars qui est en gilet orange au bord de la route, dans nos Eucharisties il est en blanc et violet, ça s’appelle un prêtre. Lui, il a le numéro du conducteur du chasse-neige… Et il a une souffleuse avec lui pour le cas où il y aurait un petit tas de neige de plus.

 

Alors chers Amis, allez-vous tenter le passage jusqu’à Noël tout seuls comme des grands, au risque de rester bloqués sur le petit tas de neige ? Libre à vous. Mais si jamais il y a un souci, je suis là, au bord de la route, avec mon gilet orange.

 

Pour le cas où vous auriez besoin de Dieu, bien sûr…

 

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La Sage, samedi 9 décembre 2017, 20.00

Evolène, dimanche 10 décembre 2017, 10.30

 

Et jadis dans une version légèrement modifiée :

Hérémence, 6 décembre 2014, 19.00

Evolène, 7 décembre 2014, 10.30

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  1. Fabienne Seydoux

    Merci beaucoup pour cette homélie. Quelle magnifique invitation au sacrement du Pardon.

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