Monastères des temps modernes

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Photo DR : Du jardin dans ma vie

 

Homélie pour le 5e dimanche de Pâques B

Actes 9,26-31 / Psaume 21 / 1 Jean 3,18-24  / Jean 15,1-8

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Hier, j’étais dans un monastère.

 

Alors là, j’imagine que vous avez tout de suite des images qui vous viennent… des murs très épais, un lieu un peu austère, des petites cellules, des gens qui ne parlent pas…

 

Rien à voir, mais alors rien du tout. J’étais dans un « monastère des temps modernes » comme il s’appelle. En Suisse, dans notre pays, dans le canton de Berne.

 

Il n’a pas de cellules ou de murs épais. On y entend des rires d’enfants, on y respire la bonne odeur des grillades si l’on passe à l’heure du repas, on y accueille le pèlerin, comme moi hier, on y pratique autant la pétanque à l’heure de l’apéro, que le tir à l’arc ou le cor des Alpes, qui résonnait hier après-midi. Un petit immeuble de quelques appartements, plusieurs maisons, autour d’un magnifique jardin. Des lieux de rencontre, quelques ateliers pour travailler, des lieux de prière aussi.

 

Des familles y vivent, chacune chez elle, tout en mettant en commun un certain nombre de choses, des services, du temps.

 

Un pour tous et tous pour un.

 

Tous les matins, ces gens prient ensemble avant de partir pour leur journée de travail. Et chaque soir, à 22.00, ils se retrouvent pour prier, ils remettent ainsi dans la prière la journée écoulée, le fruit du travail des humains.

 

Le reste du temps ils sont ouvriers, cadres, entrepreneurs, employés, mères au foyer. Ils vivent leur journée exactement comme vous.

 

Prier et travailler, c’est le fameux Ora et Labora en latin, de la règle de St Benoît.

 

Ces gens sont des hommes et des femmes comme les autres. La petite différence c’est qu’ils ont choisi de prendre le Christ comme compagnon de route. Et ça, ça change tout, ça transfigure une vie.

 

Ils ont choisi de se brancher à la vigne du Seigneur, et d’y rester attachés quelles que soient leurs journées, où qu’elles se déroulent.

 

L’Evangile de ce jour nous parlait d’eux. Il parlait de la vigne, vous l’avez entendu. C’est pareil. Un plan de vigne, si vous l’arrachez et que vous le plantez ailleurs trois fois par jour, il donnera une piquette que même le curé de Neuchâtel n’oserait pas utiliser pour la messe. (Je salue mon confrère Vincent, curé de Neuchâtel, que j’aime bien).

 

Un sarment doit être planté dans sa vigne, et non pas être sans arrêt en mouvement. Il ne pourrait pas donner de fruit.

 

Mais qu’est-ce que c’est, être en mouvement ?

 

Et qu’est-ce que c’est, ne pas être en mouvement ?

 

Cela ne veut pas forcément dire ne pas bouger de la journée ! C’est d’abord d’un mouvement intérieur dont on parle ici.

 

Vous avez des personnes devant leur ordinateur toute la journée qui sont en mouvement. Pourtant elles ne bougent pas de leur chaise, hein ! Mais quel stress ! Quelle sur-occupation ! Ces personnes ne sont pas branchées à la vigne.

 

Et puis vous avez des personnes qui, au contraire, font des kilomètres dans leur journée et dont l’intérieur n’est pas en mouvement, qui sont stables. Ces personnes on les reconnaît tout de suite, elles nous font du bien à chaque fois qu’on les rencontre… Pourtant elles bougent !

 

C’est donc d’un mouvement intérieur qu’il s’agit, d’abord.

 

Vous êtes les sarments, disait Jésus dans l’Evangile, et je suis la vigne. Le sarment ne peut pas porter de fruit s’il ne demeure dans la vigne.

 

Un Chrétien, nous tous, chers Amis, un Chrétien doit demeurer en Dieu au milieu de sa journée, quelle que soit sa journée. Au fond, un Chrétien, c’est un demeuré… il doit demeurer en Dieu. C’est un demeuré au sens positif, évidemment !

 

Il faut savoir demeurer en Dieu dans notre journée et en même temps répondre aux nombreuses demandes de la vie du monde, de nos métiers respectifs, de nos vocations, aussi.

 

La deuxième lecture nous le rappelait : il s’agit d’aimer, mais il s’agit d’aimer en vérité, en actes, pas seulement en paroles et par de beaux discours.

 

Vous pouvez être dans le monde et pas du tout connecté à Dieu, mais vous pouvez aussi vivre dans un monastère, en religieuse ou religieux, et ne pas être branché sur la vigne du Seigneur non plus.

 

C’est une question d’attitude intérieure, comme nous venons de le voir, et extérieure. L’attitude intérieure passe par la prière, l’attitude extérieure passe par des actes, des actes concrets.

 

Si l’on veut suivre le Christ, il faut mettre nos pas dans les siens, comme Saul et Barnabé dans la première lecture.

 

Il faut prendre en main un bâton qui nous accompagne autant dans notre journée comme bâton de pèlerin, autant dans nos temps de réflexion comme bâton de prière.

 

Le défi… le défi d’aujourd’hui, chers Amis, le défi de nos vies hyperconnectées, le défi de nos cadres stressés autant que de nos retraités qui sont parfois encore plus occupés qu’ils ne l’étaient dans la vie professionnelle, le défi c’est de demeurer en Dieu, branché à sa vigne.

 

Je nous souhaite d’être des demeurés, parce que nous demeurerons en Dieu.

 

Je nous souhaite aussi de créer beaucoup de ces monastères des temps modernes, comme celui que j’ai vu hier, dans nos quartiers, dans nos villages, à travers l’entraide, le partage de services, le temps donné à l’autre, l’écoute, mais tout ceci ne sera fructueux, ne portera du fruit, que si cela passe aussi par la prière commune…

 

C’est ce que vous êtes venus faire ce soir, d’ailleurs.

 

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Vex, samedi 28 avril 2018, 18.30 (version enregistrée)

Evolène, dimanche 29 avril 2018, 9.00

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