N’ayons plus jamais peur de Dieu

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Homélie pour le 13e dimanche TO, année B

Sagesse 1,13-15 ; 2,23-24 / Psaume 29  /  2Corinthiens 8,7.9.13-15 / Marc 5,21-43

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT : 

 

Chers Amis,

Nous célébrons le Dieu de la vie. Notre Dieu est le Dieu de la vie, il n’est pas le Dieu des morts. Encore moins le Dieu qui prendrait plaisir à faire mourir quelqu’un !

Vous vous souvenez peut-être de ces faire-part de deuil qu’on voyait dans le temps où il était indiqué : « Il a plu au Seigneur de rappeler à lui »…

Il a plu au Seigneur de rappeler à lui… c’est une formulation d’une totale hérésie. Ça voudrait dire que le Seigneur prend plaisir à faire mourir quelqu’un, c’est ça que ça veut dire ! « Il a plu au Seigneur de rappeler à lui »… Dieu a eu plaisir de faire mourir cette personne !

Les textes qu’on a entendus aujourd’hui nous disent exactement le contraire.

Dans la première lecture c’était les premiers mots : « Dieu n’a pas créé la mort ».

C’est d’ailleurs assez logique puisque la mort c’est l’absence de vie… Dieu ne peut pas être à la fois la vie et son absence. Et on ne peut pas créer une absence. Dieu n’a donc pas créé l’absence de vie.

Et la première lecture, toujours dans la première phrase, allait encore un petit peu plus loin : « Il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. »

Vous voyez ? C’est exactement le contraire de nos anciens faire-part de deuil. Dieu ne se réjouit jamais de la mort de quelqu’un, jamais.

Dieu VOIT mourir les êtres vivants, il ne les FAIT pas mourir.

Dieu ne veut pas le mal, même si parfois il le laisse arriver, ce n’est pas la même chose. Parce que de tout mal Dieu est capable de tirer du bien. Il le laisse survenir dans nos vies et il nous y accompagne quand nous traversons le mal, pour que nous en tirions du bien.

Mais ce n’est pas lui qui veut le mal, jamais.

De notre mort, qui est un mal, il tire un bien : la vie éternelle. Mais c’est bien parce que la mort existe qu’il y a la vie éternelle. Sans l’une, impossible d’avoir l’autre. Si nous ne mourrons pas, nous n’aurons jamais la vie éternelle. Vous ne pouvez pas ressusciter au dimanche de Pâques sans passer par la croix du vendredi saint.

Parfois on aimerait bien ! On aimerait bien supprimer toutes les croix de nos vies, mais ça ne fonctionne pas comme ça.

La mort, Chers Amis, c’est un passage, nous le savons bien, c’est un passage vers la vie éternelle. Dieu tire du bien de ce passage-là. Mais la mort n’est pas un bien en elle-même.

Dieu nous relève après ce passage, le psaume le disait très bien : « Tu m’as relevé, tu m’as fait remonter de l’abîme alors que je descendais à la fosse… » Dieu nous relève, il veut que nous ressuscitions à la fin des temps.

C’est le Dieu de la vie. Il nous appelle à la vie. Chacune, chacun de nous.

Il nous appelle à la vie au travers de chacune de nos vocations aussi. Il nous appelle à porter du fruit, quel que soit l’âge que nous avons d’ailleurs. On peut porter du fruit à tout âge : porter du fruit ce n’est pas seulement avoir des enfants !

Il nous appelle à faire, Chacune, Chacun, selon nos possibilités.

C’est le Dieu de la vie qui nous appelle, c’est lui qui nous a créés. C’est lui qui nous connaissait dès avant notre naissance, comme le dit aussi un psaume.

Et cette vie que nous portons en nous surgit parfois en abondance. Si nous avons eu la chance d’avoir de la vie en abondance – c’est-à-dire d’avoir eu un grand nombre d’années de vie, ou bien parce que nous avons reçu des dons, des qualités, de l’énergie – c’est ça aussi, la vie en abondance – alors nous sommes appelés à partager cela, à donner de notre temps, de notre énergie de nos qualités, de nos charismes.

C’est la deuxième lecture qui nous le disait.

Paul nous y invitait : « Puisque vous avez reçu en abondance, disait-il, donnez aussi en abondance. » Et il ne s’agissait pas d’argent. Il s’agissait de foi, d’amour, de connaissance de Dieu, de tout ce que nous avons reçu de la part de Dieu.

Chers Amis, le Dieu de nos ancêtres faisait peur. Et bien des prédicateurs ont appuyé cet aspect-là par le passé, en nous faisant peur avec un Dieu qui pouvait soi-disant faire du mal à sa créature. Absurde !

Pourtant bien des gens ont encore cette idée en tête aujourd’hui. Jusque dans la phrase « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ? » Ah oui… ça sous-entend : « Qu’est-ce que j’ai fait faux pour que Dieu m’envoie du mal ? »… Hérésie totale. C’est faux !

Quoi que nous ayons fait au Bon Dieu il nous accueille les bras ouverts, nous le savons bien. C’est un Dieu miséricordieux.

Et Jésus, dans l’Evangile, nous donnait, je crois, la clé de tout cela pour évacuer cette vieille conception de Dieu.

C’est la phrase qu’il dit au chef de synagogue persuadé que sa fille vient de mourir. Jésus lui dit, vous l’avez entendu : « N’aie pas peur. Crois seulement. »

Dans cette phrase, nous avons la clé, Chers Amis.

« N’aie pas peur. Crois seulement. »

C’est très intéressant parce que Jésus ne dit pas : « Sois fort » ou « Sois courageux », ce qu’on opposerait, nous, à la peur… « N’aie pas peur, prends courage, sois fort… »

Non. Il oppose à la peur la Foi : « N’aie pas peur. Crois seulement. »

Le remède à la peur ce n’est pas le courage, ce n’est pas la force, c’est la foi.

Par conséquent, n’aie pas peur de Dieu, crois en lui. C’est ça qui compte.

« N’aie pas peur. Crois seulement. »

Vous voyez, à l’hôpital cette semaine, je tenais la main d’un mourant, une nuit… et il me dit : « J’ai peur ». Je lui ai redit ce que je viens de vous dire : « N’aie pas peur, crois seulement. N’aie pas peur de Dieu. Il t’attend les bras ouverts. » Sa main a serré très très fort ma main et j’ai vu son visage s’apaiser… et il a souri.

N’ayez pas peur, Chers Amis, croyez seulement. N’ayez jamais peur de Dieu. Plus jamais !

Il est le Dieu de la vie, le Dieu qui vous attend les bras ouverts.

N’ayons plus jamais peur de lui.

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Aigle, dimanche 27 juin 2021, 10.00

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3 Responses

  1. Philippe Mazé

    Bonjour père Lafargue,
    Votre homélie du 13éme dimanche du TO me touche beaucoup et répond en partie à mes préoccupations présentes .
    Cependant une question double persiste en moi : quand et pourquoi a-t-on opposé le Dieu de l’Ancien Testament à celui du Nouveau Testament ?

    • Vincent Lafargue

      Bonjour à Vous et merci de votre commentaire !
      Je crains que l’opposition entre ancien et nouveau ne fasse tellement partie de l’être humain qu’elle soit ainsi de tout temps.
      Bien cordialement
      Abbé Vincent

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