Nos prières ont été exaucées !

Classé dans : Bible, Homélies, Pâques | 0
Imprimer
Photo libre de droits : piqsels

 

Homélie pour le 7e dimanche de Pâques A

Actes 1,12-14 / Psaume 26 / 1Pierre 4, 13-16 / Jean 17, 1b-11a

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Mais oui ! Les médias sont essentiels. Et j’imagine que, tout comme moi, vous étiez devant votre télévision mercredi et que vous vous êtes réjouis, tout comme moi, vous avez été tout joyeux de cette déclaration qui nous autorise à nous réunir à nouveau dès jeudi prochain pour célébrer ensemble le Seigneur.

Et pour ma part j’ai été frappé par la déclaration de la journaliste juste avant la conférence de presse de nos autorités : « Les prières des croyants ont été exaucées… »

« Les prières des croyants ont été exaucées… » c’est une phrase qui est sans doute très juste, Chers Amis.

Mais, vous me direz : « oui mais alors moi ça fait depuis le début du confinement que je prie pour qu’on puisse revenir à la messe, alors pourquoi ma prière à moi, elle n’a pas été exaucée ?? Parce que que ça fait des semaines et des semaines, que je prie ! »

Dieu exauce nos prières, Chers Amis. Je le crois du plus profond de mon cœur. Dieu exauce nos prières. Mais pas toujours comme nous le voulons. Pas toujours au moment où nous le souhaitons. Eh oui, pour Dieu mille ans sont comme un jour, comme le dit un psaume.

Dieu exauce notre prière mais nous sommes parfois un petit peu impatients et nous l’attendons parfois là où il n’est pas.

Creusons ce thème de la prière, voulez-vous, Chers Amis ? Puisque tout, dans les textes de ce dimanche nous parle de prière.

Mais oui. Dans la première lecture, tout d’abord, que nous a lue Florence, dans les Actes des Apôtres, juste après l’Ascension de Jésus, vous l’avez entendu, les Onze sont réunis pour prier, et ils ne sont pas seuls. Il y a aussi des femmes, dont Marie. Ils prient ensemble, ce que nous allons enfin pouvoir refaire dans quelques jours.

Certainement que la prière communautaire a une force incroyable, Chers Amis.

Beaucoup plus que la prière dans notre petit coin, chez nous. Mais c’est déjà merveilleux que vous puissiez prier devant votre écran encore une fois, ce matin.

Dans le psaume ensuite, nous entendions : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : c’est habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie ». Si ça, ce n’est pas une prière, alors !

Il ne s’agit pas de demander au Seigneur d’aller le rejoindre, ce n’est pas ça « habiter la maison du Seigneur tous les jours de notre vie » ! C’est faire venir le Seigneur dans notre maison, faire en sorte de demeurer avec lui partout où nous sommes tous les jours de notre vie.

Et c’est exactement ce qui s’est passé pendant ce confinement.

Comme le dit un dessin humoristique, le diable a fermé toutes les églises avec son virus mais Dieu, lui, en a ouvert une dans chacune de nos maisons. Il a fait en sorte que nous puissions demeurer avec lui tous les jours de ce confinement.

Et puis le psaume continuait en disant : « Ecoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié, réponds-moi ! ».

Et c’est peut-être le style de cri que vous avez lancé vers Dieu dès le début de ce confinement, soit parce que vous étiez malade, soit parce que vous aviez des connaissances en grandes difficultés de santé, soit tout simplement pour retrouver le chemin de nos eucharisties.

Je me dis que la personne qui a écrit ce psaume devait être en grande difficulté pour lancer un tel cri : « Ecoute Seigneur ! Ecoute-moi ! Je t’appelle ! »

Peut-être que nous nous retrouvons dans ses paroles.

Relisons les psaumes à l’occasion, ils sont remplis de belles prières mais aussi de cris vers Dieu. Et le cri, c’est aussi une prière.

Quant à la deuxième lecture de ce jour, elle venait appuyer – dans ce cas précis – la force de la prière.

Si vous souffrez, nous disait Pierre, alors n’ayez pas honte d’appeler Dieu, de rendre grâce aussi à votre Dieu parce que vous portez le nom de Chrétien, parce que l’Esprit de Dieu repose sur vous.

Parce qu’on vous a appris à prier, tout simplement.

Rendre grâce au début d’une prière… voilà quelque chose qu’on oublie souvent de faire.

Enfin, je ne veux pas parler trop vite pour vous, Chers Amis. Mais moi j’oublie souvent de commencer ma prière en disant : « Merci Seigneur ! Merci déjà pour tout ce qui va bien ! avant de te demander quelque chose, je veux d’abord te dire merci… » C’est le sens du texte de notre deuxième lecture.

Et puis évidemment, autant aller regarder dans l’Evangile. Surtout aujourd’hui puisque nous avions un Evangile qui nous parlait de Jésus en prière.

Je ne sais pas vous, mais moi j’aimerais bien avoir les images de l’époque, j’aimerais bien voir Jésus prier, méditer… comment faisait-il ? Eh bien là on a tout ! On avait absolument tout dans le texte de l’Evangile.

Contemplons quelques instants ensemble encore, chers Amis, Jésus qui prie tel que nous le racontait l’évangile de Jean ce matin.

Jésus commence par lever les yeux au ciel…

Peut-être que c’est une bonne idée d’avoir une posture qui nous convient lorsque nous nous mettons en prière.

On peut prier partout, vous savez… pas besoin d’entrer dans une église ! Mais peut-être qu’il est important d’être bien, d’être à l’aise, d’avoir une posture qui nous aide à prier. Si c’est lever les yeux au ciel, faisons-le. Si c’est nous asseoir, nous agenouiller, faisons-le.

Et puis Jésus commence par dire « Père… »

Alors attention, cela n’a rien à voir avec un « Père » un peu obséquieux…

Si on vouvoyait nos parents, par exemple : « Père, voulez-vous me passer le sel, s’il vous plaît… » non, ça n’est pas du tout ça.

Quand Jésus dit « Père », c’est « Mon petit papounet-chéri-d’amour », c’est « Mon Papa à moi… mon Papa, écoute-moi… » C’est ça, le mot hébreu qui est traduit par « Père » dans notre texte d’aujourd’hui. « Mon Papa que j’aime… »

C’est un appel plein de tendresse qu’il lance vers le Père, comme celui d’un enfant qui lève les yeux et les bras vers son père en attendant d’être pris dans ses bras.

Jésus nous indiquait ensuite dans sa prière que l’heure est venue, et il demande à son Père de le glorifier. Alors là encore, on pourrait trouver cela un petit peu saugrenu : « Il est gonflé, il demande à son père de le rendre célèbre ! De lui donner la gloire ! »

Oui mais non, non, Chers Amis. La gloire, dans la Bible, ce n’est pas tout à fait la gloire de nos magazines et de nos stars d’aujourd’hui. Glorifier n’a pas du tout ce sens-là, dans la langue de Jésus.

Si l’on essayait de rendre le plus fidèlement possible cette prière de Jésus, ça donnerait sans doute quelque chose comme : « Père, donne-moi le courage de monter sur cette croix où je serai visible du monde entier, et où je te rendrai tout ce que tu m’as donné, en sauvant les Hommes. »

« Fais de moi un signe visible pour que le monde croie ! »

Ah c’est tout autre chose, évidemment…

Ainsi, dans nos prières, Chers Amis, nous pouvons demander à Dieu certaines choses pour nous-mêmes, le Christ lui-même l’a fait.

Ça me révolte toujours, moi, quand par fausse humilité on nous disait jadis – et c’était particulièrement fort chez les religieux – on nous disait : « Oh non, il ne faut pas demander pour soi-même, c’est très orgueilleux, oh là-là surtout pas… » Mais non, ce n’est pas orgueilleux de demander pour soi-même, Jésus l’a fait, alors ! C’est bien pour nous dire qu’on peut le faire !

Simplement, lorsqu’on demande quelque chose pour soi-même, il faut que le but de notre prière soit en Dieu. Il faut que le but de notre prière, ce soit justement de glorifier Dieu, de le rendre visible.

Jésus, aux jardins des oliviers, demande à son Père quelque chose pour lui-même : « Eloigne de moi cette coupe de souffrance ! » Mais il ajoute tout de suite : « Toutefois, non pas ce que je veux mais ce que tu veux… »

Que ce soit TA volonté, à travers ma prière, qui soit faite.

Alors je crois qu’on peut prier pour nous-mêmes. Mais dans un but bien précis : que nous rendions Dieu visible.

Imaginez-vous…  en arrivant à un rendez-vous, en retard… vous cherchez une place de parking, c’est terrible : il n’y en a pas.

C’est toujours comme ça d’ailleurs, hein : plus l’on est en retard moins il y a de places de parking, c’est une des règles de Murphy, comme on dit…

Et là, au volant, vous dites : « Seigneur, donne-moi une place de parking, je t’en prie ! »

Eh bien ça n’a aucun sens, si vous gardez cette prière comme cela il ne va pas vous donner de place de parking.

Par contre, si vous donnez du sens à votre prière en disant : « Seigneur, aide-moi à ne pas être un mauvais exemple aux yeux des autres pour que mon attitude tout entière montre que je t’aime, aide-moi à être quand-même-pas-trop en retard à cette réunion… »

Alors, il vous dira peut-être : « Eh bien tu n’avais qu’à partir plus tôt ! » C’est possible…

Mais peut-être que miraculeusement, comme ça m’arrive souvent, vous allez trouver une place, là, là… juste devant le lieu de réunion…

Essayez, vous verrez…

La prière des époux, ça ne doit pas être « Seigneur, donne-nous d’être fidèles tout au long de notre vie… », c’est demander pour soi mais sans rien après !

La prière des époux, ça pourrait être : « Seigneur, donne à notre Amour une telle splendeur, une telle fidélité, que tous ceux qui verront nos gestes d’amour – nos enfants les premiers – se disent ‘Pour s’aimer ainsi, il faut qu’il y ait quelqu’un qui les soutienne, il faut bien qu’il y ait une force qui existe, il faut bien que Dieu soit avec eux…’ et qu’ainsi notre amour te glorifie. »

La prière du malade ou de celui qui souffre, ce serait par exemple : « Seigneur, donne-moi assez de courage, de confiance en toi pour que je traverse ces moments douloureux avec une sérénité sur mon visage pour que ceux qui me verront se disent : ‘Il est impossible que Dieu ne soit pas avec lui’… »

Ma prière au début de chaque messe, comme je l’ai faite aujourd’hui, est très souvent celle de Mère Teresa. Elle l’avait affichée dans la sacristie de sa petite chapelle, à Calcutta, et cette prière disait : « Toi qui es Serviteur du Seigneur, célèbre cette messe comme si c’était la première, la dernière, ou la seule. »

« Célèbre de telle manière qu’il soit impossible à ta seule vue de croire que Dieu n’existe pas ! », disait aussi Mère Teresa.

Toute prière doit amener les autres à contempler Dieu.

Et vous l’avez entendu, le Christ prie aussi pour nous. Et ça c’est très touchant.

Alors, que notre prière se fasse fervente ! Vous le voyez : quand on prie, on est exaucés…

Et j’aurai la joie de vous retrouver le week-end prochain, en chair et en os, aux heures habituelles de vos eucharisties. Amen !

___________________________________________

Cure de Bex, dimanche 24 mai 2020, 10.00

Imprimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.