Superman et les Assurances maladie

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 (photo DR, capedwonder.com)
 

Homélie pour le 29e dimanche du Temps Ordinaire, année B

Isaïe 53,10-11 / Psaume 32 / Hébreux 4,14-16 / Marc 10,35-45

 

Quand on vous dit « Dieu reviendra », chers Amis, qu’est-ce que vous attendez ?

Franchement ?

Mais oui, on est tous pareils ! On attend un grand Sauveur. Pas le genre Superman avec une cape rouge ou bleue, non. Un vrai, dans le style Seigneur des Anneaux, pour ceux qui connaissent.

Un grand personnage, sur fond d’Apocalypse, au regard perçant, à la main puissante.

Un qui va régler tous nos malheurs. Les primes d’assurance maladie, la question des présidences de certaines communes, TOUT ! Dieu, quoi.

Et le psaume le disait très bien, tout à l’heure : nous attendons notre VIE du Seigneur. C’est pas n’importe quelle attente !

A l’époque du prophète Isaïe, dont nous avons entendu un extrait du livre en première lecture, à cette époque – en tout cas six à sept siècles avant Jésus – on attendait déjà ce type de Messie, de Sauveur.

C’est dire si le Prophète a fait scandale en parlant de serviteur souffrant.

Quoi ? Le Messie doit souffrir ? C’est une blague ! Il doit se charger des péchés des Hommes ? Non mais vous rigolez ! Il doit mourir comme un esclave ? Vous n’êtes pas sérieux !

Quand on relit l’ensemble des quatre chants du Serviteur, dans le Prophète Isaïe – vous pourrez aller regarder dans vos Bibles les chapitres 42, 49, 50 et 52 d’Isaïe – et tout particulièrement dans le 4e chant – celui dont nous avons entendu un extrait – on est frappé par la ressemblance de ce serviteur avec Jésus, venu 6 siècles plus tard.

Isaïe était véritablement un prophète, parlant au nom de Dieu et annonçant ce qui allait se produire. La figure du Christ, attendue par tout Israël à l’époque, ce n’est pas celle d’un grand roi tout puissant. C’est celle du serviteur, humble et fidèle. Et souffrant.

Souffrant jusqu’à mourir sur la croix. Scandale absolu.

La question des disciples, dans l’Evangile, est pétrie de tout cela.

Ils attendent un Messie de gloire. Un grand Seigneur. Jacques et Jean, en plus, sont persuadés qu’ils auront les premières places à ses côtés puisqu’ils sont ses compagnons privilégiés. Pierre aussi posera cette question, ailleurs dans l’Evangile.

Et Jésus leur pose la question qui tue – au propre comme au figuré : la coupe à laquelle je vais boire – sous-entendu le sang du sacrifice – pouvez-vous y boire ?

Le baptême dans lequel je vais être plongé – sous-entendu la mort – pouvez-vous m’y suivre ?

Et eux, qui n’ont rien compris – c’est une constante des disciples dans l’Evangile de Saint Marc – eux répondent : « Mais bien sûr Seigneur, tu nous connais voyons ! » Ils ont entendu coupe de gloire, le banquet du Roi, ils ont entendu baptême glorieux, célébrité devant les nations, toute puissance… Ils attendent un poste de ministre. Ou de président de commune.

Ils n’ont rien compris. Et Jésus le sait bien.

On connaît la suite.

Mais NOUS, alors ?

Est-ce que nous avons compris, depuis ?

Pas vraiment, si nous attendons toujours un grand Sauveur à la manière Hollywoodienne. Il nous faut réécouter, alors, la deuxième lecture.

Cette prodigieuse lettre aux Hébreux – dont nous ignorons tout de l’auteur, par ailleurs, sinon qu’il écrit après la mort du Christ, pour les premières communautés de Terre Sainte.

Que nous disait ce texte ?

D’abord il confirme Isaïe : « En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le Grand-Prêtre par excellence. » Sous-entendu : n’en attendez pas un supérieur, il n’y a que lui.

Ensuite il confirme que tout n’est pas fini : « Tenez-vous fermes dans l’affirmation de votre foi. » Cela continue, donc !

Enfin, il nous fait comprendre le sens des souffrances que le Christ a endurées lorsqu’il dit : « Le Grand-Prêtre que nous avons n’est pas incapable, LUI, de partager nos faiblesses : en toutes choses il a connu l’épreuve, comme nous. »

C’est SPLENDIDE et nous mesurons trop rarement la portée de ce texte : NON, notre Dieu n’est pas un personnage distant qui régnerait là-haut. Il s’est fait l’un de nous.

Non, il ne regarde pas nos souffrances de loin, vaguement pris de pitié pour ces petites fourmis humaines qui se démènent sur leur petite planète avec leurs soucis de primes maladie et d’élections communales. Il est venu parmi nous vivre nos souffrances, connaître les épreuves que nous vivons, et notamment l’épreuve suprême, celle que nous connaîtrons tous, riches ou pauvres, célèbres ou inconnus : la mort.

AUCUNE autre religion n’a cette richesse, chers Amis. Elles croient toutes en un Dieu distant, vaguement tyrannique, incapable de comprendre les êtres humains, finalement.

Alors que notre Dieu – réécoutez les mots de l’auteur de l’épître aux Hébreux – notre Dieu « n’est pas incapable, LUI, de partager nos faiblesses. »

Ainsi nous savons qu’il ne nous est pas nécessaire d’attendre un grand sauveur apocalyptique.

Il nous faut simplement comprendre qu’il est là, avec nous, au coeur de nos détresses. Qu’il est là pour les vivre avec nous, pour cheminer avec nous.

Alors, chers Amis, ne soyons pas comme Jacques et Jean. Ce n’est pas nous qui devons nous demander si nous aurons les places à côté du Christ… puisque c’est lui qui vient vivre à côté de nous, en nous plaçant au centre de son Amour.

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Flanthey, 20 octobre 2012, 17.00

Lens, 21 octobre 2012, 9.30

Montana-Village, 21 octobre 2012, 11.00

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  1. bemelmans emile

    merci pour la réalité et la proximité de tes vérités.
    sois remercié et félicité.
    emile

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