Pelle, pneus, chasse-neige et blonde.

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Photo DR : blogs.rpn.ch
 

Homélie pour le 2e dimanche de l’Avent B

Isaïe 40,1-5.9-11 / Psaume 84 / 1 Pierre 3,8-14 / Marc 1,1-8

[Texte en partie repris et passablement modifié et augmenté de l’homélie du 10.12.2012]
 
 

Chers Amis,

On attend la neige, vous êtes d’accord, non ? J’ai vu un ami bacouni qui revenait du ski, je vous dis pas comme ça m’a fait envie !

Mais bon, la neige on aime bien la voir sur les sapins, sur les pistes, mais on l’aime moins sur nos routes.

Ça m’évoque l’histoire – véridique – d’une amie qui vit dans nos montagnes valaisannes. Un jour qu’il avait bien neigé, elle débouche d’un petit chemin sur une grande route cantonale. Pas de bol, le chasse-neige venait de passer sur la grande route. Et donc il y avait un joli petit tas de neige entre le chemin et la route.

« C’est pas ça qui va m’arrêter ! », se dit-elle. « Je passe ! ».

La voiture est montée sur le petit tas de neige… et est arrivé ce qui devait arriver : elle est restée bloquée dessus. Et là, l’amie en question faisait moins la maligne.

J’ai oublié de vous dire qu’elle est blonde… Mais ça aurait pu arriver à bon nombre de pas-blondes que je connais. Et à bien des messieurs aussi ! Blonds, bruns, roux, chauves, qu’importe.

Dans ce genre de cas, il arrive qu’on passe Dieu par tous les noms d’oiseaux possibles. Et au passage on lui demande pourquoi il n’est JAMAIS là au bon moment pour nous aider.

Bon, après on passe notre colère sur les conducteurs des chasse-neige – heureusement qu’ils sont partis sans quoi ils passeraient un sale quart d’heure.

Et puis après on réfléchit. On s’aperçoit que Dieu n’y est pour rien, et les gars du chasse-neige non plus.

En fait c’est un peu nous, les fautifs. On aurait mieux fait de ne pas se croire tout-puissants, d’aplanir un peu les montagnes d’orgueil qu’on a dans nos cœurs.

Ah ben oui parce que, bien sûr, les histoires de routes à aplanir, que nous avons entendues dans les lectures d’aujourd’hui, vous n’avez tout de même pas imaginé qu’il s’agissait de vraies routes, avec de la vraie neige à aplanir ?

Bon, d’abord, le prophète Isaïe ne parlait pas de neige. Ah non, la neige, c’est vachement rare dans la région où vivait Isaïe ! Non, Isaïe parlait effectivement de routes à préparer, de montagnes à aplanir, de ravins à combler, histoire que ce soit plat, mais dans le désert.

…Bon, y a des blondes aussi, ans les déserts, hein… Faut croire que ça pourrait arriver même avec du sable, cette histoire de voiture plantée au bord d’une route ! N’empêche, il y a des déserts dans nos cœurs, aussi. Et il y a des routes spirituelles, aussi. Et les textes nous parent peut-être de celles-là…

Marc, lui aussi, dans l’Evangile de ce week-end, parle de routes à aplanir pour préparer la venue du Seigneur. Il cite Isaïe, en fait. Juste avant de parler d’un autre prophète, Jean-Baptiste.

Et que dit Jean-Baptiste ? Il proclame la conversion, nous dit le texte. Il nous demande de convertir nos cœurs pour préparer la venue du Seigneur.

Y aurait-il des montagnes à aplanir dans nos cœurs ? Y aurait-il des ravins à combler dans nos cœurs ? Faut voir…

Vous avez remarqué, au passage, comme ces deux textes se répondent, la première lecture et l’Evangile.

Et c’est là que la deuxième lecture prend tout son sens, la lettre de Pierre. Elle aussi parle de conversion, en nous disant une sacrée bonne nouvelle : le Seigneur est infiniment patient. Il ne veut pas en laisser un seul se perdre, alors il attend patiemment qu’on ait fini de mettre tout à plat sur les routes de nos cœurs, pour ne pas rester en rade.

Les routes de nos cœurs… est-ce qu’on en prend assez soin, chers amis ? Vous avez vu comme elles sont belles, les rues de nos villages, au moment de l’Avent ? Il y a de petites lumières partout, des décorations, c’est magnifique.

Mais dites-moi, vous avez illuminé un peu les chemins, les rues, les ruelles, les routes de vos coeurs ? Parce que c’est de ces routes-là dont parlent Isaïe, Jean-Baptiste, Pierre et les autres. Ces routes spirituelles qu’on a parfois de la peine à déneiger pour préparer la venue du Seigneur.

Nos cœurs pleins d’autosuffisance et qui se disent : « je m’en sortirai tout seul, de ce problème. » …et on passe sur le tas de neige de l’Avent en voulant atteindre la route cantonale de Noël, et on reste bloqués… On se demande pourquoi on arrive à Noël crevés, stressés, en colère avec les nôtres. Et si on essayait de déblayer un peu la route, dites ? ça irait pas mieux ?

Dieu ne veut pas laisser qui que ce soit bloqué sur les tas de neige de nos cœurs. Mais il a besoin de notre humilité, de notre désir de conversion. Il a besoin qu’on utilise tout ce qu’il met à notre disposition plutôt que de rester là au bord de la route à maudire le conducteur du chasse-neige.

Ah oui, parce que j’ai oublié de vous dire : Dieu nous laisse des outils au bord de la route pour passer le petit tas de neige, oui oui !

La pelle à neige déjà – c’est un bon début mais c’est long – ça s’appelle la prière. C’est un beau moment, l’Avent, pour s’y remettre. Comme avec la pelle, c’est tous les jours, et des fois c’est plus difficile que d’autres.

Les pneus neige – plus efficaces – ça s’appelle le partage, la solidarité, l’amour. C’est ça qui nous fait adhérer au sol. Et pendant l’Avent, c’est pas mal aussi, de partager davantage.

Les chaînes à neige – encore plus efficaces – s’appellent l’Eucharistie. Ce que vous êtes venus chercher ce soir/ce matin, donc.

Le chasse-neige – le top du top – s’appelle le sacrement du pardon. C’est Dieu qui le conduit.

Et puis le gars qui est en gilet orange au bord de la route, il est en blanc et violet dans vos assemblées, ça s’appelle un prêtre. Lui, il a le numéro du conducteur du chasse-neige… Et il a une souffleuse avec lui. Une pelle, des pneus neige, tout.

Alors chers Amis, vous voulez vous la jouer blonde d’ici Noël ? Vous tentez le passage tout seuls comme des grands ? Libre à vous.

Mais si jamais vous avez besoin de quelque chose, je suis là, au bord de la route.

Alors… à bientôt…

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Hérémence, 6 décembre 2014, 19.00

Evolène, 7 décembre 2014, 10.30

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  1. ruth

    merci pour les éclairs que vous apportez dans nos ténèbres ça change les problèmes,les voir de cette façon là on trouve des réponses.

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