Réactiver notre Baptême et le fêter

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Homélie pour le Baptême du Seigneur, année B

Isaïe 55,1-11  /  Cantique Isaïe 12  /  1Jean 5,1-9 / Marc 1,7-11

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Connaissez-vous la date de votre baptême ?

…je vois qu’il y a des hochements de tête négatifs et des hochements positifs…

C’est une blague que le pape François aime bien faire – enfin une blague, une interpellation ! A plusieurs reprises ces dernières années il l’a faite sur la place St Pierre à l’occasion d’une audience ou autre.

Il a dit : « Qui connaît la date de son anniversaire ? » Evidemment tout le monde a levé la main. Puis ensuite il a dit : « Qui connaît la date de son baptême ? » Là, il y a quelques mains qui se sont levées… Alors il dit « Comment, mais c’est important de connaître la date de son baptême ! » Et il a bien raison…

« Et en même temps, a-t-il tout de suite repris, vous étiez pour la plupart tout petits-petits-petits, c’est difficile de s’en souvenir… Au fond, c’est un peu le rôle des Parrains-Marraines de fêter le baptême de leur filleul… Y a-t-il des Parrains-Marraines parmi nous ? »

Alors beaucoup de gens lèvent la main… et j’imagine qu’il y en a ce soir, des Parrains-Marraines…

Et il continue en disant : « Vous fêtez le baptême de votre Filleul ? »

Et pourtant, vous êtes uniques au monde pour votre Filleul. Nous n’avons qu’un seul Parrain de Baptême, qu’une seule Marraine de Baptême. C’est à nous, Parrains et Marraines, de fêter cet anniversaire-là avec nos Filleuls. Mais on n’y pense pas toujours.

Depuis que j’ai entendu le pape François faire cela, j’ai vérifié d’abord ma propre date de baptême que je ne connaissais pas – et que je connais maintenant, et que je célèbre ! – et puis j’ai vérifié les dates de baptême de mes quatre Filleules et je les célèbre maintenant aussi.

Je fête cette date chaque année, et je ne remercierai jamais assez mes parents de m’avoir fait baptiser.

Vous savez, on entend parfois des parents qui disent : « Oh nous, on ne le baptise pas, non-non, ce serait lui imposer une religion. Il choisira plus tard de quelle religion il veut être. »

Je suis sûr que vous avez déjà entendu cette phrase-là…

Lorsque j’entends des parents me dire cela, je leur dis toujours : « Surtout ne lui apprenez pas le français ! Non, ce serait lui imposer une langue ! Ce serait très injuste ! Peut-être qu’il veut parler chinois, hébreu, russe, on n’en sait rien ! Laissez-le choisir plus tard la langue qu’il veut parler… »

C’est absurde, n’est-ce pas ?

Apprendre le français à un petit enfant, ce n’est pas lui imposer la langue qu’il devra obligatoirement parler toute sa vie, c’est lui donner une langue MATERNELLE. C’est tout différent. Il n’y en a qu’une seule.

Mais ça ne l’empêchera d’apprendre d’autres langues et d’en parler une autre – et peut-être même de ne plus jamais parler sa langue maternelle. Il choisira, certes, mais en connaissance de cause parce qu’il en aura appris une !

Il en va exactement de même avec la langue du cœur qu’est la religion – religion du latin religere, relier – la religion c’est ce qui nous relie à Dieu, à plus grand que nous.

Être baptisé dans la foi chrétienne n’empêchera nullement cet enfant d’apprendre ce que disent les autres religions, et pourquoi pas de se convertir plus tard à une autre religion qui lui conviendrait mieux.

Alors en général, là, ces parents me disent : « Oui, mais il peut tout à fait apprendre ce que disent les religions sans en faire partie d’une en particulier. » C’est vrai. Vous pouvez apprendre le ski dans un bouquin, c’est vrai. Mais enfin le jour où vous vous retrouvez sur un télésiège, si vous n’avez appris que dans un livre vous allez avoir quelques soucis…

Le baptême, c’est un cadeau magnifique parce que ça nous permet non seulement d’apprendre mais de pratiquer la religion maternelle ou paternelle, celle de nos parents.

On peut avoir été aussi baptisé à l’âge adulte, ceci dit. Précisément parce qu’on ne nous a pas forcément donné cette chance avant.

D’ailleurs, quand on a été baptisé tout petit enfant comme moi, on vit ensuite la Confirmation de notre baptême, à un âge plus adulte. C’est une manière d’assumer le choix de nos parents.

Mais l’important est ailleurs, à mon avis. L’important, c’est d’abord de savoir si nous avons rencontré le Christ ou pas.

Pour une vie chrétienne, c’est assez important d’avoir vécu cette rencontre.

Jean-Baptiste le dit bien dans l’Evangile de cette fête du Baptême de Jésus : c’est ce Jésus qu’il s’agit de rencontrer. Lui, Jean, baptise dans l’eau. Mais Jésus, lui, baptise dans l’Esprit. D’où l’importance de le rencontrer.

Je pourrais faire l’analogie avec notre vie chrétienne : nous avons été baptisés et confirmés, d’accord, dans l’eau et grâce à l’huile, mais est-ce que nous avons rencontré Jésus ?

Il y a des rencontres plus ou moins évidentes, vous avez des gens qui témoignent d’une rencontre en vérité avec le Christ. Mais on peut le rencontrer de manière beaucoup plus simple. Au fond, puisqu’il est en chaque visage, on le rencontre chaque jour de notre vie si on veut y faire attention…

Nous avons reçu de l’eau à notre baptême, de l’huile également à notre baptême puis à notre confirmation, nous avons reçu pleinement l’Esprit. Nous avons été baptisés en ce Jésus, dans l’Esprit.

Nous avons reçu l’Esprit-Saint, nous le croyons.

Mais recevoir l’Esprit, là encore, ce n’est pas un chèque en blanc ! Dans la Bible vous avez des personnes qui ont reçu l’Esprit et qui, pourtant, vont provoquer des catastrophes. C’est le cas de Samson, par exemple, dans l’Ancien Testament. Ça ne saurait suffire, de recevoir l’Esprit.

Recevoir un cadeau c’est bien, mais encore faut-il s’en servir. Et c’est cela, rencontrer Jésus dans nos vies, je crois.

Est-ce qu’on active l’Esprit qui est en nous pour que chaque rencontre avec notre prochain devienne une rencontre avec le Christ ? Est-ce que nous reconnaissons le visage du Christ derrière chaque personne qu’il nous est donné de rencontrer ou de servir ?

Il s’agit d’aimer Dieu bien sûr, mais aussi d’accomplir ses commandements… donc de nous aimer les uns les autres. Notre deuxième lecture le disait très bien.

Il s’agit de chercher le Seigneur, comme le disait Isaïe dans notre première lecture de ce soir.

Avoir été baptisé puis avoir confirmé son baptême, c’est loin de signifier deux signatures de fin de catéchisme. La confirmation, ce n’est pas un certificat de fin d’études chrétiennes… c’est au contraire le début de tout.

Avoir confirmé son baptême, c’est avoir reçu tous les outils pour chercher Dieu désormais. Encore s’agit-il de les utiliser, ces outils, et de se mettre en route pour chercher et rencontrer Dieu notamment sur les visages que nous croisons.

En temps de pandémie, par exemple, c’est se demander comment je peux servir mon prochain.

En portant un masque pour ne pas le contaminer, bien sûr. Mais il y a sûrement d’autres manières de le servir… Puis-je apporter la communion à des personnes qui n’osent pas encore revenir à l’église ? Puis-je aller simplement les visiter, prendre de leurs nouvelles ? Aller frapper à la porte de ce voisin dont je sais bien qu’il est tout seul chez lui, parce qu’il est une personne à risque, comme on dit.

Puis-je, derrière mon masque, sourire suffisamment pour que mes yeux sourient aussi à mon prochain quand je le rencontre ? Reconnaître Dieu sur le visage de chaque personne qui me sourit, elle aussi, derrière son masque ?

En restant cloîtré chez nous en attendant que ça passe, on ne risque pas d’être contaminé – ça c’est certain – ni de contaminer qui que ce soit – c’est certain. Mais enfin on ne risque pas non plus d’utiliser les dons que l’Esprit déploie en nous.

Alors oui, vous pouvez comme moi essayer de découvrir à quelle date vous avez été baptisé si vous ne connaissez pas encore cette date, je vous y encourage, fêter cet anniversaire en reconnaissance pour vos parents, faire de même avec la date de votre confirmation, pourquoi pas, célébrer le baptême de vos filleuls, certes…

Mais c’est chaque jour que nous faisons mémoire de notre baptême et de sa confirmation : c’est en actes que nous confirmons notre baptême, je le crois. C’est en actes que nous vivons de l’Esprit et que nous avons une chance de rencontrer pleinement Jésus dans notre journée.

Exactement comme une langue, d’ailleurs, je reviens à mon exemple de tout à l’heure pour terminer. Si vous ne pratiquez pas la langue que vous avez apprise, vous allez très vite la perdre, on le sait bien.

La langue de l’Esprit qu’est la religion se pratique au jour le jour. C’est pour ça que vous êtes venus ce soir, d’ailleurs.

Mais lorsque vous ressortirez tout à l’heure, sur le parvis, il s’agira de faire de même dans le monde. Être chrétien ne s’arrête pas à pratiquer ici, dans une église, nous le savons bien. C’est témoigner du Christ à l’extérieur, aussi.

Ainsi nous activons l’Esprit de notre baptême, ainsi vous réentendrez peut-être, au hasard d’une rencontre, une voix qui murmurera en vous : « Toi aussi, tu es mon fils, tu es ma fille bien-aimé-e, en toi je trouve ma joie ! »

 

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Les Diablerets, samedi 9 janvier 2021, 18.00 (version enregistrée)

Aigle, dimanche 10 janvier 2021, 10.00

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