L’eau bonne aussi pour le coeur

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Photo DR : la fontaine du Petit Prince, près de Rio, visible sur www.lepetitprince.com
 

Homélie pour le 3e dimanche du Carême A

Exode 17,3-7 / Psaume 94 / Romains 5,1-2.5-8 / Jean 4,5-42

 

Chers Amis,

Un copain qui marche souvent dans le désert me disait ceci « Le premier jour, l’ennemi c’est le soleil. Le deuxième jour, c’est la soif. Et à partir du troisième jour, c’est ton frère qui marche avec toi… »

C’est exactement le début de notre première lecture. Après le soleil et la soif, les gens du peuple d’Israël se dressent contre leur frère, Moïse. Et contre Dieu.

La tentation suprême qui les atteint en plein désert, c’est de rendre Dieu responsable de tout.

C’est pour cela que le lieu va s’appeler Massa et Mériba. Massa, en hébreu, c’est le défi, l’épreuve, la tentation de Dieu. Et Mériba ce n’est pas mieux puisque c’est l’accusation dit le texte, plus précisément la querelle, la dispute.

Le peuple se querelle, accuse Dieu et le met au défi.

Dans le désert, au bout de quelques jours de marche, on peut en venir à accuser l’autre et à défier Dieu.

Mais nous sommes peu à avoir déjà eu l’occasion de marcher dans le désert : il y a peu de déserts par chez nous. Pourtant c’est bien souvent dans nos vies que nous en voulons à Dieu, ou que nous le mettons au défi, ou que nous l’accusons à tort.

Alors posons-nous la question, chers Amis : C’est quoi, mon désert à moi ?

… C’est quoi, c’est où, mon désert à moi ?…

La vieillesse peut être un désert. La solitude peut en être un. La maladie aussi. La souffrance est assurément un désert. Le doute, la détresse, la peur, l’impression que personne ne nous comprend vraiment, voilà des déserts que nous pouvons connaître…

L’adolescence est un désert, pour beaucoup de nos jeunes. On chemine dans un corps qui change, on se sent incompris, seul. A la maison c’est la crise. Nos parents sont des abrutis, de toutes façons. La personne qu’on aime de tout notre coeur ne nous regarde même pas.

On est tenté par plein de choses, plein d’expériences. Sorties, cigarettes, alcool, sexualité pas toujours maîtrisée, etc.

Voilà des déserts que nous avons tous traversé un jour chers amis, et que nous sommes peut-être en train de traverser pour les plus jeunes d’entre nous.

Et du coup, l’eau n’est pas forcément de l’eau… Enfin vous comprenez ce que je veux dire : ce qui va assouvir la soif que nous ressentons dans ces déserts-là n’est pas forcément un verre d’eau bien matériel.

Dans le désert relationnel, il y a des gens qui meurent de « soif ». L’eau dont ils ont besoin c’est une écoute, des gens qui fassent attention à eux, qui les comprennent. Et nos ados meurent de cette soif-là, très souvent.

Et quand je dis « meurent », hélas, ce n’est pas qu’une image, vous le savez bien.

Dans la solitude, l’eau dont nous rêvons c’est l’autre.

Dans le doute, l’eau qui ferait du bien c’est la foi.

Vous avez lu le Petit Prince ? Tout le monde a lu le Petit Prince, bien sûr ! Mais souvent on le lit avec des yeux d’enfants. Le génie de St Exupéry c’est qu’il a écrit cette histoire pour les adultes, pour qu’ils retrouvent la simplicité des enfants. Mais c’est un livre pour les adultes, chers Amis.

Et quand on le relit en adulte, ce ne sont pas les mêmes phrases qui nous frappent. Essayez, vous verrez !

Ainsi, l’aviateur pionnier qu’était St Exupéry savait parfaitement ce que c’était que la soif, dans le désert. Il l’avait expérimentée physiquement.

Mais il avait compris qu’il y a d’autres soifs, encore plus mortelles, exactement comme Jésus et la Samaritaine dans l’Evangile de Jean. Et il avait compris qu’il y a d’autres tentations dans d’autres déserts.

Lorsque le narrateur du Petit Prince est en bout de course, coincé dans le désert, assoiffé, il marche avec le Petit Prince pour trouver une source, une oasis.

« Ce qu’il y a de beau dans le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits, quelque part…« 

Voilà la phrase que tout le monde a retenu.

Mais juste un peu avant, alors que le narrateur dit au Petit Prince : « Tu as donc soif, toi aussi ? », il est surpris que le Petit Prince réponde apparemment à côté de la plaque.

Car la réponse du petit garçon blond est celle-ci :

« L’eau peut aussi être bonne pour le coeur…« 

L’eau peut aussi être bonne pour le coeur !

C’est magnifique ! Et on ne retient pas cette phrase, en général !

On retient plutôt qu’il faut boire un verre de vin rouge par jour, ça c’est bon pour le coeur. Mais ce n’est pas vraiment le sujet du Petit Prince !

L’eau peut aussi être bonne pour le coeur !

Mais c’est la mystérieuse eau que propose Jésus à la Samaritaine dans l’Evangile, cette eau qui ne donne plus soif, cette eau qui jaillit au fond de nos coeurs. Cette eau c’est la certitude d’un Amour. La certitude qu’on n’est pas seul dans les déserts de nos vies. La certitude que quelqu’un est là pour nous écouter quand on en a besoin.

Ce peut être Dieu, mais c’est aussi les personnes qu’il place sur nos chemins de vie et au travers desquelles il fait passer sa grâce : pour nos jeunes, leurs parrains, marraines, parents, amis, puis plus tard ce sont les conjoints, enfants, frères, soeurs, collègues, prêtres, que sais-je ?

Quels que soient nos déserts, chers Amis, soyons absolument certains que nous n’y sommes JAMAIS seuls. Sans quoi nous courons le danger de retourner à Massa et Mériba, et d’accuser Dieu ou de le mettre au défi.

Il est là, au coeur de nos déserts, au coeur de nos doutes. Il a de l’eau pour nous. Cette eau bonne pour le coeur.

Ce qu’il y a de beau dans notre coeur, c’est qu’il cache un puits. Et ce puits s’appelle l’Amour.

Et comme Dieu est Amour, ce puits qui donne l’eau au fond de notre coeur s’appelle Dieu.

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Icogne, 22 mars 2014, 18.30

Lens, 23 mars 2014, 9 h. 30

Crans-sur-Sierre – messe des jeunes, 23 mars 2014, 18.00

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