Soyons soumis les uns aux autres

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Photo DR : paysan-breton.fr

 

 

Homélie pour le 21e dimanche TO, année B

 

Jos 24,1-2a.15-17.18b / Psaume 33(34) / Ep 5,21-32 / Jean 6,60-69

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Ah, Chers Amis…

cette fameuse deuxième lecture de la lettre aux Ephésiens ! Elle est un peu plus facile à entendre aujourd’hui qu’à l’époque où elle commençait par « Femmes, soyez soumises à vos maris ! » Heureusement, la traduction actuelle est un peu meilleure…

Ça vous choque ? Ah, moi ça me choque, hein ! Sorti de son contexte, c’est choquant !

Mais quand quelque chose nous choque, c’est peut-être pas mal de l’affronter !

Ce sont plutôt les enfants qui partent en courant quand quelque chose les heurte ou leur fait peur. Un adulte cherche à affronter ce qui le heurte, à creuser pour savoir pourquoi ça nous choque et qu’est-ce que ce texte a à nous dire peut-être-quand-même-à-la-rigueur-éventuellement!

D’abord, comme je viens de le dire ce serait très réducteur et très dommage de sortir cette phrase de son contexte, comme s’il n’y avait que cela dans ce texte.

Paul, Messieurs, vous dit exactement la même chose ! Vous l’avez entendu d’ailleurs, le texte commençait comme ça : « soyez soumis les uns aux autres ».

Il n’y en n’a pas qui sont plus soumis et d’autres moins, non. Soyez soumis les uns aux autres, ça s’appelle l’égalité !

Alors est-ce que ça veut dire qu’on doit se soumettre comme des esclaves ? Est-ce qu’on doit se soumettre à la personne qui partage notre vie ? Non, ou alors on serait en plein roman sado-masochiste, et la Bible ce n’est pas le « Marquis de Sade » ni « 50 nuances de Grey », je vous rassure.

Paul, vous le sentez bien, a un message qui a une portée bien plus profonde que ce qui pourrait nous apparaître au premier abord.

Se soumettre LES UNS AUX AUTRES, et non seulement les femmes à leurs maris, se soumettre les uns aux autres, je crois, c’est d’abord ne pas se considérer soi-même en premier mais considérer l’autre d’abord, mon prochain… Le voir comme plus important que moi-même.

C’est une démarche d’humilité, et elle n’est pas réservée aux couples, Dieu merci !

Si l’on considère l’intérêt de la personne qui vit avec nous avant notre intérêt personnel, alors notre histoire de couple a des chances d’avancer, tous les couples parmi nous le savent bien.

Si on étend ce principe autour de nous, ça marche aussi avec la commune ! Si l’on considère l’intérêt de notre commune avant notre intérêt personnel d’habitant, alors la collectivité a des chances de progresser et de durer.

Et continuons : si l’on considère l’intérêt du canton avant l’intérêt de chacun de ses villages, eh bien l’identité valaisanne a des chances de durer.

Considérer l’autre comme plus important que soi-même, ça s’appelle la Charité, tout simplement. Et la charité, Chers Amis, ça n’est pas réservé aux couples.

La charité ce n’est pas seulement – non plus – remplir des bulletins de versement destinés à des œuvres d’entraide. C’est d’abord regarder l’autre, y compris celui qui vit là, juste à côté de moi, le regarder avec un regard d’amour, un regard qui le place ou qui la place en premier. Avant moi. Avant mon intérêt personnel.

Une femme d’un de nos villages a rétorqué cet été à quelqu’un qui lui demandait de l’aide : « Jamais de la vie. Ici, tu sauras, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous ! »

Une femme de notre vallée, hein ! « Ici, tu sauras, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous ! » Elle avait raison dans la deuxième partie de la phrase : « Dieu pour tous » c’est juste ! C’est la première partie qui a un petit peu de friture sur la ligne…

« Chacun pour soi », c’est pas tout à fait l’idée chrétienne que nous suggère Paul !

C’est même aller exactement à l’encontre de la devise de notre pays. Heureusement qu’on est une démocratie pour cette personne, dans d’autres pays elle aurait perdu son passeport pour moins que ça !

La devise de la Suisse, vous le savez : « Un pour tous – tous pour un ». Et faites attention à l’ordre des propositions : « un pour tous » D’ABORD, « tous pour un » ENSUITE. C’est parce que chacun de nous joue le jeu de la communauté – un pour tous – qu’alors seulement la communauté peut rendre à chacun et aider chacun.

Avec du chacun pour soi, comme disait cette personne, bah on ne va pas bien loin. On va chacun chez soi, oui. Mais c’est tout. Et encore. Parce que dans un couple, si on applique le « chacun pour soi » le divorce est à l’horizon très rapidement.

Etre soumis les uns aux autres, Chers Amis, c’est comprendre, je crois, que notre harmonie – depuis le couple jusqu’au canton, au pays – repose sur un équilibre assez subtil.

Alors soyons soumis les uns aux autres dans ce sens-là, chers Amis. Et si cela nous choque un peu, eh bien souvenons-nous de ce que Jésus disait dans l’Evangile : « ça vous scandalise ? », disait-il… « Mais les paroles que je vous ai dites sont esprit … » ESPRIT ! Il ne faut pas s’arrêter au pied de la lettre, il faut chercher l’esprit d’une parole. Bien sûr.

« Mais, disait Jésus, il y en a parmi vous qui ne croient pas. »

Que dirait-il ce matin, s’il était là ? Posons-nous la question : en quoi croyons-nous ? Au « chacun pour soi » ? Ou au « un pour tous » ?

Choisissons quel Dieu nous voulons servir, comme le disait Josué dans la première lecture. Voulons-nous servir le Dieu de l’individualisme, du chacun pour soi ? Ou voulons-nous servir le Dieu chrétien, celui de la communauté, celui de l’entraide, celui de la charité ?

Oui, ça demande des efforts, évidemment !

Ça suppose que chacun se soumette d’abord à l’autre. Pas pour devenir son esclave, mais pour mettre sa propre volonté de côté de temps en temps.

Alors, et alors seulement, le chacun pour soi parfaitement égoïste pourra se changer en chacun pour tous.

Et ce n’est pas seulement le nom de l’émission de l’ami Jean-Marc, « Chacun pour tous », ça pourrait devenir notre devise chrétienne.

 

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Vex, samedi 25 août 2018, 18.30

Evolène, dimanche 26 août 2018, 9.00

Hérémence, dimanche 26 août 2018, 10.30 (version enregistrée)

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