Parents, Iphone, Autel et Ambon

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Photo : mes parents…
 

Homélie pour le 23e dimanche TO, année C

Sg 9,13-18 / Psaume 89 / Luc 14, 25-33

MESSE DES JEUNES – « DIMANCHE 19H »

Chers Amis,

Mes parents, qui sont ici ce soir, me disaient plein de choses, comme à vous, quand j’étais ado. « Fais ceci, fais pas ceci, c’est pour ton bien…« 

C’EST POUR TON BIEN… Cette phrase-là, qu’est-ce qu’elle a pu m’énerver… C’EST POUR TON BIEN…

L’autre jour je partais en hélicoptère bénir une cabane de montagne à 3’000 m. – ce sont les joies d’un prêtre en Valais, ça. Au téléphone, ma Maman me dit de ne pas oublier un pull, parce qu’il va faire froid là-haut…

– J’ai 38 ans, Maman…

– Je sais mais C’EST POUR TON BIEN…

[à Maman dans l’assemblée :] Hein c’est vrai ??

Grrr. Le pire, c’est qu’elle a raison… Seulement ça, à l’adolescence, on ne s’en rend pas compte.

« Viens à table… range ta chambre… arrête avec ton Natel… rentre pas trop tard… enlève tes chaussures… oublie pas de téléphoner… » (Faudrait savoir : « arrête avec ton Natel » et « oublie pas de téléphoner ?? » Y a un bug, là!)

Eh ouais, ça saoule, hein ? Et ça saoule parce qu’on comprend pas pourquoi on nous dit tout ça.

Dans le livre de la Sagesse, notre première lecture, c’est exactement ce qui est écrit. On comprend pas toujours ce que Dieu veut exactement en nous envoyant tel conseil, tel signe, telle épreuve. Or Dieu, on l’appelle comment ? Notre Père… Voilà. On ne comprend pas toujours ce que nos parents nous disent.

Quand on est ado, venir à table, des fois, c’est un peu comme venir en prison. Et dès qu’on peut repartir on file dans notre chambre (et on claque la porte aussi, des fois, faut bien reconnaître)…

Pourtant, un peu plus tard, on comprend qu’à table on a appris plein de choses qui nous paraissaient stupides. C’est à table qu’on se retrouve. Qu’on se rassemble. Qu’on partage. Qu’on se nourrit. Ouais, je sais, le pot de Nutella sous le lit, je l’ai fait aussi. Mais là on se nourrit pas, on se goinfre.

La table, c’est le lieu où l’on a plaisir à échanger entre amis. Pour ma part, c’est avec des Valaisans que j’ai appris la valeur du vin partagé (et que cela n’a aucun ses d’en boire tout seul, par conséquent), et avec mes parents que j’ai appris l’importance du pain partagé. Dans les deux cas, il y a autre chose que la nourriture et la boisson, il y a un lien plus fort qui se partage. L’Amitié, notamment.

Vous me direz, quand on est ado, l’Amitié avec ses parents, c’est pas vraiment ça. Yes, je suis d’accord. Et si vous écoutez Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui, quand il dit qu’il faut venir à lui en quittant son père, sa mère… l’ado il fonce, il dit « J’arrive Seigneur, tout de suite ! Libère-moi ! » Mais vous verrez… Mes parents sont devenus mes amis les plus chers, avec le temps. Et pourtant Dieu sait si je leur en ai fait voir !

Et c’est là que ce que dit Jésus prend tout son sens. Quitter son père, sa mère, son frère, ses amis… c’est pas si simple. Je l’ai fait, moi, pour aller habiter un autre canton, et pourtant c’est en le faisant que j’ai découvert qui j’étais vraiment, et quelle place avait Dieu dans ma vie… C’est aussi en étant loin des gens que j’aime que j’ai appris qu’on ne peut pas être à deux endroits à la fois, même si c’est douloureux. On doit se consacrer aux personnes qui sont là, devant nous, avec nous. Et les autres ce sera pour plus tard.

Alors évidemment, garder son Iphone à table, c’est juste pas possible. On peut pas être là et ailleurs en même temps, là aussi y a un bug !

Et si on vous le dit C’EST POUR VOTRE BIEN… Garder son Iphone à table c’est insultant et pour la personne qui est à table avec nous et pour la personne à qui l’on répond, parce qu’on ne peut pas vraiment se consacrer à ce qu’elle nous dit. On est à moitié avec chacune des deux personnes.

A la messe, il y a deux tables. Deux raisons de couper son Iphone ! Ce que vous avez d’ailleurs fait en entrant ici. Non ? C’est le moment de le faire alors !

La table la plus évidente c’est celle-ci, l’autel [montrant l’autel]. On vient y partager le repas du Seigneur, servi par le prêtre.

Mais il y en a une deuxième, qu’on appelle l’ambon [montrant l’ambon]. A celle-ci, on vient se nourrir de la parole du Seigneur.

L’ambon. Parce que c’est lent et bon de prendre le temps d’écouter le Seigneur… Non, c’est pas vrai DU TOUT, je blague, ça s’écrit pas comme ça. Mais maintenant quand une prédication vous semblera lente, vous n’oublierez plus que ça s’appelle LENT-BON…

L’autel on l’appelle comme ça parce que c’est le lieu le plus HAUT et parce que c’est TEL…ment mystérieux ce qui s’y passe !! Blague encore (quoi que le plus haut c’est juste), mais comme ça vous vous en souviendrez… AUTEL, AMBON…

Et c’est pour ça qu’on se concentre. Qu’on est entièrement présent à Dieu qui se donne dans sa parole et dans son corps. Parce que ce sont les deux parties du repas le plus important de notre journée !

Que diriez-vous si, en plein milieu de la prière de consécration du pain et du vin, je m’arrêtais pour répondre à mon téléphone en disant : « Deux secondes, Seigneur, j’ai un pote qui m’appelle de loin, là, je te reprends tout de suite… » ??

Que diriez-vous si, en plein milieu de la lecture de l’Evangile, je m’étais arrêté pour prendre en photo l’amie du premier rang, là, et la mettre sur Facebook ??

Sois à ce que tu fais, pleinement. Tu es à table avec les parents, ça te saoule ? OK, mais ils sont là, devant toi. Ils t’ont donné la vie, le cadeau le plus précieux qu’on ait pu te faire. Le moindre des respects c’est de les écouter, même si tu comprends pas toujours ce qu’ils te disent, même si la phrase « C’EST POUR TON BIEN » te ressort par les oreilles. Ecoute-les.

Tu es venu à cette messe pour être nourri de la parole de Dieu et de son corps ? Pour écouter ce parent céleste qu’est notre Père ? Sois complètement avec nous. Ne pense pas à l’apéro de tout à l’heure, ou au message que tu viens de recevoir parce que tu as senti ton téléphone vibrer dans ta poche. Sois avec nous, pleinement. Et tu verras, tu seras nourri.

Jésus, dans l’Evangile de ce soir, nous donne aussi une parole de paix. Hier j’ai jeûné toute la journée, puis j’ai prié avec mes paroissiens, 5 heures de temps jusqu’à minuit, pour la paix en Syrie et dans le monde, entre les êtres humains. Comme le Pape François nous l’avait demandé.

A « Dimanche 19h », après la prédication, maintenant, on prend toujours quelques minutes de silence, un bon moment. Pendant ce silence, écoute ! Ecoute ce que Dieu vient te dire dans ton cœur ! Ecoute l’appel à la paix qu’il te lance.

La paix dans le monde, elle passe aussi par toi. Et si tu te demandes ce que tu peux faire pour la paix, dis toi que la paix, ça commence à table, chez toi, dans ta maison. La paix en Syrie, ça commence en coupant ton Natel à table. La paix dans le monde, ça commence en tendant une main ici, chez toi. En faisant un bisou à tes parents ce soir, quand tu rentreras.

Ou alors, si on a les a sous la main comme moi ce soir, on peut même le faire tout de suite…

[puis bisou à mes parents dans l’assemblée]

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Nyon, dimanche 8 septembre, 19.00

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