Suicidé de Facebook ? Non… redevenu témoin.

Photo DR : News By 2

 

Homélie pour le 3e dimanche de l’Avent B

 

Isaïe 61,1-2a.10-11  /  Ct Luc 1,46ss  /  1Thessaloniciens 5, 16-24 / Jean 1, 6-8.19-28

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Peut-être êtes-vous, pour certains, des familiers des réseaux sociaux sur les ordinateurs, et pour d’autres pas. Quelqu’un m’a dit ces derniers jours : « Tu t’es suicidé sur Facebook ! ça étonne les gens, tu sais… »

 

Alors déjà permettez-moi de m’étonner de l’expression. Je ne me suis pas suicidé, c’est une insulte faite à toutes les familles qui ont vécu ce drame réellement pour l’un des leurs. C’est étrange, lors même qu’on disparaît d’un réseau social d’utiliser ce terme !

 

Mais c’est vrai que j’ai choisi de ne plus participer à cela. Ce réseau sur lequel j’avais une petite notoriété puisque plusieurs milliers de personnes me lisaient chaque semaine. Mais ça me prenait beaucoup trop de temps, ça ne m’apportait que des soucis ou alors de la nourriture à mon « ego », et je vous assure qu’il n’a pas besoin de ça. Quant au message que j’essayais d’y faire passer – l’Evangile – il était brouillé par mes maladresses, par des gens qui m’encensaient beaucoup trop à mon goût aussi, d’ailleurs.

 

Alors bien sûr il y a des gens qui m’y voyaient comme une sorte de sage distillant la bonne parole chaque matin. Mais vous connaissez ce proverbe : « Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt »…

 

C’est exactement comme ça que fonctionne le star système. Pas seulement sur internet, dans vos magazines, à la télévision, partout ! Une personne un peu connue est regardée, admirée. Alors qu’elle dit quelque chose de plus grand qu’elle.

 

Si une personne est belle, elle dit quelque chose de Dieu, parce que le Beau – avec un « B » majuscule, c’est Dieu. Ce n’est pas la personne elle-même qu’il faut admirer, c’est ce qu’elle dit de Dieu.

 

Un chanteur qui chante une belle chanson, c’est le sage qui montre la Lune. Il dit quelque chose de la beauté, donc de Dieu, par sa chanson. Il est au service de bien plus grand que lui. Mais c’est pourtant souvent lui qui est en couverture des magazines.

 

C’est exactement ce qui est arrivé à Johnny ! Ce n’est qu’après sa mort qu’on s’est aperçu qu’il portait le Christ, tous les jours, sur lui, bien visiblement. Mais ça, de son vivant, personne ne l’avait noté.

 

Quelqu’un qui est au service du Beau est au service de Dieu ! Et nous, on fait l’erreur de regarder la personne, plutôt que de regarder ce qu’il montre.

 

Un peintre, même chose ! Un peintre qui fait un magnifique tableau, il est au service de la beauté, pourtant c’est son nom que les gens vont retenir, pas toujours son tableau.

 

Un animateur TV qui fait une remarquable émission – et il y en a ! – c’est à lui qu’on va demander des autographes, et c’est son nom qu’il va signer, pas le nom de son émission. Dommage…

 

Et c’est la même chose pour un utilisateur des réseaux sociaux sur internet ou sur nos téléphones portables. Il va être respecté, admiré, parce qu’il a beaucoup de gens qui le suivent, beaucoup de clics, beaucoup de « j’aime », mais c’est absurde !

 

Il va être admiré parce qu’il a beaucoup d’ « amis » comme on dit sur les réseaux sociaux… Mais c’est une insulte à la véritable Amitié. On n’est pas « amis » parce qu’on cause derrière un écran, c’est autre chose l’Amitié dans la vie, vous le savez bien…

 

Pour ma part, je me suis dit que je préférais servir Dieu un peu plus discrètement désormais que par ce réseau dit « social », qui est en réalité au service de l’ « ego » de chacun et où le voyeurisme règne en maître, où l’émotionnel gouverne les commentaires au mépris de la raison, d’ailleurs, trop souvent.

 

Avec toute personne un peu connue, nous faisons toujours la même erreur, chers Amis. Moi aussi, hein ! Nous regardons toujours le doigt en oubliant de regarder ce que montre le doigt : la Lune, ou Dieu.

 

C’est exactement ce que nous disent les textes que nous avons entendus ce soir. Un homme est venu, dit l’Evangile en parlant de Jean-Baptiste. Cet homme venait rendre témoignage à la lumière mais il n’était pas la lumière lui-même.

 

Et pourtant, vous avez entendu les questions des gens qui sont là ! Ils veulent tout savoir de Jean-Baptiste, alors qu’il se tue à leur dire : « Mais ce n’est pas moi l’important, c’est celui que j’annonce ! »

 

Vous voyez… c’est pas nouveau, cette erreur-là… Dans la première lecture aussi : « L’esprit du Seigneur est sur moi », disait le prophète Isaïe, mais il m’a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle !

 

Bien sûr, j’ai reçu l’Esprit… nous l’avons tous reçu, au passage hein, de par notre baptême. Mais si nous avons reçu l’Esprit, c’est pas pour être admirés ! C’est pour proclamer la Bonne Nouvelle, c’est pour que cet Esprit nous aide à répandre Dieu autour de nous, c’est ce que disait Isaïe.

 

« Le Puissant fit pour moi des merveilles » chantait Marie dans le cantique d’aujourd’hui, « et donc je proclame que son nom est grand ». Bien sûr que le Puissant a fait des merveilles pour Marie ! Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Aussitôt, elle montre plus grand qu’elle !

 

Toutes ces personnes ont reçu l’Esprit, ont reçu un talent exceptionnel, elles ont reçu quelque chose de Dieu en elles. Comme vous. Comme moi. Nous avons tous reçu l’Esprit Saint.

 

Mais plutôt que de s’en glorifier, plutôt que de mettre leur doigt sous verre pour pouvoir l’admirer, pour comptabiliser les fans, les « j’aime », eh bien tous ces témoins renvoient à plus grand qu’eux et montrent le ciel.

 

« Saint est son nom », dit Marie. Isaïe proclame la bonne nouvelle qui vient d’un autre. Jean-Baptiste annonce un autre, celui qui doit venir, celui dont il n’est même pas digne de défaire les sandales, dit-il. Tous montrent plus grand qu’eux.

 

Ces gens sont des prophètes. Bien des artistes d’aujourd’hui sont les prophètes de notre temps. Par leurs chants, par leurs tableaux, par la beauté de leur message, parce qu’ils apportent un peu de rire, un peu de bien, un peu de bon, un peu de beau dans le monde, ils apportent un peu de Dieu, ils nous montrent le ciel, à leur manière.

 

Et nous, dans nos magazines, sur nos écrans de télévision, sur nos écrans d’ordinateur, bêtement, on regarde le doigt. On glorifie la personne, son nom, mais pas son message.

 

Un vrai prophète, il lui importe peu de savoir le nombre de fans qu’il a, ça le surprendrait plutôt, d’ailleurs. Ce qui l’intéresse c’est d’apporter du bien dans le monde.

 

Et… de par notre baptême, nous sommes prophètes, chers Amis. C’est un titre que nous recevons au jour de notre baptême. Nous sommes tous, vous et moi, prophètes. Autant essayer d’être de vrais prophètes !

 

Paul, dans la deuxième lecture, nous disait d’ailleurs de bien accueillir les prophéties, de ne pas les mépriser, de discerner ce qui est bon et de le garder pour le transmettre à notre tour.

 

Alors Chers Amis, avec Marie dont le cœur exulte disait le psaume, avec Isaïe qui annonce la bonne nouvelle, avec Jean-Baptiste qui montre le Christ, en ce week-end de la joie, réjouissons-nous à notre tour.

 

Parce que par un sourire, on transmet la Bonne Nouvelle à quelqu’un d’autre. Par un sourire, on annonce plus grand que nous…

 

C’est ce que je nous souhaite, à Chacune, à Chacun ce week-end : de pouvoir transmettre notre joie.

 

Parce que la Joie vient de plus grand que nous.

 

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Mâche, samedi 16 décembre 2017, 17.00 (version enregistrée)

Vex, samedi 16 décembre 2017, 18.30

Hérémence, dimanche 17 décembre 2017, 10.30