Les couleurs de l’automne…

Photo DR : Cosmopolitan

 

Homélie pour le 26e dimanche TO, année B

 

Nombres 11,25-29 / Psaume 18 / Jacques 5,1-6 / Marc 9,38-48

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Qu’elles sont belles, les couleurs de cet automne, vous ne trouvez pas ?

 

Ah, je ne parle pas des arbres ! je parle des couleurs de la mode automne-hiver 2018 ! Si si, je me suis renseigné ! Les couleurs vives reviennent, paraît-il ! Le rose, le jaune, le rouge vif… la couleur rouille, aussi, qui est tout à fait tendance cet automne, paraît-il !

 

La rouille… c’est étrange. Notre deuxième lecture, la lettre de Jacques, disait : « Cette rouille sera un témoignage contre vous… » Bon, Jacques ne connaissait pas la mode de cet automne, évidemment. Mais j’y reviendrai…

 

Côté motifs, Mesdames, vous le savez sûrement déjà, les petits carreaux se sont invités cet automne, les imprimés à fleurs aussi.

 

Couleurs vives et petites fleurs, ça… ça respire bon les années 70, vous ne trouvez pas ? D’autant qu’on nous annonce à la fois le retour de la cape, Mesdames, et du bustier, vous m’en direz tant !

 

A nouveau cet automne, tout ce qui peut ramener vos vêtements dans les années 70 est tendance !

 

Alors on ne va pas tomber d’étonnement de notre siège, hein, ça fait plusieurs automnes qu’ils nous font le coup.

 

Avec chaque fois de petites différences, bien sûr. Sinon, c’est trop facile ! Sinon, on peut ressortir les habits de l’année passée… Mais non, ce serait trop simple ! On va vous vendre les mêmes, exactement les mêmes, mais avec des petits carreaux cette fois-ci, ou des petites fleurs, parce qu‘il faut bien vendre, vous comprenez…

 

…Bon, je parlais au dames, mais… Messieurs… vous, avez-vous acheté le dernier Iphone XS ? Ou la dernière version de l’AppleWatch, la numéro 4 ? Dont on nous vante les mérites à coup de publicité – de matraquage publicitaire, disons-le – depuis quelques semaines.

 

Non, vous ne l’avez pas ???

 

Moi non plus. Oh non, moi j’ai toujours deux ou trois années de retard sur ces trucs-là. Et ils peuvent toujours attendre que je ressorte mes pulls orange, ça fait des années que je les ai donnés à Caritas !

 

Je ne suis jamais à la mode. C’est un principe.

 

D’ailleurs j’ai attendu que tous les hommes se mettent à se laisser pousser la barbe pour raser la mienne, vous avez remarqué ? Je ne suis jamais à la mode.

 

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de mode… Mais parce que tous les textes d’aujourd’hui nous en parlent, figurez-vous ! Si, si…

 

Alors là, vous êtes en train de vous demander : « J’ai pourtant bien écouté le livre des Nombres, le psaume, la lettre de Jacques, l’Evangile de Marc, j’ai pas entendu parler de bustier à carreaux là-dedans, hein ! »

 

Et vous avez raison, ça ne s’y trouvait pas.

 

Pourtant les textes d’aujourd’hui nous parlaient de cela. Parce que ces textes nous parlaient du regard des autres sur nous et de notre regard sur les autres.

 

Et la mode, c’est rien d’autre que cela. On veut être comme l’autre – qui lui-même veut être comme nous, si c’est pas ridicule ! Alors que nous sommes tous uniques, et donc différents.

 

On devrait cultiver notre différence… Mais non. On veut être comme les autres.

 

On veut absolument avoir le dernier accessoire à la mode parce que… parce que… parce que c’est la mode, justement.

 

Et tout le monde nous persuade qu’il nous le faut absolument. A commencer par le meilleur ami ou la meilleure copine qui l’a et qui ne tarit pas d’éloges sur ce truc, qui vous montre comment ça fonctionne, tout ce qu’on peut faire avec, ou comme vous êtes belle, Mesdames, avec ce dernier manteau à la mode…

 

Vous n’êtes pas saoulés, vous, du matraquage publicitaire qui nous ferait acheter jusqu’à la Tour Eiffel si on nous persuadait que c’était bon dans le regard des autres ?

 

Quand St Jacques nous dit, dans la deuxième lecture, que nos richesses sont pourries, c’est peut-être de ces artifices-là dont il parlerait s’il était de notre époque.

 

Ça c’est pour les adultes. Mais il y a pire. La mode s’attaque aussi aux enfants.

 

On approche gentiment de la période critique, dans ce domaine. La période où les magasins vont gentiment nous faire leurs vitrines de Noël et nous envoyer leurs catalogues de jouets… chaque année un peu plus tôt, d’ailleurs vous avez remarqué ?

 

Vous verrez qu’un jour on aura les catalogues de Noël à la fin des vacances d’été, fin août hein ! Ça va venir ! Ce serait d’ailleurs logique puisque… on a la rentrée scolaire dans les magasins fin-juin, vous avez remarqué ?

 

Ah c’est extraordinaire pour nos enfants ! Ils partent en vacances, et dans les magasins c’est la rentrée ! C’est bien, pour saper le moral. Faudra quand même dire à certains de nos commerçants qu’ils marchent sur la tête, hein ! Faudra leur dire un jour !

 

Les enfants, dans quelques jours, vont commencer à avoir les yeux qui brillent en regardant les vitrines, les catalogues, les publicités à la télévision – et certains grands enfants parmi nous aussi probablement ! On va avoir les yeux qui brillent devant le cadeau qu’il nous faut à Noël, un peu plus cher que l’année dernière, comme par hasard, l’objet qui va être indispensable cette année, le vêtement à porter absolument pour être dans le vent…

 

Et quand l’Evangile nous parle de ceux qui entraînent la chute de ces petits, c’est aussi je crois de certains commerçants sans vergogne que parlerait Jésus s’il refaisait cet Evangile aujourd’hui…

 

Et il utilise des images extraordinairement violentes, vous l’avez entendu : « si ton oeil t’entraîne au péché, arrache-le, disait Jésus ! Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la ! »

 

Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce que Jésus serait tout à coup devenu un tortionnaire, pour arracher des yeux et couper des mains ? Vous sentez bien que ça ne colle pas avec le personnage, non… C’est une image, c’est un symbole. De quelque chose de tout aussi fort, remarquez…

 

Si ton oeil te pousse à envier quelqu’un, à vouloir lui ressembler, ou à avoir quelque chose que tu n’as pas et dont tu n’as pas vraiment besoin, arrache-le c’est-à-dire ferme les yeux, coupe cette communication-là, ne regarde pas, détourne ton regard, éloigne-toi, ne regarde pas les publicités à la télévision. Va te faire un café c’est fait pour ça, eh oui !

 

Si ta main a tendance à acheter des choses inutiles, coupe-la. C’est-à-dire tiens ta main à distance, n’entre pas dans le magasin où tu sais que forcément tu vas succomber à l’achat.

 

Coupe. Prends un autre chemin.

 

Ainsi, chers Amis, notre regard c’est la clé du message d’aujourd’hui. Notre regard peut être digne lorsqu’il fait attention à ces choses-là, lorsqu’il admire l’autre, plutôt que de vouloir le posséder. Et notre regard est parfois pollué lorsqu’il nous entraîne à ceci ou à cela.

 

C’est une qualité de regard qu’il nous faut retrouver.

 

Et cette qualité de regard, ça va avec l’émerveillement que nous devons retrouver – même si on en a l’habitude – en regardant nos magnifiques montagnes, les arbres, les couleurs, en ce mois de septembre finissant.

 

C’est une qualité de regard à laquelle nous appelle Jésus.

 

Alors dites-moi, chers Amis… elles sont pas belles, les couleurs de cet automne ?

 

Oui je parle des arbres… De quoi d’autre, au fond ?

 

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Riod, samedi 29 septembre 2018, 17.30

Vex, samedi 29 septembre 2018, 18.30

Hérémence, dimanche 30 septembre 2018, 9.00

Evolène, dimanche 30 septembre 2018, 10.30 (version enregistrée)