Le dépassement, de Gabidou à Jésus

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Photo DR : la sculpture cycliste tout en ballons (c) Gabidou

Homélie pour le 6e dimanche de Pâques B

Actes 10,25-26.34-35.44-48 / Psaume 97 / 1 Jean 4,7-10 / Jean 15,9-17

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Chers Amis,

Comme plusieurs d’entre vous j’imagine, samedi passé je regardais le tour de Romandie. Et en les regardant monter les Valettes, je me disais : « Mais qu’est-ce qui peut bien pousser un être humain normalement constitué à faire un truc pareil ? »

Bon, d’accord, pour certains, à une époque, y avait ceux qui aimaient un petit peu trop les produits chimiques, bien sûr… mais c’est fini tout ça… on espère !

Pour d’autres, il y a l’amour de la gloire, la vaine gloire, celle des magazines.

Plus noblement, pour la plupart d’entre eux, il y a l’amour du sport.

Mais bon, moi j’aime le sport… je ne vais pas forcément m’épuiser à monter cette route, comme un fou, à vélo !
J’ai monté les Valettes à vélo, quand j’étais adolescent, je peux vous dire que j’ai mis le pied à terre pas mal de fois dans pas mal de contours ! Il ne me serait pas venu à l’idée de foncer à m’en décoller les poumons.

Alors je regardais ces cyclistes, avec admiration, mais sans réponse à ma question. Qu’est-ce qui peut bien pousser quelqu’un à faire une chose pareille ?

Et, comme la plupart d’entre vous, si vous étiez ici samedi, j’avais aussi déjà vu l’incroyable cycliste en ballons qui les attendait, flottant tranquillement sur le lac. La fantastique sculpture de l’ami Gabidou et de ses copains.

Et je me disais qu’il est quand même sacrément fou, ce Gabidou. Quand Casimir m’avait dit quelques jours en arrière : « Tu verras, je fais un petit truc marrant pour l’arrivée à Champex », je m’étais déjà méfié parce que je le connais bien… et je sais qu’il est capable de tout. Mais là j’avoue que ça dépassait tout ce que j’avais imaginé !

Et c’est là que j’ai compris. C’est là que j’ai compris et les cyclistes, et Gabidou, et même Jésus. Avec cette phrase.

« Ça dépassait tout ce que j’avais imaginé… »

C’est ça, précisément, qui pousse toutes ces personnes. Un dépassement. Le dépassement de soi. L’amour qui pousse les cyclistes en haut des Valettes, c’est l’amour du dépassement de soi.

Nous, devant nos écrans de télés ou au bord de la route, on n’a rien compris ! Parce qu’on croit qu’ils veulent dépasser les autres, mais pas du tout! Le dépassement le plus important dans une course cycliste, c’est le dépassement de soi-même.

Aller au-delà de ce que l’on croit possible.

C’est aussi ce qui a poussé l’ami Casimir. Il est allé au-delà de ce qu’il croyait possible. Il s’est dépassé lui-même pour faire cette sculpture avec ses amis.

Et c’est exactement cet amour-là que nous enseigne Jésus, notamment dans les textes qu’on a entendus tout à l’heure.

Pas de plus grand amour, dit Jésus, que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Si ça, c’est pas un dépassement de soi !

Personne ne veut donner sa vie, à la base. Mais si c’est par amour, alors on en est capables. Les plus grands saints nous l’ont montré, jusqu’au bienheureux Maurice Tornay par exemple, en donnant leur vie pour d’autres.

Et se dépasser soi-même, ça commence par des petits gestes dans notre quotidien.

On te doit le respect et c’est toi qui t’inclines ? Eh bien voilà un premier dépassement, enseigné par Pierre dans notre première lecture.

Tu estimes que c’est à l’autre de faire un pas vers toi et c’est tout de même toi qui va vers lui pour lui demander pardon, voilà un magnifique dépassement de soi enseigné aussi par la deuxième lecture : « Aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu », disait la lettre de Jean.

Ce n’est pas la victoire que cherche un vrai sportif, d’abord. Il la cherche, bien sûr, mais pas d’abord ! Ce qu’il cherche d’abord, c’est à se dépasser lui-même. L’exploit aux yeux du monde n’a que peu d’importance face à l’exploit à nos propres yeux, face au dépassement de soi que représente ce genre de compétition. C’est d’abord face à lui-même qu’un vrai sportif est en compétition. Toujours.

Et cet amour du dépassement, c’est ce même amour qui nous emmène vers Dieu, puisque Dieu est amour.

Et cet amour du dépassement, eh bien cela passe par de petites choses au quotidien pour arriver un jour au don suprême, au dépassement suprême, à l’amour suprême qui est de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Des petites choses du quotidien : ça va du clown qui gonfle ses petits ballons jusqu’à en faire un exploit, jusqu’à Jésus qui donne sa vie sur une croix. Et ça passe par la mère de famille qui se lève à trois heures du matin, c’est un dépassement de soi-même ! Ça passe aussi par un cycliste qui monte les Valettes, c’est un dépassement de soi-même ! Ça passe par notre nouveau prévôt qui tout en étant prévôt se nomme vicaire au service des prêtres de Martigny, vous l’avez lu. Sacré dépassement de soi-même ! Ça passe par l’Apôtre Pierre qui relève le centurion romain Corneille – c’était notre première lecture – en lui disant : « Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » C’est un dépassement de soi-même…

Et cela va jusqu’à ceux qui sont prêts à donner leur vie, aujourd’hui. Nos nouveaux gardes suisses pontificaux, par exemple, dont l’assermentation cette semaine – avec les Valaisans à l’honneur – faisait dire au photographe du Nouvelliste, vous l’avez peut-être lu, je cite : « Je ne peux que m’incliner devant la foi et l’engagement de ces jeunes soldats. Des hommes prêts à donner leur vie pour sauver celle d’un autre. » Eh bien voilà, on y est, au dépassement de soi.

Alors ayons le goût, chers Amis, du dépassement de soi. C’est ce que nos ancêtres nous ont appris dans ces montagnes. C’est ce que les cyclistes, en chair et en os ou en ballons, nous ont montré le week-end dernier.

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Champex, samedi 9 mai 2015, 17.00

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