Triple vaccin contre nos lèpres spirituelles

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Homélie pour le 6e dimanche TO, année B

Lévitique 13,1-2.45-46  /  Psaume 31  /  1Corinthiens 10,31-11,1 / Marc 1,40-45

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

Le thème de nos lectures de ce soir n’est pas très réjouissant, c’est la lèpre, vous l’avez entendu, le fil rouge. Vous l’avez entendu dans la première lecture et puis, à l’instant à nouveau, dans l’Evangile.

Alors même si elle est encore présente dans de nombreux pays du monde, particulièrement dans l’hémisphère sud, Dieu merci on sait soigner la lèpre aujourd’hui. On n’a plus besoin de mettre les gens à l’écart toute leur vie, comme à l’époque.

Pour ce qui est de la Suisse, elle a disparu de notre pays au 18e siècle, avec une brève réapparition dans l’un ou l’autre canton il y a une centaine d’années mais c’est aujourd’hui de l’histoire ancienne, Dieu merci.

C’est une autre maladie qui nous pose problème actuellement, une autre forme de lèpre… mais on en entend bien assez parler, n’est-ce pas ? On ne va pas encore en parler à la messe !

La lèpre, heureusement, c’est loin. Et pourtant, nous sommes tous, vous et moi, atteints d’autres formes de lèpre. Nous avons chacun, chacune nos lèpres qui nous rongent non pas le corps mais l’âme et le cœur.

Et le Carême qui commence dans quelques jours, mercredi, est un excellent temps pour soigner nos lèpres.

Elles ne sont pas aussi visibles que la lèpre classique, bien sûr. Mais elles rongent tout autant, et parfois elles nous rendent infirmes ou déformés. Infirmes du cœur, ou déformés de l’âme.

Ces lèpres s’appellent, par exemple : la jalousie, la médisance, les ragots, le mensonge, la dissimulation silencieuse, le jugement de l’autre dans notre cœur, la calomnie quand ce jugement passe la frontière de nos lèvres.

Ces lèpres-là, Chers Amis, sont pires que la vraie lèpre. Parce qu’elles font non seulement du mal à celui qui les porte mais aussi à son prochain, à l’autre… Elles défigurent celui qui en est atteint et celui qui est jugé. Elles posent des étiquettent, ces lèpres-là.

En temps de pandémie, il y en a d’autres, des lèpres spirituelles, des lèpres de l’esprit qui nous rongent et qui rongent les gens autour de nous… Elles s’appellent le désespoir, le doute, la dépression, la tristesse, la solitude. Ces lèpres-là aussi sont très dangereuses et rongent peu à peu.

Elles nous tuent l’âme et le cœur parce qu’elles nous habituent peu à peu à penser du mal d’autrui, à dire du mal, à voir tout en négatif autour de nous.

Et Dieu sait si nous sommes nombreux en ce moment à être atteints de ces dernières lèpres dont j’ai parlé.

Ces lèpres-là, Chers Amis, ne connaissent aucune frontière, elles sont beaucoup plus contagieuses que n’importe quel variant du CoVid et elles ne sont éradiquées d’aucun pays connu à l’heure actuelle.

Et si nous voulons bien être honnêtes vous et moi, je crois que nous sommes contraints de reconnaître que nous les connaissons bien, en réalité.

Enfin sauf si vous vous dites : « Quoi ? Moi ? Mais jamais de la vie ! Qu’il parle pour lui, le prêtre ! Moi, je n’ai jamais dit du mal de qui que ce soit, dans ma vie ! Je n’ai jamais pensé du mal de qui que soit ! Jamais je n’ai jugé quelqu’un dans mon cœur, jamais ! »

Celui qui penserait cela serait atteint d’une autre lèpre : l’orgueil. Elle n’est pas meilleure !

Alors j’ai bien conscience que, pour l’instant, je ne suis pas en train de vous brosser un tableau fantastique.

Et pourtant, et c’est ça qui est la bonne nouvelle de ce soir, il existe un vaccin, un remède à ces lèpres-là. Un vaccin efficace à 100%, quelle que soit la marque, en trois doses.

Et nous l’avons entendu, parce que… autant la première lecture parlait de lèpre, autant l’évangile parlait de lèpre… autant au milieu, comme une petite perle, il y avait la lettre de Paul qui nous donnait ce vaccin, son remède à lui.

Il disait ceci : « Je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais en cherchant celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. »

Alors je vais reprendre point par point parce que c’est du Paul, hein ! C’est dense, c’est complexe… mais c’est génial.

« Je tâche de m’adapter à tout le monde », première dose du vaccin. Voilà un très bel exercice de Carême, Chers Amis. Avant de juger quelqu’un qui ne pense pas comme nous ou qui n’est pas comme nous, ou qui n’agit pas comme nous, essayons de nous adapter à cette personne, essayons de voir les choses de là où elle se trouve, de nous mettre à sa place. Essayons d’être compatissants avec cette personne plutôt que de la cataloguer, de la ranger tout de suite dans la liste de celles et ceux qui sont pas comme nous. Je tâche de m’adapter à tout le monde… première dose du vaccin.

Deuxième dose : « je ne cherche pas mon intérêt personnel mais d’abord celui de la multitude. » disait Paul.

Ah… Ça aussi, c’est un bel exercice de Carême, c’est un bel exercice à chaque scrutin politique aussi… ça tombe bien, nous, en Suisse, on en a un qui approche ! Ne pas chercher mon intérêt personnel mais d’abord celui de la communauté, un mot sur lequel on a fait le mot « commune » d’ailleurs.

Est-ce que je cherche mon intérêt ? Ou est-ce que j’essaie de chercher l’intérêt de mes voisins, des gens qui habitent le même village, la même ville que moi, la même commune que moi ? Des gens de ma communauté, aussi. Voilà un agir citoyen !

Plutôt que de voir mon petit intérêt à moi, en trouvant, par exemple, que je paie trop d’argent pour ceci ou pour cela, si je réfléchissais d’abord à l’intérêt du lieu dans lequel je vis, à l’intérêt de mes voisins, de mes concitoyens ? Et si, pour une fois, je faisais passer leur intérêt avant le mien ? Voilà ce que suggère Paul. Je ne cherche pas mon intérêt mais d’abord celui de la multitude. Ah elle fait mal, cette deuxième dose, hein ! Il y a des effets secondaires… mais elle est essentielle.

Je vous donne un exemple : pour ma part, je pourrais très bien dire que je n’ai pas à payer l’assurance maternité !

Au fond, c’est vrai : ayant fait vœu de célibat, à priori elle ne me servira jamais à rien ! Ni à moi ni à mes plus proches. C’est très injuste que je la paie, vous ne trouvez pas ?

Non ! Non, ce n’est pas injuste ! Evidemment que non ! Elle est retenue de mon salaire, comme du vôtre, et c’est très juste.

C’est une assurance qui ne me servira jamais, c’est vrai, mais qui sert les intérêts de la communauté, du lieu dans lequel je vis ! Qui sert d’autres personnes que moi, c’est vrai, mais je la paie avec bonheur, bien évidemment. C’est juste.

Paul termine avec sa troisième dose de vaccin en disant qu’il faut vouloir que les autres soient sauvés.

Voilà un autre et dernier magnifique exercice de Carême ! Avant de chercher à ce que je sois sauvé aux yeux de Dieu, demandons-nous ce que nous pouvons faire pour que les autres soient sauvés. D’abord.

Les autres… justement ceux que nous jugeons, que nous critiquons. Qu’est-ce que nous pouvons faire pour que EUX soient sauvés d’abord ?

Ah… je vous accorde que ce n’est pas la dose la plus facile de ce vaccin en trois temps. Mais elle est combien essentielle aussi, cette dose-là !

Evidemment, une des choses que nous pouvons faire pour que les autres soient sauvés d’abord, c’est prier pour eux. Et particulièrement pour les personnes avec lesquelles on a plus de peine.

Avec tout cela, Chers Amis, nous avons le vaccin qui agit à coup sûr contre toutes nos lèpres.

Et bonne nouvelle : non seulement il ne pique pas, il n’a aucun effet secondaire néfaste – il en a, mais des positifs ! – mais en plus il est totalement gratuit, à la portée de chacune et chacun. Il y en a autant de doses qu’il y a des personnes sur la terre… parce qu’il est en nous, il suffit de l’activer.

Un vaccin en triple dose, retenons-les bien :

  • S’adapter à l’autre…
  • Chercher d’abord l’intérêt de l’autre…
  • Vouloir que l’autre soit sauvé…

Je crois que nous avons ainsi du grain à moudre pour le Carême qui approche. Et même pour ce week-end…

Et qui sait ? Peut-être parviendrons-nous un jour à éradiquer nos lèpres spirituelles, elles aussi ? Ce serait alors le Royaume de Dieu, à n’en pas douter. Ce Royaume que nous construisons ensemble.

Ça commence ici et maintenant, dans notre vie.

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Les Diablerets, samedi 13 février 2021, 18.00 (version enregistrée)

Aigle, dimanche 14 février 2021, 10.00

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  1. M.Rouiller

    J’apprécie beaucoup de pouvoir écouter vos homélies chez moi ( en ayant participé à à la messe dominicale )Je possède des prothèses auditives et les églises ne possèdent pas tous ( la boucle pour ma entendants )

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