Nos anges à galettes

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Homélie pour le 19e dimanche TO, année B

1Rois 19,4-8 / Psaume 33(34) / Ephésiens 4,30-5,2 / Jean 6,41-51

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Chers Amis,

Qui, parmi vous, n’a jamais été découragé ? Qui n’a jamais dit : « Là c’est trop, j’en peux plus. » ? Personne. C’est humain. Ce sont des paroles humaines !

Face au découragement, on peut même en venir à vouloir partir très loin parfois. On peut même en arriver à souhaiter mourir, lorsqu’on est découragé… comme Elie dans notre première lecture.

Dans l’histoire d’Elie, peut-être aussi parce que le prophète a mis le Seigneur au défi – Seigneur, reprends ma vie, dit-il – dans l’histoire d’Elie, un ange s’approche pendant son sommeil. L’ange le réveille et lui montre de quoi continuer sa route. Pour Elie c’était de la nourriture.

Le psaume le disait à sa manière aussi : « L’ange du Seigneur campe alentour pour libérer ceux qui le respectent. »

Alors vous me direz qu’il est facile de prétendre qu’un ange va venir nous sauver ! Quand on traverse un deuil, l’ange ne va pas faire revenir la personne. Quand on en est à la 500e lettre de demande d’emploi – comme un jeune que je connais – et qu’on ne reçoit que des refus, quand encore on en reçoit – l’ange du Seigneur, il a bonne mine !

Parce que, chers Amis, on a toujours envie d’un ange à la Harry Potter, un ange magicien qui viendrait d’un coup, comme ça, régler tous nos problèmes. D’un coup de baguette magique !

Mais c’est pas ça, un ange. Et ce n’est pas ça, notre Dieu ! Nous serions de pauvres marionnettes si nous dépendions d’un Dieu qui règle tout comme ça.

Ce n’est pas ce que fait le Seigneur dans l’histoire d’Elie. L’ange commence par dire à Elie : « Lève-toi ! ».

Et le Seigneur commence par nous dire, au fond de nos deuils, au fond des douleurs que nous traversons, de la maladie, de la souffrance, des problèmes, il commence par nous dire : « Lève-toi ! ». Ne reste pas au fond du trou, arrête de continuer à creuser… Lève-toi ! Arrête de te lamenter. Oui, c’est difficile, mais lève-toi !

Ma grand-mère disait : « ça sert à rien de pleurer sur le lait renversé. » …ça sert à rien de pleurer sur le lait renversé, c’est vrai, ça va pas le faire revenir dans la cruche, hein ! On peut se lamenter, ça ne va pas faire avancer les choses.

« Lève-toi ! ».

Alors posons-nous la question, chers Amis : qui sont les anges de nos vies ? Déjà toutes ces personnes autour de nous qui, lorsque nous traversons une épreuve, nous aident à nous relever et nous disent de le faire. « Oui, c’est difficile, ce que tu traverses mais courage, lève-toi ! » Nous connaissons toutes et tous des personnes autour de nous qui sont comme ça. Peut-être que ces personnes sont des anges, à leur manière.

Et puis dans notre histoire, l’ange du Seigneur donne à manger à Elie. Oh pas grand-chose, hein. Une galette et un peu d’eau. On va pas aller loin avec ça… D’ailleurs, après avoir mangé, il est pas super en forme, hein… On nous dit qu’il se rendort. Ça devait pas tout à fait être une barre d’ovomaltine, sa galette, à l’ange !

Qui sont les gens autour de nous qui, au beau milieu de nos problèmes, nous apportent un petit quelque chose, un petit bout de solution. Pas grand-chose, pas encore de quoi traverser le problème, pas une baguette magique, non… Une galette, un peu d’eau. Qui sont ces personnes qui nous font un regard, un sourire, un geste d’amitié, une main sur l’épaule ? C’est pas grand chose. Mais ça nous aide ce jour-là à traverser le problème. Nous en connaissons toutes et tous. Plutôt que de nous lamenter en nous disant qu’ils ne nous apportent pas grand-chose en somme, regardons le verre à moitié plein, le peu qu’ils nous offrent. C’est peut-être bien la galette qui va nous aider à nous relever une seconde fois.

Car l’ange réveille à nouveau Elie, lui redonne à manger et cette fois, il le met en route, vous l’avez entendu. Il lui dit : « Il est long, le chemin qui te reste à faire, alors va ! »

L’ange est honnête, au passage. Il aurait très bien pu dire à Elie : « C’est juste après le contour ! » Vous savez, ça fait échos à des marches de notre enfance, sur des sentiers de montagne, où nos parents nous disaient : « C’est après le prochain contour ! » … et puis le prochain contour, il était loin ! L’ange est honnête. Il lui dit : « C’est loin ! C’est loin… il y a encore beaucoup à marcher. Alors vas-y, marche ! »

A une personne en deuil, il ne sert à rien de dire que ça va passer dans une semaine, c’est faux ! Autant être honnête, comme l’ange. Et lui dire « Ce sera long. C’est vrai, ce sera long. Alors vas-y, courage ! » Plutôt que de lui dire : « Eh ben alors vas-y, couche-toi, laisse-toi mourir, ce sera plus simple. » Non, ce sera pas plus simple, ce sera moins beau.

On encourage ces personnes : « C’est vrai, le chemin est long. Mais tu as des anges qui te nourrissent peu à peu sur ce chemin, qui t’offrent juste ce qu’il faut pour l’étape suivante. Une galette… Appuie-toi sur eux. »

Voilà les anges de nos vies, chers Amis. Ils sont autant de visages du Christ sur nos chemins, car le Christ est le pain de vie, il l’a dit dans l’Evangile. Celui qui nous aide à avancer sur les routes de nos déserts.

Nous qui avons l’Esprit-Saint en nous de par notre baptême, ne l’attristons pas, comme disait Paul dans la deuxième lecture. Faisons-lui honneur, à cet Esprit qui habite en nous, appuyons-nous sur sa force qui suscite toute une série d’anges autour de nous.

Quel que soit notre désert, celui que nous traversons actuellement, il cache des anges. Et il cache une galette et un peu d’eau. Comme disait le Petit Prince : « Ce qu’il y a de beau dans le désert, c’est qu’il cache un puits, quelque part. »

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Pralong, samedi 8 août 2015, 18.15

La Sage, samedi 8 août 2015, 19.30

Evolène, dimanche 9 août 2015, 9.30