L’Eglise du petit doigt de pied

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Photomontage DR : online-instagram.com et webmarchand.com

Homélie pour le 3e dimanche TO, année C

Néhémie 8,1-10 / Psaume 18 / 1Corinthiens 12, 12-30 / Luc 1,1-4 ; 4,14-21

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[messe avec les jeunes Confirmands de l’année]

Je vais vous raconter un truc qui m’est arrivé, mais qui vous est sûrement arrivé une fois aussi – même les plus jeunes d’entre vous,

Chers Amis,

L’autre jour, je me suis cogné le petit doigt de pied contre un meuble. Ouh je vois à certaines de vos grimaces que ça vous est déjà arrivé… Les adultes aussi, non ?

Dans l’échelle de la douleur, juste au-dessus de ça, il y a encore « marcher sur un Lego »… Je vois que c’est du connu aussi, pour certains d’entre vous… Ah oui, les parents… quand la chambre est mal rangée, ça peut faire mal, hein !

Marcher sur un Lego, se cogner le petit orteil à un meuble, on connaît.

Et pendant quelques instants, je ne sais pas si vous avez remarqué, quand ça nous arrive, il n’y a plus rien d’autre qui existe, mais alors plus rien.

On peut vous parler des enfants qui meurent en traversant la Méditerranée, on peut vous parler de la faim dans le monde, du virus Ebola, pour vous [aux jeunes] on peut vous parler de votre prochain examen d’allemand, pour les adultes de l’augmentation des assurances-maladie, on s’en fiche ! Y a plus rien d’autre qui existe que notre petit doigt de pied, à ce moment-là. Plus rien !

C’est comme quand vous vous mordez la langue, en mangeant… hein, vous avez déjà ressenti ça ? C’est pareil, hein, vous êtes plus qu’une langue, pendant quelques instants, il y a plus rien d’autre qui existe !

Eh bien vous avez travaillé un texte qui parle de ça. Et on l’a ré-entendu, c’est un texte de l’apôtre Paul – et puis c’est bien chez nous parce qu’en plus c’est un autre Paul qui nous l’a lu.

Et vous avez travaillé une petite partie de ce texte… j’ai demandé à Paul de tout vous lire, parce qu’en réalité le texte est plus long. Et ce texte parlait de ça.

Paul a pris une image très simple pour nous parler de l’Eglise. Il a dit : « c’est comme un corps humain, l’Eglise ». Dans un corps, il y a une tête, il y a des pieds, il y a des mains, il y a un petit orteil, y en a même deux. Il y a une langue.

Ben dans l’Eglise c’est pareil. Si vous vous retournez – vous allez voir quantité de têtes et vous allez pas voir les petits orteils – mais il y a quantité de gens différents qui sont là autour de nous.

Et ils ont différents rôles !

Il y a des personnes qu’on voit, comme les servants de messe, comme le lecteur de tout à l’heure, Paul, ou bien comme le prêtre. Il y a des personnes qu’on voit autour de vous : les catéchistes, Pascale, Marie-Christine… Il y a des personnes qu’on voit passer furtivement, comme Gene tout à l’heure, notre sacristine de ce soir. Il y a des personnes dont on voit le travail: nos fleuristes, par exemple, ou bien les personnes qui nettoient l’église pour qu’elle soit belle chaque fois qu’on y vient le soir.

Des personnes qui veillent à ce que, quand une ampoule éclate, on la remplace.

Vous les voyez pas, ces personnes ce soir, elles sont là, derrière vous. On voit leur travail. Et on l’apprécie. Que ces personnes soient remerciées !

Et comme ça, dans l’Eglise, chacun a son rôle. Quand on entend des gens dire : « Oh, l’Eglise… » Mais l’Eglise, c’est vous ! L’Eglise, c’est pas les curés, hein, c’est pas l’évêque, ou c’est pas le pape. Quand on critique l’Eglise on devrait se souvenir davantage que l’Eglise, c’est tous les baptisés, c’est vous !

Quand vous entendez quelqu’un dire au bistrot : « Oh, l’Eglise… », vous devriez réagir ! « Hé mon gars, l’Eglise c’est moi ! C’est moi que tu critiques, là ! Je suis un membre de ce corps ! Peut-être une main, ou les yeux, ou la tête, ou un pied… mais je suis un membre de ce corps qu’est l’Eglise ! »

Si l’oeil commence à critiquer la main, comme disait Paul, bah ça va pas aller bien, hein !

Et dans l’Eglise, il y a des rôles, il y a des lecteurs – comme Paul ce soir – et vous avez entendu dans la première lecture, ça rigolait pas, à l’époque, hein : le lecteur, il lisait depuis le lever du soleil jusqu’à midi ! On va pas faire ça ce soir, rassurez-vous.

Et puis il y avait les prêtres, qui expliquaient les lectures, ce que je suis en train de faire maintenant. Ça, c’était notre première lecture, le livre de Néhémie, c’est un vieux prénom, un prophète.

Et puis Jésus, vous l’avez entendu dans l’Evangile, Jésus aussi a été lecteur. A la synagogue, chez lui, dans son village, ce jour-là il lisait, exactement comme a fait Paul tout à l’heure : il a pris le livre et il l’a lu aux gens.

A part les lecteurs, à part les sacristains, à part les servants de messe, les prêtres, les fleuristes, les gens qui s’occupent de ce lieu, il y a plein d’autres personnes dans l’Eglise.

Et chacune des personnes derrière vous a son rôle, important. Il y en a qui prient, parfois très discrètement, chez elles. Il y en a qui rendent des services quand on organise des apéros, il y en a qui sont toujours là quand on fait appel à eux. Il y en a qui participent à des conseils, des réunions.

[aux jeunesEt vous, alors ? Vous, vous êtes confirmands, c’est votre rôle actuel. Jusque dans quelques semaines où vous serez des confirmés. C’est votre rôle d’être confirmands, et on vous accompagne dans ce rôle.

Et plus tard, qu’est-ce que vous voulez faire ? Il y en a qui savent déjà ? Oui ? Médecin. Est-ce que vous serez tous médecins ? Non, ça n’aurait aucun sens, s’il n’y avait que des médecins. Toi tu sais ? Garde-forestier. Excellent ! Est-ce que vous serez tous gardes-forestiers ? Mais non, ça n’aurait aucun sens si on avait tous le même rôle, vous êtes d’accord ?

Il faut qu’il y ait des différences, on n’est pas tous faits pour la même chose, nous ne sommes pas tous appelés à la même tâche !

Vous avez déjà demandé à votre bras de digérer votre repas du soir ?? Eh ben bon courage, hein !
Vous avez déjà demandé à un pied de penser ? Ah il y en a qui pensent comme des pieds, et si on a utilisé l’expression c’est bien parce que c’était ridicule ! Un pied, ça pense pas !

Vos yeux… Vous savez que vos yeux, c’est prodigieux, ils prennent 800.000 photos par jour, vos yeux… C’est pas mal, comme appareil photo, hein, un œil ! Vous avez demandé, déjà, à votre œil de MARCHER sur le bisse, là-haut ? Ce serait complètement absurde, un œil qui marche !

Ce serait catastrophique si tous nos membres faisaient la même chose ! Nous serions des monstres.

Et pourtant, ils se coordonnent ! Vous avez besoin de vos yeux pour marcher sur le bisse, il vaut mieux les avoir ouverts, hein, suivant les passages. Et vous avez besoin de vos deux pieds, et qu’ils aillent dans la même direction si possible. S’il y en a un qui part à droite, et puis l’autre dit :« Ah non, moi je vais aller à gauche, ce coup-ci ! ». Vous allez faire le grand écart, hein, et vous allez pas aller bien loin !

C’est pareil dans l’Eglise : il y a plein de gens complètement différents. Mais ils travaillent dans la même direction, ils travaillent pour le bien de toute la communauté. Et quand on vient ici à la messe, d’ailleurs, on regarde tous dans la même direction. Tout à l’heure, on va regarder vers Jésus qui viendra sur cet autel.

Paul avait trouvé une image très très belle pour parler de l’Eglise comme un corps.

Et vous avez remarqué, quand il y a une partie de votre corps qui souffre – par exemple, vous avez les poumons un peu enflammés parce que vous avez pris froid – est-ce que c’est seulement vos poumons qui ont la fièvre ? Bah non, c’est tout le corps, hein ! Vous pouvez toucher là, vous pouvez toucher ici, ce sera chaud pareil ! C’est tout le corps qui a la fièvre, alors que c’est juste un endroit du corps qui souffre.

C’est exactement pareil dans l’Eglise, quand il y a une personne qui souffre, c’est toute la communauté qui a la fièvre !

Quand il y a une personne qui va bien, qu’on met à l’honneur, c’est toute la communauté qui est heureuse, c’est ce que disait aussi la lecture de Paul.

Eh bien quand on vous voit vous, ici devant, à l’honneur, parce que vous allez bientôt confirmer votre baptême, c’est toute la communauté qui est heureuse pour vous. Et on espère, bien sûr, que vous continuerez à venir pour que la communauté continue d’être heureuse.

Et quand il manque des gens – vous voyez les bancs vides, là – bah c’est aussi toute la communauté qui souffre, qui a la fièvre, qui se dit : « Tiens, on aurait peut-être pu appeler deux-trois autres personnes à venir avec nous, ce soir, pour leur partager notre joie d’être avec le Seigneur. »

Alors n’oubliez pas, chers Amis, que l’Eglise, c’est pas moi, c’est pas Pascale, c’est pas Marie-Christine, pas seulement. L’Eglise, c’est VOUS.

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Vex, samedi 23 janvier 2016, 18.30 (version enregistrée)

Evolène, dimanche 24 janvier 2016, 10.30

 

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