Monter et descendre de notre arbre

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Photo DR : hitek.fr

Homélie pour le 31e dimanche TO, année C

Sagesse 11,23 – 12,2  /  Psaume 144  /  2Thessaloniciens 1,11 – 2,2 / Luc 19, 1-10

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Chers Amis,

Quand j’étais petit, ma Maman me disait toujours : « Aide-toi et le ciel t’aidera !« 

C’est exactement ce qui arrive à Zachée dans l’évangile que nous venons de réentendre – que nous connaissons quasiment par coeur…

Zachée veut voir Jésus. Que fait-il ? Est-ce qu’il attend les bras croisés que Jésus vienne vers lui avec la solution à tous ses problèmes ? Non.

Au contraire, il va tirer d’une de ses faiblesses la première des solutions. Car Zachée est petit, le texte nous le dit. Il pourrait très bien se lamenter en se disant que jamais, non jamais, il n’arrivera à voir Jésus avec toute cette foule… que de toutes façons il est trop nul, que ça n’en vaut pas la peine, que ça sert même à rien du tout d’y aller.

Vous savez ? Ce genre de phrases qu’on se sert parfois à soi-même pour se convaincre de ne pas agir, de ne pas faire quelque chose.

Lui non. Il est petit ? Qu’à cela ne tienne ! Il va grimper à un arbre pour mieux voir Jésus.

Première leçon que nous donne Zachée : plutôt que de me lamenter sur mes faiblesses, je peux peut-être m’en servir pour trouver une solution qui soit adaptée.

En grimpant à cet arbre, il pourrait avoir peur de tomber. Et nous, quand on grimpe à un arbre, ou symboliquement quand on se propose pour un service, quand on se met en avant, on pourrait avoir peur de tomber… au figuré bien sûr.

Faut-il avoir peur de tomber en s’élevant pour voir Jésus ? Non, justement. Car celui qui tombe rencontre aussi le Seigneur. La première lecture qui nous le disait – le livre de la Sagesse : « Ceux qui tombent, tu les relèves peu à peu, Seigneur. » Ceux qui tombent au propre comme au figuré. Et le psaume nous disait la même chose : « Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent.« 

Que se passe-t-il ensuite ? Jésus voit Zachée dans son arbre et il l’appelle : « Zachée ! Descends vite !« 

Alors là, on a envie de dire : « Faudrait savoir, Seigneur ! Faut-il monter ou faut-il descendre pour te rencontrer ? Faudrait savoir ! »

Bah… les deux ! Il faut monter, d’abord. Partir de ses faiblesses, dont on est persuadé qu’elles nous freinent, partir de ses faiblesses pour mieux voir le Seigneur. On le voit beaucoup mieux depuis nos faiblesses, vous savez ? On le voit beaucoup mieux que juchés sur nos montagnes d’orgueil.

Mais ensuite, quand il nous appelle, il faut descendre ! Il faut descendre de notre branche, le rejoindre.

Zachée était certainement bien à l’aise sur son arbre : il prenait le soleil, il avait une vue magnifique… Mais le Seigneur l’appelle. Et quand le Seigneur nous appelle, il attend toujours de nous un déplacement.

Parfois un déplacement géographique, comme pour nous les prêtres, il nous appelle toujours ailleurs, parfois plus tôt qu’on ne le pensait. Mais la plupart du temps il nous appelle, il vous appelle à un déplacement symbolique. A se déplacer déjà à l’intérieur de nous, à sortir de nos conforts, de nos petites habitudes…

Est-ce que j’ose me laisser appeler par le Seigneur, là où je suis ? Est-ce que j’ose sortir de mon petit confort bien tranquille pour répondre à son appel ? Oui, puisque vous êtes là ce soir, c’est bien ce que vous avez fait !

Est-ce que, si ma paroisse recherche un sacristain, une sacristine, des fleuristes, des lecteurs, des auxiliaires de l’eucharistie, des gens pour organiser des apéros après la messe, des petites mains – ou des grands bras – pour aider à installer des tables, des chaises, à préparer une fête, ou bien simplement à soulager tous ceux qui font déjà ça… si le Seigneur m’appelle à cela, est-ce que j’ose sortir de ma petite place bien tranquille pour répondre à son appel ?

Ou est-ce que je me dis : « ‘Toutes façons j’ai déjà bien assez fait, et puis y en a d’autres qui s’en occupent ! »

Zachée ose, il descend de son arbre. Ça va permettre rien moins que la venue du Seigneur chez lui. Chez lui ! Chez Zachée !

Le Seigneur aurait pu venir chez n’importe lequel des autres – il y avait toute une foule autour de lui. Non, il va venir chez Zachée, chez celui qui a osé. Chez celui qui a d’abord fait l’effort de passer par-dessus ses propres faiblesses, et puis qui a fait l’effort de se bouger, de descendre de son arbre à l’appel du Seigneur et de le recevoir chez lui.

C’est exactement ce que vous ferez tout à l’heure : lorsque le Seigneur, sous la forme de la petite hostie, viendra en vous, vous le recevrez chez vous !

Zachée passe de la foi inactive de toutes celles et tous ceux qui sont au bord du chemin et qui attendent simplement que Jésus vienne vers eux, il passe de cette foi inactive à la foi active de celui qui se bouge pour aller vers Jésus.

Résultat : le Seigneur vient chez lui, et Zachée va se convertir.

Se convertir, c’est pas seulement pour les païens ! Nous avons tous à nous convertir, chaque jour !

Aide-toi et le ciel t’aidera…

De cette petite histoire, nous pouvons tirer un enseignement important pour nos communautés paroissiales : le Seigneur attend de nous que nous surmontions nos faiblesses – le fameux « oh moi de toutes façons j’suis pas fait pour ça… y en a d’autres bien meilleurs que moi, vous savez !« 

Pas sûr… Et puis… ce sont des gens qui n’étaient pas tout à fait faits pour leur mission que le Seigneur a appelés ! Pour être chef de l’Eglise il a demandé à un pêcheur. Il aurait peut-être pu trouver quelqu’un de plus approprié ? Ben non !

Alors si on commence par se dire : « Oh c’est pas tout à fait fait pour moi… », c’est bon signe ! Peut-être bien que le Seigneur nous appelle justement parce que c’est pas fait pour nous.

Il attend aussi que nous descendions de nos arbres bien confortables – les « oh de toutes façons y a bien assez de gens pour ça… et puis les autres ont qu’à le faire !« 

Il attend de nous une conversion de nos cœurs pour réactiver notre foi qui est parfois bien au chaud dans nos habitudes.

C’était la prière de Paul dans la deuxième lecture : « Nous prions pour que Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, qu’il rende active votre foi« , disait Paul.

Aide-toi et le ciel t’aidera… C’est l’occasion de changer nos regards, d’arrêter de se demander ce que l’Eglise ou la paroisse peut faire pour nous, mais ce que nous, nous pouvons faire pour la paroisse ou pour l’Eglise.

Amen.

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Champex, 29 octobre 2016, 17.00

Lannaz (Evolène), 30 octobre 2016, 10.00

Euseigne, 30 octobre 2016, 18.00

 

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