Marie-Parent-2 de Dieu

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Homélie pour la Solennité de Sainte Marie, année C

Nombres 6,22-27 / Psaume 66 / Galates 4,4-7 / Luc 2, 16-21

 

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Chers Amis,

Nous fêtons donc la solennité de « Sainte Marie, Parent 2 de Dieu ». Parent numéro 2 de Dieu…

Oui, si on écoute nos amis français, avec l’hallucinante loi « Taubira » sortie il y a maintenant bientôt deux ans, on ne doit plus dire Papa ou Maman, Père ou Mère, on doit dire « Parent 1 » et « Parent 2 » désormais. Et vous retrouvez ça, si vous habitez en France – on me l’a montré encore ce week-end – vous retrouvez ça sur les différents formulaires officiels.

Marieselon cette théorie abracadabrantesque, Marie n’est donc pas mère de Dieu mais « Parent 2 » de Dieu. Ou parent 1 si vous préférez, Mesdames, que l’épouse soit en premier, vous avez le choix.

Alors excusez-moi mais quand on entend des choses pareilles, on se demande si ceux qui écrivent les  lois ont vraiment la lumière à tous les étages. On se demande s’ils ont la lumière tout court, d’ailleurs.

On a tous besoin d’une Maman et d’un Papa. Et l’Eglise que je représente doit, de temps en temps, redire aux gens que c’est pas parce qu’une majorité est d’accord que c’est pas pour autant une bêtise. Et en l’occurrence, c’en est une belle.

Une Maman c’est irremplaçable. Point. Ça n’est pas sujet à discussion, à votation, ou à règlement.

La tendresse d’une Maman. La douceur d’une Maman. Celle qui nous comprend, qui nous accueille, qui excusera toujours tout, après avoir grondé parfois, aussi. Ma Maman à moi me rappelle qu’une Maman c’est parfois aussi Bagheera qu’il y a aussi parfois des coups de pattes, ça peut arriver. Mais c’est parfois des coups de pattes pour faire avancer.

Voyez, j’ai 40 ans, chers Amis, et ma Maman me rappelle toujours, au téléphone, avant Noël : « Est-ce que tu as pensé à envoyer tes voeux à telle personne ? » Quand il fait froid elle m’appelle pour me dire : « N’oublie pas de mettre un pull… » C’est une Maman.

Et j’ai de la peine à me dire que je pourrais l’appeler « Parent 2 », je sais pas vous… mais moi je me vois mal arriver chez mes Parents, ce soir, pour fêter la nouvelle année à Genève avec eux, les embrasser et leur dire « Salut Parent 1 », « Salut Parent 2 » … je leur dirai Papa et Maman, comme je l’ai toujours dit.

On voit souvent une très belle phrase concernant les mamans, encore hier d’ailleurs, dans le Nouvelliste, sur un faire-part : « Une Maman, c’est si beau, que même Dieu en a voulu une. » On oublie parfois de citer l’auteur de cette phrase qui est le père Guy Gilbert.

…« Une Maman, c’est si beau, que même Dieu en a voulu une. »…

Il y a aussi cette belle expression que nous utilisons ici en Valais pour parler de Marie : notre Maman du Ciel.

C’est une magnifique expression pour parler de Marie, notre Maman du Ciel… qui est aussi mère de Jésus, donc mère de Dieu, sans être pour autant divine elle-même, il faut le rappeler de temps en temps. Marie a été une femme de Nazareth, tout simplement. Conçue sans l’orgueil qui est le péché des origines, mais à part ça une femme, semblable à vous, Mesdames.

Arrêtons-nous deux secondes sur cette idée, chers Amis. Parce que nous y sommes tellement habitués que nous oublions la formidable nouveauté que la religion chrétienne apporte, avec ce concept de « Mère de Dieu ».

On peut être « mère de Dieu ». C’est le cas de Marie. Et comme Jésus est notre frère, la mère de Dieu est aussi notre mère. Elle est mère de l’Eglise.

A nous, ça nous paraît certainement évident…

Mais…dites ça à un Musulman, il va hurler. Son Dieu à lui est distant, il est soumission – c’est d’ailleurs, vous le savez, le sens du mot « Islam » – soumission. C’est un Dieu empli de règles, d’obéissance. Oh, nous avions le même pendant des siècles, dans notre fausse conception de Dieu. Mais c’est très, très, très loin de la tendresse d’une Maman.

…Dites ça à un Bouddhiste, à un Hindouiste, il vont être choqués, eux aussi. Dieu, ou l’Eternel, pour eux, ou le Divin, c’est l’absolu différent de nous. Il n’est justement pas la tendresse ou la douceur que l’on peut rencontrer dans les bras d’une Maman, parce que, dans leurs religions, il leur faut se libérer de tout cela, de tout ce qui est doux, tendre, agréable en ce monde.

…Dites ça à un Juif, il va vous rire au nez. YHWH l’Eternel, le Dieu des Armées, est à l’origine de tout. La simple idée qu’il puisse avoir une mère est impensable pour un Juif.

Bref, vous dites ça à toutes les autres religions… vous serez mal reçus.

Mais pour nous, Chrétiens, Dieu a une Maman. Et elle est devenue notre Maman à nous. A nous tous.

Bien des personnes que je connais – et c’est peut-être votre cas aussi – ne vont pas demander la même chose, dans leur prière, à Marie, à Jésus, à l’Esprit-Saint, au Père, ou même à leur Saint Patron. On prie souvent différemment suivant à qui on s’adresse !

Et à une Maman, on ne va pas demander la même chose qu’à un Papa. Et quand il n’y aura plus que des Parents numéro 1 ou des Parents numéro 2, ce sera pas évident de faire la différence et de savoir à qui demander quoi…

Les textes d’aujourd’hui nous parlent de cette particularité chrétienne, de nos parents du Ciel.

D’abord la première lecture, le livre des Nombres, un livre de l’Ancien Testament, qui parlait de Fils d’Israël… c’est nous, hein ! Israël, ce n’est pas le pays d’aujourd’hui… Israël, dans la Bible, ça veut dire le « Peuple de Dieu », c’est à dire nous tous. Quand la Bible parle de « Fils d’Israël », c’est de nous dont elle parle. Nous sommes les enfants du peuple de Dieu.

La lettre aux Galates, la deuxième lecture, ensuite, était encore plus claire : Dieu a voulu faire de nous ses fils. On ne peut pas être plus clair : nous sommes ses enfants.

Mais Paul, dans ce texte, voyait très bien le danger… Le danger qui consisterait à faire de Marie une déesse, une divinité… Et parfois, quand on regarde nos statues, on est proche de ce danger-là… Mais Marie n’est pas divine, elle n’est pas une déesse, elle n’est pas une divinité. Et Paul le rappelait très bien dans la deuxième lecture de ce soir : « Dieu a envoyé son Fils, dit Paul, né d’une FEMME« . Il aurait très bien pu dire « né d’une Vierge… né d’une femme sans péché… né d’une personne exceptionnelle… »… non. Paul a dit : « né d’une femme ». Point. Et c’est très beau, ça nous rappelle Mesdames, que Marie est une femme. Que Jésus a pris notre chair. Entièrement.

Paul donnait aussi, pour preuve que nous sommes enfants de Dieu, l’Esprit dans nos coeurs, qui crie, dit Paul : « Abbà ». Et nos traductions sont un petit peu… un petit peu tordues parce qu’elles disent, vous l’avez entendu, que «Abbà» ça veut dire «Père». C’est pas tout à fait ça. Si vous discutez avec quelqu’un de langue hébraïque, il vous dira que « Abbà » ça veut dire «Papa». C’est un petit peu différent.

Quand je m’adresse à mon père, je ne vais pas lui dire «Père, passez-moi le sel, s’il vous plaît !» Je lui dis «Papa», et je lui dis «tu», bien sûr. Et c’est la même chose quand on dit «Abbà» en hébreu, on dit «Papa», on appelle Dieu «Papa».

On pourrait un jour penser à cela quand on dit le « Notre Père » que l’on redira tout à l’heure…

Et Paul nous donne une identité de plus, encore, parce qu’il nous propulse non seulement enfants de Dieu, mais – vous l’avez entendu – HERITIERS. On n’a même plus besoin d’être Saviésans pour être Héritiers, vous vous rendez compte !

[NDLA : « Héritier » est un nom de famille très répandu dans les villages composant Savièse, en Valais.]

Grâce à Paul nous sommes tous héritiers. Héritiers de Dieu.

Héritiers du Royaume de Dieu, un royaume à construire dès maintenant ici-bas, c’est pas n’importe quoi ! Et là aussi, dites ça à un Juif, à un Bouddhiste, à un Musulman, à un Hindouiste, ils vont avoir beaucoup de peine avec cette idée d’un royaume de Dieu qu’il faut construire dès ici-bas… Pour eux, le Royaume de Dieu c’est là-haut. Pas pour nous, les Chrétiens, pas seulement là-haut. C’est aussi ici que cela commence.

Enfin, nous avions l’Evangile, Luc, avec cette célèbre formule : « Marie retenait tous ces événements dans son coeur. »

C’est cela, aussi, une Maman, chers Amis, et les Mamans parmi vous le savent très bien. Une Maman retient tout dans son coeur. Elle va faire tout son possible pour que ses enfants grandissent le mieux du monde, elle donnerait sa vie pour eux. Mais que survienne un malheur ou un grand bonheur, elle va le retenir bien au chaud dans son coeur.

En termes de malheurs, les Mamans ont parfois des glaives qui leur transpercent le coeur, comme Marie a eu le sien, au pied de la croix. Le coeur d’une Maman contient parfois plus de larmes qu’un océan tout entier, dit un poète.

Alors célébrons notre Maman du Ciel, chers Amis. Rendons grâce à Dieu de nous avoir donné une Maman qui soit l’une d’entre nous.

Confions-lui, à cette Maman, nos doutes, nos questions, nos révoltes, nos chagrins, nos joies, comme nous le faisons – ou nous le faisions – à notre Maman d’ici-bas.

Une Maman n’est pas un numéro. Elle n’est ni Parent 1 ni Parent 2. Elle est Maman. Et c’est comme cela qu’on l’aime.

Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni, Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, amen.

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Hérémence, jeudi 31 décembre 2015, 17.00 (version enregistrée)

Evolène, vendredi 1er janvier 2016, 10.30

Et, dans une version légèrement différente :

Chermignon d’en Haut, 31 décembre 2012, 18.30

Lens, mardi 1er janvier 2013, 9.30

Montana-Village, 1er janvier 2013, 11.00

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3 Responses

  1. Hermine Pralong

    Merci Vincent pour cette très sensible homélie. Merci de nous rappeler que notre cœur est parfois un océan de larmes, mais notre Maman du Ciel viens souvent nous les essuyer et nous donner le courage pour repartir de l’avant, surtout au seuil de cette nouvelle année. Sachons avoir recours à Marie dans nos difficultés et peut-être que demain le ciel sera un peu plus bleu!

  2. marc de chermignon

    L’Esprit, époux de Marie, (parent 3?) a vraiment guidé ta plume ce jour là. MERC!!!!

  3. Antille Sylvie

    Merci Vincent, je le dis chaque fois que je récite le chapelet à la messe,nous avons une Maman dans le ciel,celle que Jésuis lui-même nous a donné,et merci pour celle que nous avons sur terre. Merci aussi de nous dire qu’il faut arrêter de la mettre trop haut,car cela me décourage alors de m »adresser à elle. Mes meilleurs voeux pour la nouvelle année sous le regard bienveillant de cette Maman.

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