Nul n’est prophète en son pays…

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Photo DR : Alternative Santé

 

Homélie pour le 14e dimanche TO, année B

Ezéchiel 2,2-5 / Psaume 122(123)  /  2Corinthiens 12,7-10 / Marc 6,1-6

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

La semaine dernière, j’ai eu la joie de prêcher pour la plus grande paroisse de Suisse Romande… Vous savez où c’est ?… C’est la radio.

 

Eh oui, vu le nombre d’auditeurs, la messe radiodiffusée est – et de loin – la plus grande paroisse de Suisse Romande.

 

Et à chaque fois, chaque fois que j’ai l’occasion de le faire, c’est la même chanson. Je reçois des téléphones, des messages qui me disent : « Ah c’est merveilleux la messe avec vous ! Si tous les prêtres étaient comme vous, il y aurait plus de monde à la messe… »

 

Alors je garde la tête froide, hein, rassurez-vous ! D’abord parce que j’entends cette phrase à chaque fois que je prêche dans une autre paroisse que les miennes, mais ensuite et surtout parce que, justement, je ne l’entends pas dans mes paroisses ! et c’est bien normal, c’est logique !

 

Ce qui est valable pour la vie courante, pour la vie d’un couple ou d’une famille, l’est aussi pour la vie des prêtres : l’herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin ! C’est logique !

 

On le sait bien, il n’y a que deux bons curés : celui qu’on avait avant, « ah comme c’était mieux avant ! », et celui qui viendra remplacer l’actuel, « mon Dieu, s’il vous plaît, le plus vite possible, on n’en peut plus ! ».

 

Et ça colle exactement avec ce que nous rappelle Jésus dans l’Evangile : un prophète n’est méprisé que là où il habite. Partout ailleurs on l’écoute.

 

Et comme un prophète, étymologiquement, c’est celui qui parle de Dieu, c’est celui qui parle au nom de Dieu, eh bien c’est le cas de la plupart des prêtres.

 

Et c’est le drame de tous les prophètes, de ne pas être compris, là où ils sont !

 

Au prophète Ezékiel, que l’on entendait en première lecture, Dieu disait « Tu leur parleras… et qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, de toutes façons ce sont des rebelles. Mais ils sauront qu’il y a un prophète parmi eux. »

 

…Voyez, c’est pas d’hier, hein !

 

Et le psaume se lamentait, dans la bouche – probablement – d’un prophète, en disant : nous sommes rassasiés du mépris ou du rire que nous recevons.

 

Quant à Paul, dans la deuxième lecture, lui qui est un prophète aussi, à sa manière, il avait bien compris cela. Dans sa lettre, il nous rappelait qu’il a une écharde dans sa chair pour l’empêcher de s’enorgueillir…

 

On ne sait pas bien ce qu’est cette écharde de Paul, il est toujours très évasif à son sujet. Peut-être est-ce une véritable écharde mais en ce cas, sacrée écharde ! Puisqu’il l’a eue toute sa vie…

 

Il y aurait plutôt à penser qu’il s’agit d’une écharde symbolique, spirituelle. Quelque chose qui l’empêche de se croire le meilleur, de s’enorgueillir.

 

Et cette écharde, c’est peut-être bien le fait de ne pas être compris dès qu’il s’installait quelque part… Il devait toujours repartir, toujours voyager… Et Dieu sait que Paul en a fait, des voyages !

 

Exactement comme vos prêtres qui sont toujours de passage pour quelques temps, et qui repartent ensuite.

 

Un prophète n’est méprisé que par les gens chez lesquels il habite. C’est ainsi.

 

Et Jésus nous disait aussi qu’un prophète est méprisé également dans sa propre famille, dans les gens de sa maison.

 

Je connais bien des grands-parents qui viennent me voir en me disant : « Oh vous savez, moi je n’ose pas tellement parler de religion à mes petits-enfants, parce que sinon mon fils / ma fille va se fâcher et je risque de ne plus les revoir. »

 

Voilà. Prophète méprisé dans sa propre famille.

 

Alors, les grands-parents qui sont là, vous me direz peut-être que c’est ce que vous vivez mais que ça ne joue quand même pas, ma théorie, puisque vous n’êtes pas prophètes…

 

En êtes-vous bien sûrs… ?

 

Nous sommes tous prophètes… de par notre baptême. Nous le savons bien !

 

Au baptême nous devenons prêtre, prophète et roi.

 

Prêtre parce que chaque baptisé est appelé à célébrer… C’est ce que vous êtes venus faire ce soir ! Il n’y a pas que moi qui célèbre ! Nous sommes tous en train de célébrer ce soir.

 

Ah c’était formidable, les médias, au moment de la messe du pape à Genève ! On a eu tous les verbes : « le pape est venu DIRE une messe » « il est venu DONNER une messe » « on est venu ASSISTER à la messe »… Tout est faux ! Il est venu CELEBRER une messe et nous sommes venus – 37’000 personnes – CELEBRER avec lui.  Nous sommes prêtres, de par notre baptême. Nous sommes des célébrants.

 

Rois, nous le sommes aussi – mettez-le aussi au féminin, Mesdames, hein : Prêtresses, Reines, Prophétesses – nous sommes Rois et Reines parce que chaque baptisé hérite du Royaume de Dieu. Nous le construisons ensemble et nous serons chacune, chacun, Roi, Reine de ce royaume.

 

Et nous sommes prophètes, je le disais, parce que chaque baptisé, chacun de nous, a pour mission de parler de Dieu autour de lui.

 

C’est pas compliqué ! Une grand-maman qui apprend à faire le signe de croix à son petit enfant est prophète, elle lui parle de Dieu. Ça commence là ! C’est tout simple.

 

Nous sommes tous prophètes, chers Amis. Nous vivons, parfois, ce rejet de nos proches lorsque nous leur parlons de Dieu.

 

Nous vivons parfois le rejet des gens qui sont autour de nous, là où nous habitons, lorsque nous parlons de Dieu… : « Ah tu vas à la messe, toi ? Ha ha ha… tu crois encore à ces trucs-là ? »

 

Continuons ! C’est par nos actes, avant tout, qu’on est prophètes…

 

Et pour nous consoler, quand vraiment on en a un peu marre des rires des autres, eh bien rappelons-nous cette perle que nous laissait Paul dans la deuxième lecture : « C’est lorsque je suis faible qu’alors je suis fort. »

 

« J’accepte tout, dit Paul… Les persécutions, les rires, les moqueries… parce que je sais que lorsque je suis faible… alors, je suis fort. »

 

Parce que Dieu ne choisit jamais la force pour faire passer son message. Il choisit la faiblesse, en général. Quand nous sommes faibles, nous sommes probablement de bons prophètes.

 

Et à vous chers Amis, d’où que vous soyez, j’ose demander de ne pas mépriser vos prophètes. Et je ne parle pas seulement de vos prêtres, je parle de toute personne envoyée dans vos journées, qui vous dit peut-être quelque chose de la part de Dieu.

 

Vous savez, ces personnes qui nous parlent, et puis… et puis ça froisse un peu, ça fait mal, ça fait mal par où ça passe, on n’a pas envie d’entendre ce que cette personne nous dit ce jour-là.

 

Eh bien cette personne est peut-être – probablement même – une personne envoyée par Dieu dans notre journée, un prophète.

 

Ne la méprisons pas ! Et tâchons d’être prophètes nous aussi, avec indulgence pour tous les autres prophètes.

 

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Les Collons, samedi 7 juillet 2018, 17.00

Vex, samedi 7 juillet 2018, 18.30 (Version enregistrée)

Evolène, dimanche 8 juillet 2018, 9.00

Hérémence, dimanche 8 juillet 2018, 10.30

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