Maman… je t’avais dit de ne pas venir !

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Homélie pour le 5e dimanche de Carême, C

Is 43,16-24 / Psaume 125 / Ph 3,8-14 / Jean 8,1-11

Chers Amis,

Vous connaissez bien sûr la véritable version, longtemps cachée, de l’évangile que nous venons d’entendre ?

Jésus lance sa fameuse phrase : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! » et là… un énorme pavé vole, rate la femme adultère de ça (geste)… et Jésus se relève et dit : « Maman ! Je t’avais dit de ne pas venir ! »

Blague à part… Tous les textes d’aujourd’hui nous parlent de notre rapport à la Loi, et plus exactement de notre rapport à Dieu. Car on peut bien être le plus fin connaisseur de la loi, si on ne l’applique pas en relation avec Dieu, on fait souvent des catastrophes.

Le prophète Isaïe, d’abord, nous parlait du temps de la Loi de Moïse… Souvenez-vous, dit le Seigneur, j’ai fait passer mon peuple à travers le désert, j’ai ouvert une route à travers la mer, des chars et des chevaux s’y sont noyés… ça ne vous rappelle rien ? Mais bien sûr : l’exode, le passage de la mer, la délivrance d’Israël.

Isaïe pourrait très bien glorifier Moïse, qui nous a donné les dix commandements. Il pourrait très bien nous dire : ça, c’était un homme ! Ça, c’était de la Loi !

Et cela fait écho à des phrases que nous, nous prononçons régulièrement… Ah dis donc, ça c’était quelqu’un ! Ça c’était de la musique ! Ça c’était de l’éducation !

Bref : « si vous saviez comme c’était mieux de mon temps ! » Ne me dites pas que vous ne l’avez jamais dit, je ne vous croirai pas. Même moi, du haut de mes 38 ans, je le dis des fois ! Comme c’était mieux avant !

Eh bien Isaïe vient nous dire : c’est tout faux, les amis ! C’était pas mieux avant ! Ne vous souvenez pas de tout cela. Le Seigneur vous forge un monde nouveau, chaque jour, y compris aujourd’hui 17 mars ici, à Chermignon/Mollens.

Hier n’existe plus. Demain n’est pas encore et vous ne le verrez peut-être jamais. C’est aujourd’hui qui compte. C’est aujourd’hui que le Seigneur fait du neuf dans votre vie !

Paul, dans sa lettre aux Philippiens, ne dit pas autre chose. Tout ce que j’avais avant ? Quelle importance ! Je le considère comme balayures – le mot est très fort – par rapport à ce que j’ai aujourd’hui : ma relation au Christ.

Et Paul en vient à ce qui nous occupe : cette conscience qu’aujourd’hui est plus important qu’hier, cette justice, elle ne me vient PAS de la Loi de Moïse, mais de la Foi au Christ, donc de ma relation avec lui.

Le diable dira : « dis-moi comment tu connais la loi et je te dirai si tu l’appliques bien, combien tu es juste ». Et nous connaissons quantité de personnes comme cela, qui appliquent scrupuleusement les moindres articles de la loi, qui se défendent en disant « c’est la Loi ! ». « Je l’ai fait condamner mais c’est pas ma faute, c’est la Loi !« 

Mais le sage dira : dis-moi quelle est ta relation au Christ, aujourd’hui, et je te dirai comment tu appliques la loi et la justice.

C’est exactement le sens de notre Evangile, avec le fameux épisode de la femme adultère. Les Pharisiens tendent ce même piège à Jésus : cette femme est adultère, or la Loi de Moïse dit qu’il faut lapider ces femmes-là. Que vas-tu faire ? Coincé, le Jésus !

Eh bien non, Jésus n’a pas dit : « Oui, vous avez raison, c’est dans la Loi, il faut la lapider ! »…

Mais attention, il n’a pas dit non plus : « J’en ai rien à faire de la Loi, foutez-moi le camp et laissez-la tranquille, les Lois c’est pour les imbéciles ! » ah non… il n’est pas tombé dans leur piège, ni d’un côté ni de l’autre.

Il n’a pas accepté ou rejeté la loi, il l’a MISE EN RELATION AVEC DIEU ET NOUS.

Il nous dit : « Tu veux critiquer ton prochain en l’enfermant dans un article de Loi ? Et toi, comment tu la vis, cette Loi ? Est-ce que tu la vis avec rigueur, sécheresse, impitoyablement ? Ou est-ce que tu la vis avec charité, adaptation, humainement ?

Que celui qui n’a rien, je dis bien rien, à se reprocher, condamne son prochain. Résultat ? On le sait bien : personne n’a rien à se reprocher, nous sommes des humains. Et donc personne ne lapide la femme adultère.

Mais Jésus est exigeant. Il ne dit pas à la femme : « C’est cool, tu peux recommencer à vivre comme avant… » Parce qu’elle non plus ne vivait pas en relation avec Dieu.

Il lui montre que Dieu est venu la visiter dans l’aujourd’hui de sa vie, pour la sauver, précisément, pour l’arracher à la mort. Et il lui demande de repartir différente : va et ne pèche plus.

Et là encore attention : ce qui est valable pour la Loi – être en relation avec Dieu – l’est aussi pour le péché.

« Va et ne pèche plus », qu’on entend parfois aussi après une confession, cela ne signifie pas « Va et ne recommence JAMAIS ce que tu as fait » NON ! Là on est de nouveau enfermé dans la lettre de la Loi. On n’est plus dans l’esprit.

Le péché ce n’est pas ne pas respecter scrupuleusement la Loi, c’est ne pas être en relation avec Dieu.

Ce « va et ne pèche plus » signifie : « Va, Dieu t’a sauvé, désormais sois en relation avec Lui, ne l’oublie plus, ne désespère plus, sache qu’il sera toujours avec toi, même au coeur de ton péché le plus sombre. »

Ce n’est pas une parole d’interdit, mais une parole de libération.

Ce n’est pas le pavé qu’on brandit pour tuer quelqu’un, ni celui qu’on jette dans la mare pour faire scandale. C’est le pavé qu’on pose, à sa place, pour construire tous ensemble une route. La route qui mène au Royaume de Dieu.

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Chermignon d’en Bas, dim. 17 mars 2013, 9.00

St Maurice de Laques, dim. 17 mars 2013, 10.30

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