Notre Dame des Neiges anti-misogynes

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Homélie pour la Patronale NOTRE DAME DES NEIGES

Ga 4,4-7 / Psaume 44(45) / Luc 2,1-7

Chers Amis,

J’entends parfois dire que l’Eglise catholique est misogyne. Vous aussi ? Vous pensez probablement qu’il y aurait encore du boulot chez nous, rapport à l’égalité hommes-femmes dans l’Eglise. Et chez Dieu aussi peut-être.

Pourtant… En discutant avec quelques connaissances féministes forcenées, en parlant de Dieu et de son Eglise j’en reviens toujours à les étonner.

Comme prêtre, par exemple, je peux vous dire que quand je reçois un couple en vue d’un mariage, d’un baptême, du catéchisme de leur enfant, c’est presque systématiquement ELLE qui me parle au départ, qui est demanderesse, qui transmet la Foi et la religion dans son foyer.

Nous savons aujourd’hui que le christianisme s’est maintenu dans les pays où il était persécuté, jadis la Russie et la Chine communistes par exemple, grâce aux Mamans, aux Grands-Mamans. Ces femmes qui, inlassablement, apprenaient les prières à leurs enfants, pendant que leurs maris allaient tuer d’autres êtres humains.

La plupart du temps, lorsque je vois un adulte et un enfant dans l’Eglise, c’est une mère ou une grand-mère qui viennent montrer à l’enfant comment on prie, allumer un lumignon, refaire inlassablement ces gestes ancestraux, redire ces prières qui se transmettent de femmes en filles ou en fils.

Oui, chez nous aussi, la Foi se transmet bien souvent par les femmes.

Nous fêtons Notre Dame des Neiges, et l’Eglise nous propose pour ce jour deux lectures qui viennent redire que notre Dieu s’est incarné en naissant d’une femme.

Oui, d’une femme, chers Amis. Pour une Eglise misogyne c’est quand même étonnant, ça, non?

Mais si j’avais le dixième du pouvoir que l’on prête souvent à l’Eglise, et si j’avais le millionième du machisme dont on l’accuse, je me serais arrangé pour gommer ça, pour faire naître Jésus de Joseph et de l’Esprit Saint par exemple. D’autant qu’en hébreu, l’Esprit est un mot féminin.

Au contraire, l’Eglise insiste : c’est de l’Esprit Saint ET d’une FEMME, en chair et en os, que Jésus est né. Pas d’un homme.

Et puis dites-moi… A qui le Ressuscité se fait-il voir en premier ? A une femme – Marie-Madeleine – ou à des femmes cela dépend des versions. Qui Jésus rencontre-t-il le plus souvent dans les Evangiles ? Des femmes.

Oui, rétorquent les féministes, mais justement, les femmes devraient être au pouvoir dans l’Eglise, du coup, alors qu’elles n’ont que des rôles subalternes dans notre religion.

…Croyez-vous ? Regardons cela de plus près…

Quelles sont les missions que Jésus donne ?

A Pierre, celle de diriger l’Eglise. Maigre hochet que ce « pouvoir » – entre de gros guillemets. Demandez au Pape François si c’est agréable d’être pape ? De tenter de mettre d’accord des cardinaux vieillissants et, pour certains, avides d’honneurs ou de pouvoir. Vous aimeriez être pape, vous ? Moi pas.

Alors qu’aux femmes, Jésus demande d’annoncer la bonne nouvelle, mieux, de l’enseigner, de faire progresser les gens dans la compréhension de ce mystère immense qu’est Dieu.

D’un côté le rôle crucifiant d’un dirigeant au cahier des charges impossible, de l’autre le rôle extraordinaire d’être les messagères de Dieu dans chacun de nos lieux de vie, dans nos communautés, dans nos familles.

Hélas l’être humain est ainsi fait qu’il envie toujours ce qui lui semble le plus honorable aux yeux du monde, la place la plus en vue. Une assistante pastorale féministe me le disait jadis : « Oui mais toi, TOI, on te VOIT. Moi je suis dans l’assemblée, anonyme. »

[montrant l’autel] Croyez-vous vraiment, Mesdames, qu’il est plus enviable d’être à ma place qu’à la vôtre ?

Etre serviteur de la communauté est-il plus enviable qu’avoir la mission d’éduquer cette communauté, de la faire grandir ?

Le serveur du restaurant est-il plus enviable que la gastronome qui goûte les plats et les fait aimer, en fait découvrir aux autres toutes les saveurs et les subtilités ?

Combien de femmes engagées dans nos paroisses, par rapport aux hommes ? Le pourcentage est écrasant.

Alors oui, je sais, l’être humain est ainsi fait qu’il veut toujours la place qui ne lui est pas accessible. Qui lui est interdite.

On est fabriqués comme ça depuis tout petits. Si on nous dit qu’on n’a pas le droit d’aller à tel endroit ou de faire telle chose, on qu’une envie c’est de transgresser l’interdit.

Voyons les choses de mon côté alors : au nom de la sacro-sainte égalité revendiquée par tant de féministes aujourd’hui, pourquoi n’aurais-je pas le droit de porter un enfant et de lui donner naissance ? C’est très injuste ! Il n’y a pas égalité dans ce domaine ! Cela nous est interdit, Messieurs, battons-nous contre ce Dieu qui nous interdit quelque chose ! Et le jour où la science nous permettra de façon certaine de porter un enfant, je suis sûr que c’est l’Eglise qui nous l’interdira. Battons-nous contre cette Eglise qui nous interdit d’être égaux, Messieurs !

…Ça sonne un peu ridicule, n’est-ce pas, Mesdames ? Je suis un homme, pas une femme. Et je ne revendique pas d’être en tout point comme vous, ce serait absolument ridicule.

Et que dire des autres cadeaux que notre Créateur a fait aux femmes ?

A qui a-t-il donné la beauté ? L’immense qualité qu’est la sensibilité ? A qui a-t-il donné le charme d’un sourire à faire tomber un radiateur ?
A qui Dieu a-t-il donné que tout l’Amour du monde soit contenu dans une larme qui coule de vos yeux, Mesdames ? A qui Dieu a-t-il donné le goût cent fois plus développé que le nôtre ? A qui a-t-il donné des qualités artistiques d’écriture, de sculpture, d’érudition tellement plus fines, bien souvent, que les nôtres ?

A qui Dieu a-t-il confié la grâce, la fragilité, et en même temps une résistance à la douleur – on le sait – bien meilleure que la nôtre, Messieurs ?

A qui Dieu a-t-il donné la joie, l’honneur immense, de porter son propre Fils ? A un homme ? Eh non. A l’une d’entre vous.

Et en face, qu’avons-nous Messieurs ? La force. Celle de faire la guerre par exemple – chouette ! Souvent le pouvoir aussi, notamment en politique – même si cela change. Quand on voit ce que certains soit-disant puissants de notre monde font de leur libido et de leur force physique, permettez-moi d’avoir envie de vomir.

Alors s’il vous plaît… voyons les choses telles qu’elles sont. Marie est une femme. Une femme de Nazareth. Avec tout ce qu’une femme a de merveilleux.

Si Dieu avait voulu inventer une déesse, il l’aurait fait. Mais non, il a choisi l’une d’entre vous. Laissez-moi vous le redire, Mesdames. Il a choisi l’une d’entre vous. Pas l’un de nous.

Et j’aurai beau manifester jusque sous les fenêtres du Pape, jamais je ne pourrai changer cela. Et tant mieux !

Marie, Notre Dame des Neiges, par ses joies qu’elle exprime notamment dans le prodigieux Magnificat, par ses larmes de mère au pied de la croix de son fils, par sa sensibilité, sa douceur, sa tendresse, par son incroyable force aussi à supporter la douleur de perdre un fils, par son espérance inébranlable, Marie est une femme comme vous, Mesdames.

Et jamais je ne pourrai lui ressembler comme vous lui ressemblez. Jamais. Et d’ailleurs je ne le souhaite pas. Chacun son rôle en ce monde.

Qu’elle serait triste, l’égalité, si nous nous mettions toutes et tous à être identiques !

Alors prions Marie, chers Amis. Prions-la comme notre Maman du ciel, comme celle qui vous ressemble, Mesdames, comme celle en qui vit le trésor que Dieu avait placé en Eve, et qu’Adam n’aura jamais.

Prions-la, et remercions-la de nous montrer que s’il est une institution sur cette terre qui fait honneur aux femmes, c’est entre autres aussi notre religion.

Réjouis-toi, Marie, Notre Dame des Neiges, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus ton enfant est béni. Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort, Amen.

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Sanctuaire de Crételles (Randogne, VS), dimanche 3 août 2014, 10 .30

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  1. Bernard Van Baalen

    Bien, bien écrit… Je pense à Béatrice … et j’ai envie de pleurer…
    On peut ne pas être féministe a tout crains… mais il nést pas bon d’être anti femme non plus… (Toute allusion à un ancien évêque serait loin d’être fortuite)
    J’aime bien tes textes, continue, tu fais envie d’être encore officiellement chrétien …
    Affectueusement et fraternellement, bien sûr

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