Résurrection de printemps

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Photo libre de droits (Wikimedia Commons) : des perce-neige

Homélie pour le 5e dimanche Carême B

Jérémie 31,31-34 / Psaume 50 / Hébreux 5,7-9  / Jean 12,20-33

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Nous sommes libérés, nous sommes délivrés !

…Je vois à votre stupeur dans vos yeux que vous ne comprenez pas bien… Suis-je devenu fou ? Est-ce que je n’ai rien compris aux non-décisions de nos autorités vendredi ? Nous ne sommes pas précisément libérés, encore moins délivrés de ce satané virus !

C’est vrai… mais je ne parle pas de cela. Nous sommes libérés ! Nous sommes délivrés ! Précisément depuis hier matin à 10 heures 39 !

De quoi sommes-nous libérés depuis hier matin à 10 heures 39 ?… De l’hiver, mais oui !

Bon faut le dire vite, hein ! Je suis d’accord, faut le dire vite ! Vu la température de ce matin, faut le dire vite, il faut une sacrée dose d’espérance pour croire qu’on en est libérés.

Mais enfin il y a un beau soleil ce matin et – oui ! – cette année le printemps tombait un 20 mars, ça arrive, un 20 mars et dans notre région à 10 heures 39 exactement. Depuis hier, nous sommes au printemps.

Une amie à laquelle je tenais beaucoup – et qui est maintenant auprès du Seigneur – faisait chaque année, le 20 mars au soir, un message sur Internet… alors elle changeait les formulations suivant les années mais en gros c’était toujours la même chose. Elle disait « on a gagné » , ou bien « l’hiver est mort » , ou bien « bon débarras » etc… Elle n’aimait pas beaucoup l’hiver… ce qui est étrange parce qu’elle était née en hiver.

C’est mon cas aussi : je suis né en hiver mais j’ai une préférence pour le soleil du printemps, j’avoue…

Et j’aimais bien, chaque année le 20 mars, lire le petit message qu’elle mettait sur Internet… Je me disais : « Allez, maintenant on va vers le beau ! On est libérés. On est délivrés ! »

Le printemps, je ne sais pas si vous êtes comme moi Chers Amis, mais le printemps ça rend une joie extraordinaire !

Le retour du printemps, moi, ça me redonne de l’énergie, j’ai l’impression de ressusciter quand les beaux jours reviennent.

D’ailleurs, vous avez remarqué ? La fête de la Résurrection, la fête de Pâques, tombe TOUJOURS au printemps. C’est une fête mobile, c’est vrai, mais elle ne peut pas tomber en hiver. Et ce n’est pas pour rien ! La fête de Pâques, c’est ce que nous avons sous les yeux ces jours : la nature qui ressuscite !

Remarquez bien, pour que les beaux jours viennent, il faut qu’il y ait eu de « mauvais jours », c’est logique. Et pour ressusciter… il faut mourir d’abord, c’est logique. Pour qu’il y ait un retour du printemps, il faut l’hiver, il faut le passage par la mort de l’hiver.

Mais imaginons deux secondes… imaginons quelqu’un qui débarque sur notre planète en hiver et qui ne connaît pas les autres saisons. En voyant les arbres morts, en voyant la terre gelée… il va se dire : « Mais… mais rien ne pourra jamais pousser ici ! »

Nous, nous savons bien que oui. Mais il faut une sacrée dose d’espérance en hiver pour croire au printemps. Quand on regarde le sol gelé, quand on regarde un arbre qui n’a plus aucune feuille, il faut une sacrée dose d’espérance pour savoir que, quelques mois plus tard, cet arbre va fleurir puis va porter du fruit, à nouveau !

Et c’est exactement ce que nous expliquait Jésus dans l’Evangile de Jean, il y a quelques minutes. Lui, il utilise l’image du grain de blé, mais c’est la même chose : « Si le grain de blé ne meurt pas, disait Jésus, il reste tout seul…» …si l’hiver ne meurt pas, il n’y a plus jamais de printemps. « Mais si le grain de blé tombé en terre meurt il porte beaucoup de fruit ! » …si l’hiver meurt, alors le printemps peut advenir.

Dans l’histoire de notre foi, chers Amis, c’est pareil. Si les premières alliances avec Dieu n’étaient pas mortes, comme le relatait notre première lecture, le prophète Jérémie, si ces premières alliances avec Dieu n’avaient pas été rompues, nous n’aurions eu aucune chance de connaître la nouvelle alliance, celle avec Jésus. Il fallait que l’ancienne meure pour cela.

Et vous savez bien que le mot « testament » de nos Bibles n’a absolument rien d’un acte notarié. Ça veut dire « Alliance », précisément. L’Ancienne Alliance c’est tout l’Ancien Testament et la Nouvelle Alliance c’est celle en Christ avec Dieu.

Sans ancien, pas de nouveau ! Pas de Christ. Nous en serions toujours au temps de la loi du talion. Œil pour œil, dent pour dent !

Remarquez… quand on écoutait le président des Etats-Unis et celui de la Russie cette semaine s’envoyer des injures de cour de récréation, on se dit que « œil pour œil, dent pour dent » a encore de beaux jours devant lui… Il y en a qui en sont restés à ce stade, ça fait peur mais ce n’est pas votre cas !

Nous les Chrétiens, nous avons autre chose à apporter au monde. Jésus, lui, est venu nous apprendre le commandement de l’Amour. S’il n’y avait pas eu la rupture de l’ancienne alliance, nous n’aurions jamais eu la chance de connaître cette étape-là.

Cette nouvelle alliance avec Dieu change tout ! C’est un printemps… mais c’est un printemps éternel, cette fois-ci. Il n’y aura pas d’autre alliance. Cette nouvelle alliance qui est symbolisée par le Christ qui – je vous le rappelle au passage – lui aussi est passé par la mort avant de ressusciter. Lui aussi a connu l’hiver avant le printemps.

Et en nous, Chers Amis, c’est la même chose. Nous avons l’image de cette Résurrection sous nos yeux au printemps, nous l’avons chaque matin avec le lever du soleil, mais nous l’avons aussi dans notre propre corps !

Vous le savez sans doute, en Chacune, Chacun de nous, il y a des millions de cellules qui meurent chaque jour ! Et d’autres qui naissent chaque jour !

J’ai vérifié le chiffre pour ne pas vous dire de bêtises : ce sont 2000 cellules qui meurent chaque seconde dans notre corps ! 2000 cellules qui meurent chaque seconde… et heureusement qu’il y en a d’autres qui naissent ! En une journée ça fait quand même plus de 169 millions de cellules qui meurent en nous.

Et d’autres qui ressuscitent. Alors pas toutes… ça s’appelle vieillir, ça… Il y en qui ne renaissent pas. Et ça commence très tôt, dès la vingtaine, dès l’âge de vingt ans il y a des cellules qui ne renaissent pas…

Le phénomène de la mort et de la Résurrection, d’hiver et de printemps, vous voyez, on le vit tous les jours, dans notre propre corps aussi… Comme si Dieu avait voulu mettre tous ces modèles sous nos yeux, pour nous faire comprendre ce qui nous attend. Nous sommes appelés à la Résurrection.

Et dans notre cœur, alors, qu’en est-il ? EH bien c’est le même principe !

Il y a des choses que nous devons laisser mourir, nous le savons bien. Laisser ces choses mourir pour qu’elles laissent leur place à la vie.

Alors posons-nous la question, c’est un bel exercice de Carême ! Qu’est-ce qui doit mourir dans ma vie ? Qu’est-ce que je dois laisser mourir ?

Ce peut être des objets que je possède…

…Quand je dis « que je possède »… ce sont souvent les objets eux-mêmes qui nous possèdent, en réalité ! Un objet qu’on n’ose plus changer de place et qui est là, on ne sait pas pourquoi mais il a toujours été là… c’est l’objet qui nous possède, hein ! Pas l’inverse !

Quels sont les objets dont je pourrais peut-être me séparer ? Quelles sont les habitudes néfastes dont je pourrais peut-être me séparer ? Voilà un bel exercice de Carême : qu’est-ce qui doit mourir pour que d’autres choses ressuscitent ?

Le grand nettoyage de printemps, voyez-vous, ce n’est pas seulement dans nos maisons qu’il faut le faire, c’est aussi dans nos cœurs, au moment du printemps ! Et les semaines qui s’ouvrent avec plusieurs moments qui vous seront proposés pour vivre le sacrement du pardon en communauté, ces semaines tombent à pic pour cela.

Mais heureusement il y a aussi en nous et dans nos cœurs des choses qui ressuscitent, qui passent l’hiver, qui résistent. Et c’est tant mieux !

Des objets qui durent. Des Amitiés qui traversent les âges. Et même la mort. Comme l’Amie dont je vous parlais il y a quelques minutes et qui, de là-haut, m’a murmuré hier matin à 10 heures 39 : « On est libérés ! On est délivrés ! Le printemps est là ! »

Quels efforts, quels efforts de Carême sommes-nous capables de faire pour laisser mourir ce qui doit mourir ? Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour continuer d’espérer dans cette Résurrection qui s’opère sous nos eux dans la nature, dans notre propre corps mais également dans nos cœurs ?

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Bex, samedi 20 mars, 18.00

Aigle, dimanche 21 mars, 10.00 (version enregistrée)

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…Et dans une version bien différente jadis :

Euseigne, dimanche 18 mars 2018, 18.00

Euseigne, samedi 21 mars 2015, 18.00

Les Haudères, samedi 21 mars 2015, 19.30

Hérémence, dimanche 22 mars 2015, 9.00

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