Qui devons-nous être ?

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Homélie pour le 3e dimanche de l’Avent C

Sophonie 3,14-18a / Cantique d’Isaïe / Philippiens 4,4-7 / Luc 3,10-18

Chers Amis,

Le 3e dimanche de l’Avent est souvent appelé « Dimanche de la Joie ».

Les textes de cette année sont particulièrement représentatifs de cela. Tout à l’heure le prophète Sophonie nous disait :

« Pousse des cris de joie ! Réjouis-toi ! Tressaille d’allégresse ! ».

Le prophète Isaïe dans le cantique disait : « Jubilez ! Criez de joie ! Jouez pour le Seigneur ! ».

Paul, dans sa lettre aux Philippiens, est encore plus clair puisqu’il commence ainsi :

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur; laissez-moi vous le redire: soyez dans la joie ! »

J’ai un confrère jurassien un petit peu chauvin sur les bords qui vient de Porrentruy, capitale de la région qu’on appelle l’Ajoie, et qui m’a dit un jour que « Soyez dans la joie » c’était une invitation touristique à se rendre chez lui! Ça ne marche pas vraiment avec le mot « Chermignon »… même si notre région est autrement plus belle !

Trêve de plaisanterie, le Seigneur nous demande donc d’être JOYEUX.

Bien sûr ce n’est pas toujours simple. On a tous des problèmes, des difficultés, des soucis, des factures à payer, des conflits, des deuils. Dieu ne nous demande pas d’être fleur-bleue, de dire « tout va bien » lorsque tout ne va pas bien.

Etre joyeux, chrétiennement parlant, ce n’est pas forcément des attitudes mais bien d’abord un état d’esprit. Ce n’est pas forcément quelque chose à FAIRE ou à DIRE mais d’abord quelque chose à ETRE.

Et je crois que c’est le défi que nous lance l’Avent, chaque année.

Non pas « qu’allez-vous FAIRE cette année pour préparer la venue du Seigneur », mais bien « qui allez-vous ETRE cette année ? ».

On peut FAIRE des milliers de sapins, FAIRE des milliers de crèches, FAIRE des milliers de vitrines, FAIRE des milliers de décorations, FAIRE des cadeaux à tout le monde, FAIRE des réunions de famille, FAIRE des célébrations festives, FAIRE des illuminations de l’Avent… on peut bien FAIRE beaucoup de choses et même les FAIRE FAIRE…

si l’on oublie d’être, alors ce que l’on fait est fait en pure perte.

Or toute notre société fonctionne sur le faire. Nous, Chrétiens, avons le devoir d’ajouter un petit supplément d’être là-dedans. Etre Chrétienne, Etre Chrétien, ce n’est pas Faire la Chrétienne ou Faire le Chrétien. C’est d’abord un état d’esprit.

L’ordre des lectures du jour est très important. On nous parle d’abord d’être joyeux avant de poser la question, dans l’Evangile, de ce que nous pourrions effectivement faire.

Et tout est là.

Jean-Baptiste, dans l’Evangile, nous suggère de partager, de ne rien exiger de plus que ce que l’autre peut effectivement donner, de faire la paix… Mais tout cela c’est d’abord un état d’esprit.

Exiger de quelqu’un plus que ce qu’il peut donner, cela dénote un mauvais être, au départ. Si vous avez un ado dans votre famille, ou une qui vient d’avoir dix-huit ans, qui a fait la fête hier soir, exiger de lui qu’il soit à la messe à 9.00 ce matin c’est pas facile… Vous allez voir sa tête. Bon, évidemment, y a des ados exceptionnels.  ( spéciale dédicace à T., P., et V. qui étaient là ce matin 🙂 ).

En amour, en amitié, on exige souvent beaucoup. Et parfois beaucoup plus que ce que l’autre peut donner. Si vous demandez à un enfant d’apprendre par coeur le dictionnaire, il vous rira au nez. Il a le bon état d’esprit. Vous, non, dans votre demande.

On peut partager en râlant (donner une pièce à un mendiant tout en se disant « Celui-ci, je le connais… pas sûr qu’il mérite ma pièce ! »). On peut faire la paix en pensant la guerre (par exemple arriver à un repas de famille de Noël les bras chargés de cadeaux mais en s’énervant à l’avance des remarques qui seront faites par untel ou d’être placé à table à côté de tel autre). On peut vouloir faire le bien en accomplissant le mal, si d’abord on n’a pas cherché à ETRE.

Partagez, oui. Faites la paix, oui. Mais soyez JOYEUX de ce que vous partagerez, de ce que vous apaiserez. Et si vous vous dites, en écoutant Jean-Baptiste nous demander de partager, que vu votre chômage, ou l’augmentation de votre assurance-maladie, cet hiver vous n’avez rien à partager, alors au moins partagez votre sourire, votre joie.

Parce que l’avantage avec le sourire, c’est que si on est effectivement joyeux, on le donne même sans le vouloir.

Vous vous demandez peut-être, comme moi souvent, comment vous pourriez être encore joyeux au milieu de l’effarante énumération de mauvaises nouvelles que nous apporte chaque jour le téléjournal

Comment sourire ce matin, alors que 20 enfants sont morts innocents dans une école des Etats-Unis ? Comment sourire en pensant à la Syrie ?

Eh bien souvenons-nous que Dieu nous demande aussi d’être heureux avec ce que nous avons, ici.

Ça ne veut pas dire ignorer la souffrance du monde, jamais. Et nous devons prier pour toutes les souffrances du monde. Pour ces enfants, notamment.

Mais nous devons être conscients, plus encore quand d’autres vont mal, de l’immense chance que nous avons d’aller bien.

Ce Noël, nous ne devons pas voir le cadeau qu’on souhaitait et qu’on n’a pas reçu, mais tout ce que nous avons déjà la chance d’avoir reçu.

Je vous laisse en conclusion cet extraordinaire texte de la Croix-Rouge, bien connu mais qu’il est toujours intéressant d’écouter avant Noël :

« …Si vous savez lire

vous avez plus de chance que plus d’un milliard de personnes qui en sont totalement incapables.

…Si votre état de santé était plutôt bon dans l’ensemble à votre réveil ce matin…

vous avez plus de chance que le million de personnes qui ne survivront pas cette semaine…,

…Si vous n’avez jamais connu le danger d’un conflit armé, ni la solitude de l’emprisonnement, ni la douleur de la torture, ni les tiraillements de la faim

vous surclassez 500 millions de personnes dans le monde qui ont moins de chance que vous…

…Si vous pouvez assister à toutes les réunions de votre choix – politiques, religieuses, sociales –… si vous avez pu venir ce matin librement à la messe…

vous avez plus de chance que trois milliards de personnes dans le monde.

…Si vous avez de quoi manger dans le réfrigérateur, des vêtements sur le dos, un toit au-dessus de la tête et un endroit où dormir

vous êtes plus riche que 75 % de la population mondiale.

…Enfin, si vous avez de l’argent dans votre portefeuille, et de la petite monnaie dans un plat quelque part…

vous faites partie des 5 % de personnes les plus riches du monde. »

Pour une fois, chers Amis, n’en ayons pas honte, soyons simplement joyeux de vivre où nous vivons, comme nous vivons, avec qui nous vivons.

Et disons-le autour de nous. C’est cela, être dans la joie, c’est d’abord avoir conscience de la chance qu’on a. Essayons d’y penser un peu… et vous verrez… on partage plus facilement et plus joyeusement ensuite. Ne serait-ce qu’un sourire.

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Chermignon d’en Bas, dimanche 16 décembre 2012, 9 h.

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