Olivia et Thomas – Homélie de Mariage

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Homélie pour le

Mariage d’Olivia et Thomas

1Co 12,31-13,8a – Ps 102(103) – Mt 22,35-40

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Vous savez,

À chaque fois que je recevais des nouvelles d’Olivia, ou que je voyais des photos sur les réseaux sociaux, ça provenait toujours d’un pays que je ne connaissais pas, ou d’une région totalement improbable, là-bas, quelque part de l’autre côté de ce petit globe sur lequel nous vivons… et qu’elle a parcouru dans tous les sens.

On dit que le seul nombre qui est inconnu de Dieu c’est la somme de toutes les congrégations religieuses différentes qui existent dans le monde – tant il y a de branches, de familles, de subtiles subdivisions… mais je crois qu’il y a un autre nombre que même Dieu ne connaît pas, c’est l’ensemble des pays, des régions, des villes, des villages visités par Olivia… ça je pense que c’est trop fort pour lui !

Alors quand elle m’a appris qu’elle épousait un Parisien… qui ne sortait quasi jamais même pas de sa ville mais de son arrondissement… là je me suis dit : Seigneur, je te savais capable de grandes choses mais à ce point !

Et puis je me suis dit : on a gagné aux tirs aux buts, bon, d’accord, mais fallait-il vraiment infliger au peuple français une humiliation supplémentaire en allant leur piquer un Parisien pur sucre pour l’emmener en Suisse ?

(Oui parce que Thomas ne le sait pas encore, mais tôt ou tard il suivra Olivia partout où elle ira)

Et puis en y réfléchissant mieux, je me suis dit que c’était parfaitement logique, au fond. Pour que cette improbable rencontre – qui a commencé sur écran rappelons-le – pour que ce coup de foudre devienne grand feu de joie et qu’il produise des braises qui dureront toute la vie, il fallait forcément qu’il y ait Dieu.

Puisque Dieu est Amour, il est cette force incroyable qui déplace les montagnes, même les montagnes suisses, jusque dans le 15e arrondissement de Paris. Et j’aime mieux vous dire que c’est du lourd, hein !

Vous aimez Dieu, tous deux. Ça je peux le dire. Il fait partie de vos valeurs profondes, de votre identité même.

Alors posons-nous la question : aimer Dieu, qu’est-ce que cela signifie ? L’extrait d’Evangile que vous avez choisi de nous faire entendre le disait parfaitement : cela signifie aimer son prochain.

Ah oui… si j’ai bien compris le texte de Matthieu que nous venons de réentendre, c’est tout à fait clair : le premier commandement d’après Jésus c’est tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et le second commandement qui lui est semblable dit Jésus – donc qui lui est lié, qui a la même force – c’est tu aimeras ton prochain comme toi-même.

Les deux commandements sont donc liés.

On ne peut pas aimer Dieu sans aimer son prochain. Et vice versa. Si on fait du bien à son prochain, c’est une façon d’honorer Dieu. Il y a donc bien des gens qui honorent Dieu sans le savoir… en témoignant de l’amour pour leur prochain.

L’Amour, l’entraide, l’Amour du prochain, cela fait partie de votre vie, de vos valeurs.

Mais Jésus allait BEAUCOUP plus loin.

Aime ton prochain COMME TOI-MÊME, disait Jésus.

Et là cette fois, c’est l’esprit helvétique qui en prend un sacré coup. Parce qu’en Suisse, vous savez, on a une culture de l’humilité tout à fait excessive par rapport à la France qui cultive… pas le contraire de l’humilité, non, quand même… mais pas loin, parfois.

En Suisse, on a une nette tendance à l’autoflagellation et au dénigrement personnel. On nous remercie pour quelque chose ? – Oh c’est rien ! répondons-nous.

Bah non ce n’est pas RIEN. C’est très violent de répondre « c’est rien » !

–      Magnifique, cette tarte aux pommes, grand-maman !

–      C’est rien ma chérie !

Bah non c’est pas rien. C’est une tarte aux pommes, d’abord, c’est pas « rien ». Et ensuite elle ne contient pas que des pommes mais tout l’amour que la cuisinière a mis avec. C’est loin d’être « rien ».

Il y a donc un juste milieu à trouver entre le côté français qui va décréter que c’est la meilleure tarte du monde, forcément, et le côté suisse qui va dire « c’est rien »…

Aime ton prochain COMME TOI-MÊME.

Ça veut dire que si tu te dénigres toi-même, c’est ainsi que tu risques de traiter ton prochain.

Mais si tu te plantes devant le miroir chaque matin en disant : « Je suis le plus beau, le plus fort, le meilleur », tes relations avec les autres ne seront pas forcément très saines non plus.

Il y a un juste milieu, un juste équilibre à trouver, dans le couple comme ailleurs.

Comme en justice, avec cette balance…

Un peu de « suissitude » à mettre dans la « francitude », et un peu de nationalisme français dans le fédéralisme helvétique.

Il s’agit d’arriver à l’heure… mais pas trop.

Un peu de légalisme, Monsieur, mais un peu de diplomatie aussi, Madame…

Cet équilibre construit, constitue votre couple.

L’équilibre et les clins d’oeil de la Providence… dans ce cas on dit des clins-Dieu, d’ailleurs. Parmi tous les clins-Dieu qui émaillent votre vie jusqu’à ce jour, il en est un que vous n’avez pas vu venir… et que vous ne connaissez probablement même pas encore. L’Evangile que vous avez choisi, figurez-vous, c’est celui que la liturgie catholique propose à tous – tous ! – les croyants le vendredi de la 20e semaine du temps ordinaire les années impaires… c’est l’Evangile d’aujourd’hui, eh oui !

Après tout le gymkhana qu’il a fallu pour arriver à cette date et en ce lieu, avouez que c’est tout de même assez fort de café !

Ceci dit, l’Amour n’est pas qu’un subtil équilibre. Il est aussi, et même souvent, quelque chose d’excessif, d’absolu, et c’est aussi cela que nous propose le Dieu de tendresse que décrivait l’auteur du psaume que vous avez choisi.

Et cet Amour excessif culmine dans l’extrait de la lettre aux Corinthiens qu’Elisa nous a lu il y a quelques minutes.

Laissez-moi vous redire, Olivia et Thomas, le programme de ces prochaines années :

L’amour prend patience…

L’amour rend service…

L’amour ne jalouse pas…

L’amour ne se vante pas…

L’amour ne se gonfle pas d’orgueil…

L’amour ne fait rien d’inconvenant…

L’amour ne cherche pas son intérêt…

L’amour ne s’emporte pas…

L’amour n’entretient pas de rancune…

L’amour ne se réjouit pas de ce qui est injuste…

L’amour trouve sa joie dans tout ce qui est vrai…

L’amour supporte tout…

L’amour fait confiance en tout…

L’amour espère tout…

L’amour endure tout…

« Vaste programme », comme aurait dit l’autre…

Et si vous appliquez tout cela, alors – et alors seulement – la dernière phrase de l’extrait de St Paul se vérifiera : l’amour – votre amour, Olivia et Thomas – ne disparaîtra jamais.

Longue vie à tous les deux !

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Eglise St Nicolas de Fontenay-Mauvoisin, Yvelines, France

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