Les pères de nos vies

Classé dans : Bible, Carême, Fêtes, Homélies | 0
Imprimer
Photo libre de droits : pixnio

 

Homélie pour la solennité de Saint Joseph

2Samuel 7,4-16  /  Psaume 88  /  Romains 4,13-22 / Matthieu 1,16-24a

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Combien de pères avez-vous ?…

La question a l’air absurde, n’est-ce pas ?

Rassurez-vous, je ne suis pas en train de basculer dans les théories à la mode – chez nos voisins français notamment – qui voudraient qu’on puisse sans aucun problème avoir un parent numéro 1 et un parent numéro 2 en lieu et place d’un père et d’une mère. Non.

Mais je vous repose la question : combien de pères avez-vous ?

Parce que moi j’en ai eu plusieurs. Et j’en ai encore plusieurs

Mon Papa, d’abord. Evidemment c’est le tout premier, chronologiquement et en importance, dans mon cœur.

Mais j’ai eu d’autres pères.

Il y a eu par exemple chacun des prêtres de ma paroisse d’enfance. Si on les appelle « abbé » ce n’est pas pour rien : « abba » en hébreu veut dire « père ».

Et j’ai un ami valaisan – qui pourrait être mon père – et qui chaque fois qu’il me voit me dit : « Bonjour mon Père ! » … et je lui dis : « Salut, mon Fils ! »

Ce sont des pères à leur manière, nos prêtres.

Et puis il y a mon Parrain, qui est auprès de Dieu maintenant, mais qui fut aussi un père pour moi d’une autre manière.

En français, « Parrain », ça fait un peu mafieux. Mais si on le dit dans d’autres langues, on comprend tout de suite mieux : « Godfather », en anglais, c’est le « Père selon Dieu ». Un « Parrain », c’est notre « Père selon Dieu »…

Par respect pour mon Parrain, d’ailleurs, je continue à porter ses initiales accolées à mon prénom, puisque mon deuxième prénom – Jean-Jacques – était le sien. Et ici, à Evolène, je célèbre avec son calice, puisqu’il était prêtre.

Il y a aussi, comme père, Jean-Marie. Je partage ce père avec chacun de vous puisque c’est de Jean-Marie Lovey dont je parle. Un évêque est un père. Je préfère d’ailleurs infiniment l’adresse « Père-Evêque » à celle qui consiste à dire « Monseigneur ». Je n’ai qu’un seul Seigneur, pour ma part, c’est le Christ. Mais j’ai plusieurs pères, dont un père-évêque, Jean-Marie.

J’ai aussi deux pères spirituels, l’un plus âgé, l’autre plus jeune, chacun me conseillant avec son charisme propre, sa manière de voir les choses, le monde et l’Eglise. C’est avec eux aussi que je vis le sacrement du pardon.

Et puis il y a tant d’autres personnes qui ont été des pères pour moi ! Vous savez je crois que nous sommes 4 garçons dans ma famille. J’ai donc trois frères. Trois frères aînés, en l’occurrence.

Or j’ai quinze ans d’écart avec le plus jeune d’entre eux, 16 ans avec le second, et 18 ans avec l’aîné. C’est dire que je suis ce que l’on appelle un « petit dernier ».

Ils avaient donc tous l’âge d’être pères lorsque j’ai vécu mon premier jour d’école.

Et quand ma première institutrice a demandé : « Comment s’appelle ton Papa ? », je lui ai dit : « Lequel ? Parce que tu sais, moi, j’ai quatre papas ! »

Alors à la sortie de l’école ce jour-là, elle est allée trouver ma Maman et elle lui a dit : « Hem… c’est un peu spécial, dans votre famille ? Non, je vous dis ça, c’est parce que votre fils m’a affirmé qu’il avait quatre pères… »

Après avoir bien ri, Maman lui a expliqué que mes frères avaient tous l’âge d’être des pères… et qu’ils ne se privaient pas de faire eux aussi mon éducation. Voilà pourquoi j’avais en quelque sorte quatre pères.

Alors je vous repose la question, chers Amis : vous, combien de pères avez-vous ?

Vous voyez que la question n’est pas aussi simple qu’elle ne semblait au premier abord…

Toutes les lectures de cette fête de la St Joseph, vous l’avez entendu, nous parlent de pères et de leurs descendances.

David, d’abord, évoqué dans notre première lecture, le livre de Samuel. Abraham aussi, dans la deuxième lecture, que Paul prend en exemple dans sa lettre aux Romains. Joseph, enfin, dans l’Evangile.

Et il est intéressant de noter ce qu’apporte leur descendance à chacun de ces pères.

Le prophète Nathan disait à David que sa descendance rendrait stable sa royauté. C’est le donc le fils qui rend le père stable. Intéressant ! Et Dieu poursuit en disant – vous l’avez entendu – que c’est alors, et alors seulement, que le fils sera pour Dieu, un vrai fils.

Quand le fils rend stable son père, alors il devient un fils pour Dieu. C’est intéressant…

Mon Papa qui vient de se faire poser une prothèse complète du genou peine encore à marcher. Je passe tous mes jours de repos actuellement auprès de lui.

Et l’autre jour, quand je l’ai aidé à se lever et à faire l’un de ses premiers pas, j’ai un peu mieux compris ce que signifiait « rendre stable son père ».

La deuxième lecture va un peu dans le même sens, mais avec d’autres mots.

Paul rappelle que Dieu a fait une promesse à Abraham : la promesse de rendre sa descendance immense. Et la promesse que cette descendance recevrait le monde en héritage.

Eh oui… nous sommes chacune, chacun des héritiers. Pas besoin d’être Saviésan pour ça !

Nous sommes des filles et des fils d’Abraham, chacune, chacun. Nous sommes les descendants de ce patriarche qu’on a en commun. Nous sommes frères, du coup. Puisqu’on a le même père.

Et nous sommes frères – au passage – avec les Juifs et avec les Musulmans qui ont eux aussi Abraham comme patriarche.

Quand un taré assassine des musulmans en train de prier, comme vendredi dernier, ce sont nos frères qui meurent. Ce sont nos frères qu’on assassine.

Et Paul continuait dans la deuxième lecture en disant : « ils recevront le monde en héritage non pas en accomplissant la loi mais en devenant des justes par la foi. C’est donc par la foi qu’on devient héritier. »

Ce n’est pas par la loi, ce n’est pas par un bout de papier qu’on devient héritier. C’est par la foi, nous dit Paul. C’est en espérant contre toute espérance, en devenant soi-même stable.

Etre père, c’est donc préparer ses enfants à cela. En leur transmettant la Foi, l’Espérance, la Charité.

La Charité, oui. Parce que bien sûr, il y avait un troisième père dans les lectures de ce jour, celui que nous fêtons, Saint Joseph. Le charitable. Le Juste.

Mais Joseph a eu besoin, lui aussi, d’un ou de plusieurs pères.

Or on nous parlait de l’un d’eux dans cette page d’Evangile… vous ne voyez pas ? Cherchez bien…

Un Père, c’est aussi cette personne qui guide nos pas, qui nous conseille, qui nous aide à bien agir au bon moment. A prendre la bonne décision. Un guide, c’est un Père.

Or Joseph s’apprêtait à faire une énorme bêtise – répudier Marie – lorsqu’un guide tout à fait particulier lui est apparu. Un ange.

Un ange peut être un Père, lorsqu’il nous guide et qu’il nous conseille. Bien sûr.

Combien d’anges traversent nos vies, Chers Amis ?

Ajoutez au nombre de pères que vous avez trouvés tout à l’heure le nombre d’anges qui, dans votre vie, ont été là au bon moment pour vous éviter de commettre le pire.

Et les anges, souvent, n’ont pas d’ailes. On les appelle alors des « Amis ».

Alors je vous repose la question, Chers Amis : « Combien de pères avez-vous ? »

Ah oui, quand même… ! Tout ça… !

Alors je vous propose que nous fassions signe à nos pères, en cette St Joseph. Choisissez-en un, deux, dix… Faites-leur signe, aujourd’hui, en leur disant : « Bonne fête ! Parce que toi aussi, tu as été un Père pour moi ou tu es un Père pour moi… »

Parce qu’on en a beaucoup, des pères, dans une seule vie.

___________________________________________

Evolène, mardi 19 mars 2019, 10.00

Imprimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.