Qui est le Christ que je veux suivre ?

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Homélie pour le 24e dimanche TO, année B

Isaïe 50,5-9a / Psaume 114  /  Jacques 2,14-18 / Marc 8,27-35

 

NB : en 2021 l’abbé Vincent a prêché ces mêmes textes dans des messes spécifiques pour les enfants, l’homélie n’était pas enregistrable. Voici une homélie au sujet des mêmes textes prononcée il y a trois ans.

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Qui suis-je ? …

Ah j’ai entendu, là, mon prénom et mon nom – « Vincent Lafargue », ça me définit, oui, je suis d’accord… Mais encore ? « Le curé »… ah, oui, ça me définit aussi…

Mais on peut aller plus loin. En Valais on se définit souvent par la filiation : « T’es le fils à qui ? » A cela, je dois répondre : « Je suis le fils à Jacques et à Marie-José » qui sont les prénoms de mes parents.

On peut aussi se définir par le terrain : « T’as où les vignes ? » Hélas nulle part. Ma famille n’a pas de terres et moi non plus.

Ou par la possession du bétail : « T’as où les vaches ? » Nulle part non plus me concernant, je ne possède pas de bétail, pas de terrain, et c’est bien ainsi. A mon humble avis un prêtre n’a pas à se définir par ce qu’il possède mais par ce qu’il donne aux autres.

Prêtre, voilà quelque chose qui me définit aussi.

Je peux me définir aussi par mon grade académique, alors là ça en imposera beaucoup : master en théologie biblique, ça fait tout de suite très sérieux. Mais quelle importance ?

Je pourrais me définir aussi par mon deuxième prénom, Jean-Jacques, c’est le prénom de mon Parrain qui est au ciel maintenant, j’ai donc d’autant plus de bonheur à le redire parce que ça le fait vivre…

Je pourrais me définir par les différents pseudonymes que j’utilise dans certains journaux pour écrire… mais si je vous les disais, ce ne serait plus des pseudonymes, évidemment !

Je pourrais me définir comme un amoureux de la calligraphie, de la poésie, de la nature… Comme un solitaire – ça tombe bien puisque j’ai fait vœu de célibat. Comme un amoureux du silence aussi, du cinéma. Tout cela me définit.

Et je pourrais faire le même exercice avec chacun de vous !

Nous ne nous résumons évidemment pas à notre prénom ou à notre nom, ni à notre filiation, ni à nos vaches, ni à nos vignes ! Il y a des dizaines et des dizaines de façons de parler de chacun de nous, de nous définir.

Je vous en propose une que j’aime beaucoup, qui peut nous convenir à chacune, à chacun, je crois : je suis… un pécheur, tout simplement.

C’est la réponse qu’avait donnée le pape François à sa toute première interview, le lendemain de son élection, quand un journaliste lui a demandé « Qui est le pape François ? » Il a répondu, du tac au tac : « Un pécheur. »

Et c’est juste ! ce n’est pas pour nous rabaisser, mais c’est simplement pour dire que ça fait partie de notre humanité !

On ne fait pas toujours le bien que l’on voudrait, on commet des péchés, c’est une évidence… c’est une évidence ! Le plus grand pécheur serait sans doute celui qui prétendrait ne jamais en commettre !

Cette question – qui suis-je ? – est posée par Jésus à ses disciples, dans l’Evangile, vous l’avez entendue.

Et Pierre croit connaître la bonne réponse. Il en a une, d’ailleurs, mais elle ne suffit pas. Il dit « Tu es le Christ ! ». C’est du grec, « Christ », ça veut dire « celui qui a reçu l’onction d’huile, l’onction sacrée ». En hébreu ça se dit « Mashiah », et vous connaissez aussi le nom que cela a donné en français : Messie.

Christ et Messie, c’est la même chose, en fait, hein ! C’est simplement que cela vient de deux langues différentes. Mais c’est celui qui a reçu l’onction, la marque d’huile.

…Mais alors dites-moi… chers Amis… c’est votre cas à tous, non ? Vous avez tous reçu la marque de l’huile sainte à votre baptême. Et même, pour la plupart d’entre nous, nous l’avons reçue à nouveau à notre confirmation.

Nous sommes TOUS des Messies ou des Christs, dans ce sens-là.

Alors bien sûr, pour nous, Chrétiens, il n’y en a qu’un, c’est Jésus. Nous, nous nous contentons d’essayer d’aller à sa suite, de marcher dans ses pas. Mais nous avons reçu l’onction ! ne l’oublions pas, soyons-en fiers ! Mais faisons-lui honneur, aussi, à cette onction…

Et puis posons-nous la question : « Qui est-il, ce Christ pour nous ? » Que répondriez-vous à cette question ? Qui est Jésus pour vous ?… je vous écoute…

–      Un Frère.

Un frère… voilà certainement une excellente réponse…

–      Un Chemin.

Un chemin, il le dit lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie… » ah… je viens de vous en donner deux autres, du coup ! Mais encore ?

–      Un meilleur Ami

Un meilleur Ami, mais oui !…

« Mon Amoureux », comme je le disais aux enfants hier soir…

Mais nous sommes un peu comme les disciples, vous avez remarqué ? Nous donnons de belles réponses. Et tant mieux !

Mais il y a une part de son identité qu’on n’aime pas voir… Regardez la croix. il ne faut pas oublier trop vite cette identité-là : le Christ, pour nous, c’est aussi le Serviteur qui a souffert, qui est mort POUR NOUS.

La première lecture nous le dépeignait, ce serviteur qui souffre. Le prophète Isaïe était visionnaire, il avait compris ce qui allait arriver.

Et quand Jésus veut le rappeler à Pierre, vous l’avez entendu, « Pierre lui fait de vifs reproches »…

Dans l’Evangile de Marc, on n’a que ça. Dans d’autres Evangiles on a carrément la réplique : « Mais non ! ça ne t’arrivera pas, c’est pas possible ! » Et Jésus a cette réplique terrible : « Passe derrière-moi, Satan ! » … Tu veux m’éviter ce qui est inévitable ? C’est pas du jeu ! Je dois passer par la mort.

Et c’est un des points communs que nous avons tous : nous devons passer par la mort, et souvent par d’autres croix dans nos vies. Vouloir les éviter, c’est diabolique ! Jésus le dit très bien, dans sa réplique…

C’est pas pour ça qu’il faut les chercher, non plus, hein ! Mais il faut les affronter, les croix de nos vies, parce que c’est cela aussi, l’identité que Jésus nous donne : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il prenne sa croix et qu’il marche… »

Qui est Jésus, pour moi ? Pour chacun de nous ? Posons-nous tous la question, chers Amis…

Et quelle que soit notre réponse à nous, qu’elle nous pousse à nous mettre en marche derrière lui, derrière le Christ, derrière Jésus, et aussi donc à agir en Chrétiens.

C’est Jacques qui nous le rappelait, dans la deuxième lecture.

Si vous dites : « J’ai la Foi, j’ai la Foi, oui, oui, oui, oui, moi je suis Chrétien, vous savez, mais je suis non pratiquant ! » – c’est pas votre cas, hein, puisque vous êtes là ce matin ! Mais on l’entend cette phrase, Dieu sait si on l’entend ! « Moi, vous savez, je suis chrétien non pratiquant… » Moi aussi : je suis nudiste non pratiquant ! Non, je pratique pas, non ça ne m’intéresse pas du tout…

Imaginez un skieur qui dit : « Vous savez, moi je suis skieur ! Mais je ne fais pas de ski, hein ! Non, non, non, je fais du foot, l’été… Je suis skieur non-pratiquant…» C’est absurde !

Imaginez un joueur de foot qui dit : « Ah oui oui oui, moi je fais du foot, hein… à l’entraînement le mercredi ! Mais je ne vais jamais au match le dimanche, ah non, alors ça, faut pas me le demander… » Il s’entraîne mais il ne joue pas… c’est absurde !

C’est le cas de bon nombre de personnes autour de nous, Chers Amis… « Ah oui oui oui, moi je sais les prières, hein ! Mais faut pas me demander d’aller à la messe, alors ça non ! » Absurde… Complètement absurde !

Alors bien sûr, pratiquer ce n’est pas SEULEMENT pratiquer les sacrements. C’est la chose la plus importante, mais c’est pas la seule !

Pratiquer c’est aussi, et peut-être même d’abord, pratiquer dans notre vie, pratiquer la charité, pratiquer les enseignements du Christ autour de nous, avec les gens qui nous entourent, pratiquer le partage comme on le fera en cette fête de jeûne fédéral.

Suivre le Christ, au fond, je crois que c’est agir de telle manière qu’il soit impossible à ma seule vue de croire que le Christ n’existe pas.

C’est une phrase de Mère Teresa : « agir de telle manière qu’à ma seule vue il soit impossible de croire que Dieu n’existe pas… »

C’est tout l’effort que je nous souhaite, à vous comme à moi.

 

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Vex, samedi 15 septembre 2018, 18.30

La Gietty, dimanche 16 septembre 2018, 10.00 (version enregistrée)

Praz-Jean, dimanche 16 septembre 2018, 16.00

Euseigne, dimanche 16 septembre 2018, 19.00

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