Les clés et les portes

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Homélie pour le 4e dimanche de Pâques, A

Actes 2,14a.36-41 / Psaume 22 / 1Pierre 2,20b-25 / Jean 10,1-10

Première Communion (à Chermignon) – Profession de Foi ( à Lens)

NB : les réponses des enfants, en italique, sont celles qui ont été données aux deux messes concernées, rigoureusement authentiques.

[brandissant un trousseau de clés et s’adressant aux enfants]

– Qu’est-ce que c’est que ça, les amis ?

Des clés.

– A quoi ça sert, les clés ?

A ouvrir une porte.

– Mais…?? Il y a la poignée pour ça ! Pourquoi j’aurais besoin de clés ??

– Mais des fois la porte est fermée à clé !

– Je peux enfoncer la porte, non ?

– Tu vas te faire mal ! ça se fait pas !

– Non, évidemment, ça ne se fait pas. Et si je passais par la fenêtre, ou si je sautais par-dessus le mur ?

– Tu serais un brigand si tu faisais ça !

– Eh oui, tu as bien raison ! Tiens ça me rappelle une histoire de Jésus, ça. Mais d’ailleurs, n’est-ce pas celle que nous venons d’entendre ? Jésus dit que celui qui escalade le mur sans passer par la porte, celui-là est un… ?

– Voleur !

– C’est ça. Et vous avez entendu, dans cette histoire, Jésus se compare à un objet… ça c’est étonnant ! A quoi se compare-t-il ?

– A une porte.

– Eh oui, Jésus ne dit pas « Je suis le bon berger » dans cette histoire, comme on le croit trop souvent. Il dit « Je suis la porte. » Il est bizarre, Jésus, il parle en énigmes. Et vous savez comment on appelle la solution d’une énigme ? Il y a un autre mot pour cela. La… du mystère ??

– La clé !
– Mais oui ! La clé ! Tiens, tiens ! Si Jésus est la porte, et qu’il parle en énigmes, voilà une double bonne raison pour posséder des clés, non ? Vous aimeriez avoir les clés qui ouvrent les portes de Jésus ?

– Oui !

Dans notre Foi, voyez-vous, il y a plusieurs portes. On les appelle aussi « sacrements ».

Le baptême c’est le premier, c’est la porte du jardin, en quelque sorte. Comment entrer dans une maison si vous n’entrez pas d’abord dans le jardin ?? Est-ce qu’elle est fermée à clé la porte du jardin ? Non, en général pas. C’est pour cela qu’on n’a pas besoin de clés pour le baptême quand on est tout petit. On n’a pas tout compris encore, mais on est baptisés.

Ensuite il y a la porte d’entrée dans la maison. Mais souvent on a les chaussures sales, parce qu’on est allé marcher dans la montagne, ou jouer dehors.

– Alors devant cette porte-là il y a un…?

– Un paillasson !

– Un paillasson, voilà. C’est le deuxième sacrement que vous avez vécu, le pardon. Pour entrer dans la maison de Dieu et des Chrétiens, on s’essuie le coeur, exactement comme on s’essuie les pieds en entrant dans une maison. Il sert qu’une seule fois, le paillasson, chez vous, dites-moi ?

– Non !

– Combien de fois s’en sert-on ?

– Tous les jours ! Chaque fois qu’on a les chaussures sales.

– Voilà. Le pardon, c’est pareil. Vous pouvez le demander autant de fois que vous avez le coeur un peu sale. Parce qu’évidemment, les sacrements ça ne concerne pas les pieds, mais le fond de nos coeurs.
Puis vous avez la porte de la salle à manger. Et c’est une pièce importante ! Vous mangez souvent, vous ?

– Tous les jours !

– Mais bien sûr, tous les jours. Et cette porte-là, chez les Chrétiens, on l’appelle la communion, l’Eucharistie.

[A Chermignon:] Vous allez la prendre pour la première fois tout à l’heure.

[A Lens:] vous l’avez prise pour la première fois il y a quelques années.

Mais après, c’est comme la salle à manger, vous pouvez venir tous les jours prendre la communion, tous les jours ! Après ça dépend comment vous avez faim de Dieu, évidemment.

– Mais qu’est-ce qui se passe si on ne mange plus pendant longtemps ?

– On devient tout maigre ! On devient malade ! Et puis après longtemps on meurt.

– Eh oui on meurt. Avec la maison des Chrétiens, c’est du coeur que l’on parle. Se nettoyer le coeur sur le paillasson du pardon, nourrir son coeur à la table de la communion. C’est notre coeur qui ne va pas bien si on ne vient jamais se nourrir ici. Il devient tout maigre – pas physiquement hein ! – ce qu’il y a à l’intérieur devient petit, malade.

Et le coeur, c’est le lieu des passions, de l’Amour… Si vous voyez des adultes qui se disputent, qui ne s’aiment plus, qui sont en colère pour tout et rien, demandez-vous s’ils ont encore Jésus bien dans le coeur. Peut-être qu’ils ne sont pas venus à cette table depuis trop longtemps, allez savoir ?

Après, un jour, vos parents vous donneront un trousseau de clés à vous ! Et ça, ça s’appelle la confirmation chez nous. Ça veut dire que vous êtes suffisamment grands pour avoir les clés de toute la maison. Enfin la plupart des clés en tout cas, celles qui vous servent à vous. Notamment celle de la boîte aux lettres. Pratique d’avoir dans notre coeur la clé de la boîte aux lettres, pour lire les messages que Dieu nous envoie !

[Uniquement à Lens, profession de Foi:] Et c’est là que c’est très important de savoir à quoi quelle clé correspond. Quand on en a plusieurs, si on ne sait plus laquelle ouvre quelle porte, on est embêté. C’est pour cela qu’on a des petits codes pour s’en rappeler, des couleurs. L’un de ces codes, chez les Chrétiens, c’est le Credo, la profession de Foi. Ce que vous faites aujourd’hui, chers amis. On peut très bien connaître le credo par coeur et le réciter machinalement sans chercher à comprendre ce que l’on raconte. Mais ça, ça revient à avoir tout un trousseau de clés et à ne pas savoir ce qu’elles ouvrent. C’est pas très utile, vous êtes d’accord !

Et puis un jour, vous aurez votre propre maison, et il y a une clé que vous n’aviez pas avant et que vous découvrirez, c’est celle de la chambre à coucher. Chez nous, ça s’appelle le mariage… mais on a le temps, hein ! Hein, les parents, on a le temps ?

– Tiens puisque je vous ai sous la main, les parents, j’aimerais faire un petit test. Combien d’entre vous ont des clés sur eux?

-…

– TOUT ÇA ??? Vous avez vu, les enfants, vos parents ont presque tous des clés, c’est fou, ça ! Et dites-moi, ça vous est déjà arrivé de perdre des clés ? A qui c’est arrivé ?

-…

-[à la personne en question] Vous étiez dans quel état ?

– Enervée. Inquiète. J’avais peur.

– Les enfants, vous avez déjà entendu au moment de partir vos parents qui cherchaient les clés ? Comment ils étaient ?

– Très en colère ! Paniqués !

– C’est pas un moment facile, hein ! Ah non, jusqu’à ce qu’on les ait retrouvées, on panique !

[aux adultes] Alors chers Amis, si ces petits objets qu’on appelle CLES sont si importants, comment se fait-il que les clés qui mènent à Jésus on les néglige pareillement ?

 

OK, je suis méchant. VOUS, vous ne les négligez pas, puisque vous êtes là. Eh ben on va voir à quel point vous vous préoccupez de ces clés.

– Première clé, le baptême : qui connaît la date de son baptême ?

-…

– Dites donc, y a beaucoup moins de mains qu’avec les clés tout à l’heure ! Continuons, deuxième clé, le pardon, le paillasson. Qui s’est confessé ces deux-trois dernières semaines, allez-y levez les mains, n’ayez pas peur !

-…!!!

– Quoi, ça fait tout ce temps que vous ne vous êtes pas essuyé les pieds en entrant ! Dites donc, bonjour les chaussures, ça doit être propre chez vous ! Ce serait peut-être le moment de faire un petit nettoyage de printemps dans nos coeurs, vous ne croyez pas ? Allez, troisième clé, la communion. Qui a communié la semaine dernière ? … depuis deux semaines…?

-…

– VOUS N’AVEZ PAS FAIM, LES AUTRES ??? Mais vous devez mourir de faim, mon Dieu! Bon, alors et la date de votre confirmation, ah ça c’est le trousseau de clés entier, c’est le plus important. Qui connaît la date de sa confirmation ?

-…

– Je vous rassure, j’ai dû vérifier les dates, me concernant. Je ne suis pas meilleur que vous, loin de là…

Vous voyez, chers Amis… on n’est pas très soigneux avec les clés de notre Foi. Et pourtant Jésus est la porte, il nous le disait dans l’Evangile. Combien de fois sommes-nous des voleurs ? Combien de fois essayons-nous d’éviter de passer par Jésus ? Combien de fois avons-nous perdu les clés ?

Je pense qu’en l’honneur de ces enfants qui font leur première communion/profession de foi, tout cela devrait nous faire réfléchir à notre manière d’être chrétiens. Moi le premier.

Enfin… à vous de savoir ce que vous faites de vos clés, bien sûr…

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Chermignon d’en Haut, samedi 11 mai 2014, 18.30

Lens, dimanche 11 mai, 9.30

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  1. marie-josé

    promis,je n’oublierai plus jamais mes clefs…merci

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