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Homélie pour le 5e dimanche de Pâques, C
Actes 14, 21b-27 / Psaume 144 / Apocalypse 21,1-5a / Jean 13,31-35
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[Messe avec les enfants qui se préparent au premier pardon]
Alors dites-moi, les enfants du pardon : j’ai une question pour vous (je la poserai aux adultes après) : est-ce qu’il est facile d’aimer ?
…Pas très facile…
…Toi, tu dis « C’est facile ».
Et les adultes, qu’est-ce que vous dites ? Est-ce qu’il est facile d’aimer ?
Vous avez vu, ils osent moins répondre que vous, hein !
Vous qui vivez ensemble pour la plupart, qui avez plusieurs années de mariage derrière vous pour certains, quelques blessures parfois très profondes dans ce domaine, que dirions-nous, nous les adultes ? Honnêtement… Est-ce que c’est facile d’aimer ?
Pas tellement ! C’est pas si facile d’aimer…
[à l’enfant qui a dit que c’était facile] : Mais tu avais raison aussi, parce qu’il y a un moment où c’est très facile d’aimer, c’est au début.
Ah, au début c’est facile ! Au début c’est facile d’aimer, quand on est tout amoureux. Y a peut-être des jeunes, derrière, qui savent ça.
Quand on est tout amoureux, c’est tellement facile d’aimer, on a le coeur transporté de joie, d’allégresse…
Et puis alors vous savez, il y a un truc bizarre, on peut habiter n’importe où, New-York, Sion, Vex peu importe, à ce moment-là les murs sont roses ! C’est très étonnant, quelle que soit la ville où on habite, on voit plein de choses en rose, tout au début quand on est amoureux.
Ça m’est déjà arrivé aussi, hein, avant que je sois prêtre. Ça arrive parfois même plusieurs fois dans une vie, de tomber amoureux.
Et c’est extraordinaire, on est tout-tout bien dans le coeur, on est tout au chaud, ça peut être une journée épouvantable au niveau météo, la neige qui arrive, le brouillard qui est là, la patrouille des glaciers qui a été annulée… Et pourtant si on est amoureux, mais alors… quelle importance ! Tout va bien.
Voilà comment on est quand on aime, au début. Vous vous souvenez, les adultes ? Y en a qui aiment toujours comme ça maintenant, hein… chapeau !
Et, des fois, on a un petit peu l’impression que Jésus, lui aussi, il aime comme ça. Que c’est facile pour lui, d’aimer. D’abord parce qu’il est Dieu, alors ça doit être facile pour Dieu, d’aimer. Et puis, aimer, lui, il doit savoir faire.
Et quand on entend la phrase qu’on a entendue dans l’Evangile tout à l’heure « Aimez-vous les uns les autres », vous avez entendu cette phrase ? « Aimez-vous les uns les autres », on se dit que, pour Jésus, ça doit être assez facile à dire, lui qui est tout Amour.
‘Pensez que c’est facile, pour Jésus d’aimer ? Oui, hein, on est plusieurs à le penser, je crois.
Eh ben… pas vraiment, en fait. Vous savez, quand il dit cette phrase – « aimez-vous les uns les autres », il fait nuit, ce soir-là, il est triste, il a peur. Quand il prononce cette phrase, « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », on est sur le mont des Oliviers. Et Jésus sait qu’il va mourir.
…Ah oui, ça calme, tout à coup, hein…
Et il y a pire. A ce moment-là, précisément, il sait que Judas – on l’a entendu dans le texte – Judas qui vient de quitter la table, il sait que Judas est en train de le trahir pour quelques pièces de monnaie (même pas des nouveaux billets de cinquante francs !). Lui qui était son ami, il est en train de le trahir.
Est-ce que c’est facile d’aimer une personne qui nous trahit, vous croyez ?
…Non, hein. C’est difficile d’aimer quelqu’un qui nous fait du mal.
Et Jésus sait aussi que Pierre, qui est à table avec lui, Pierre qui vient de dire qu’il l’aimait tellement qu’il pourrait mourir pour lui, eh bien Jésus sait que le même Pierre va le renier, va le trahir dans quelques heures, en pleine nuit. Il va aller jusqu’à dire qu’il ne connaît même pas Jésus.
C’est terrible, pour un ami, de dire qu’on ne le connaît même pas !
Est-ce que c’est facile, vous croyez, pour Jésus, de dire à Pierre qu’il l’aime vraiment, alors qu’il sait tout ça ? Non, hein…
Non, rien de simple là-dedans. Et pourtant c’est ce que dit Jésus. « Aimez-vous les uns les autres. » Et il ajoute : « Comme je vous ai aimés. »
C’est facile à dire ! On à envie de dire à Jésus : « Dis donc, toi t’es Dieu, hein ! Pour nous c’est pas simple ! »
Une personne qui nous trahit, c’est pas facile de dire qu’on l’aime, vous venez de le dire.
Et pourtant c’est ce que nous propose Jésus pour que le monde aille mieux.
Une personne t’a fait du mal ? Ça vous est arrivé, qu’une personne vous fasse du mal ? Bah bien sûr, ça arrive, à la cour de récré comme ailleurs. Et Jésus nous dit : « Une personne t’a fait du mal ? Eh ben prie pour elle. Essaie de l’aimer, encore un peu plus. » C’est le seul moyen de la rendre meilleure, et de rendre le monde meilleur par la même occasion, parce que si on déclare une guerre à la personne qui nous a fait du mal, bah ça va pas tellement arranger les bidons, hein !
Vous savez, les enfants, il y a une personne – parce que c’est joli de prendre des exemples comme ça, dans l’éther, hein, mais faut prendre des exemples concrets des fois – il y a une personne qui m’a fait du mal cette semaine. Oui, ça m’arrive aussi, hein. Je suis sûr que les adultes, aussi, ça leur arrive. Peut-être cette semaine. Il y a une personne qui m’a envoyé une lettre et qui m’a dit que tous les autres prêtres de la paroisse avaient été bien meilleurs que moi… ça fait pas tellement plaisir…
Eh bien, vous voyez, cette personne, je l’aime beaucoup, j’ose le dire. D’abord parce que c’est quelqu’un de remarquable dans son travail et ensuite parce que comme Jésus avec Pierre, je sais que si elle m’a dit ça, c’est probablement parce qu’à ce moment-là il faisait nuit dans son coeur. Mais qu’après la nuit, il y a toujours le jour, il y a toujours la lumière qui revient. Et puis ça reviendra…
Et pour ça il y a un outil indispensable, un outil que vous connaissez bien puisque vous le préparez, c’est le PARDON.
C’est un bel outil, le pardon. Comme un tournevis permet d’enlever des vis – vous avez déjà essayé ? – eh bien le pardon ça permet d’enlever les vis qui sont plantées dans nos coeurs, pour plus qu’elles nous fassent mal. Ça nous permet de les enlever.
Et si je recroise cette personne je lui dirai que je lui ai pardonné. Ça m’a pas fait bien plaisir, ce qu’elle m’a écrit, mais je lui ai pardonné.
Comme à vous quand un camarade vous tape ou vous insulte, ça fait mal.
Mais je vous encourage aussi à pardonner.
Des fois il faut un peu de temps, des fois il faut laisser passer quelques jours – c’est pas facile.
Mais d’aller trouver la personne, puis lui dire : « Je te pardonne. » Vous essaierez ? …Oui ? Comment « non » ! Toi tu essaieras ? Excellent. Je suis sûr que les adultes, y en a qui ont déjà essayé de nombreuses fois dans leur vie. Et ça marche, ça rend le monde meilleur !
C’est pas facile d’aller trouver quelqu’un pour lui dire qu’on lui pardonne, mais ça marche. On peut lui dire : « Je te pardonne, tu sais, je t’apprécie, je t’aime comme tu es, avec tes défauts, avec tes qualités, avec tes bons et tes mauvais moments. Et je sais que si tu m’as fait du mal, au fond de toi c’était peut-être pas ce que tu voulais.»
Comme disait la première lecture : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu. »
Mais quand nous y serons, alors, quand on sera avec Dieu, la deuxième lecture le disait très bien, il n’y aura plus de larmes. Ça vous arrive d’avoir des larmes ? Bah oui ça arrive à tout le monde. Eh ben y en n’aura plus, dans le Royaume de Dieu, c’est quand même une sacrée bonne nouvelle !
C’est quand même une sacrée bonne nouvelle…
Et on peut commencer le Royaume de Dieu ici, là où nous vivons, avec l’amour et avec le pardon. Pour ma part ça change ma vie jour après jour.
Alors je vous encourage à essayer, vous aussi !
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Vex, samedi 23 avril 2016, 18.30 (version enregistrée)
Evolène, dimanche 24 avril 2016, 9.00
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