Tu as de la lumière dans les yeux !

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Photo DR : détail d’un vitrail de Florac, en ligne sur commons.wikimedia.org
  
 
 

Homélie pour le 2e dimanche du Carême A

Genèse 12,1-4a / Psaume 32 / 2 Timothée 1,8b-10 / Matthieu 17,1-9

Chers Amis,

« Tu as de la lumière dans les yeux ! »… voilà une expression qu’on entend souvent et qui ne cesse de me faire réfléchir.

J’étais, il y a deux semaines, au Home du Christ-Roi à Lens pour donner l’onction des malades avec mon confrère Rémy.

Le visage de certaines de ces personnes souffrantes était extraordinaire au moment de l’onction. Il y avait véritablement de la lumière dans leurs yeux. Et j’aime plonger mes yeux dans des yeux qui sont lumineux !

Pourtant ce n’est pas simple d’être dans un Home ! Voilà des personnes à qui l’on a demandé, comme Dieu à Abraham dans la première lecture, de quitter la maison de leur famille et d’aller dans un lieu inconnu. Et pourtant elles ont encore de la lumière dans les yeux, et parfois bien plus que d’autres.

A ne pas confondre avec l’expression « Tu as les yeux qui brillent »… qui n’est pas forcément positive ! Lors d’un apéro, un homme s’adresse à son ami qui avait manifestement forcé sur la bouteille et lui dit : « Toi, tu as encore trop bu, tu as les yeux qui brillent ! » Remarquez, l’autre lui a trouvé une superbe réponse puisqu’il lui a rétorqué : « Tu as déjà vu une étoile qui brille pas, toi ? »

« Tu as de la lumière dans les yeux »… c’est aussi ce que se disent les amoureux, parfois.

Et les Chrétiens devraient au minimum être amoureux de Dieu. Bon pas autant que nous les prêtres, mais au moins un petit peu. Il devrait y avoir un peu de cette lumière-là dans les yeux chrétiens.

Comme la lumière des yeux d’un enfant, d’un tout petit, lorsqu’il reconnaît la voix de sa maman ou de son papa qui veillent sur lui.

Le psaume le rappelait : « le Seigneur veille sur ceux qui le craignent » – c’est-à-dire qui le respectent. La crainte biblique – vous le savez bien – n’a rien à voir avec la peur.

C’est toute la différence entre un regard qui respecte, qui vénère, qui aime, et un regard qui a peur de son supérieur ou de ses parents. Et il nous faut beaucoup d’efforts pour retrouver en nous un regard qui n’a pas peur d’un Dieu soi-disant méchant ou sadique, mais un regard qui craint au sens biblique, c’est-à-dire qui admire et respecte.

« Nous attendons notre vie du Seigneur, notre espoir est en lui », disait encore le psaume.

Ce regard qui attend la vie, qui espère, je le retrouve aussi dans les yeux des personnes qui viennent communier véritablement.

Et il y a de la lumière, dans les yeux de celles et ceux qui viennent communier en toute conscience, qui s’approchent de cet autel en sachant véritablement ce qu’ils vont recevoir, qui ils vont recevoir.

Je dis « véritablement » et « en toute conscience » parce que, bien sûr, parfois on va communier un peu trop machinalement. Cela m’arrivait aussi quand j’étais à votre place dans l’assemblée, avant d’être prêtre.

Mais si on a conscience, pleinement, de ce que l’on reçoit dans la communion, Dieu, la vie, la vie éternelle, la grâce, la force pour le chemin… alors notre regard devrait être lumineux, empli d’espoir au moment de communier. Et bien des auxiliaires de l’Eucharistie me disent la beauté de ces regards qu’ils perçoivent souvent au moment de la communion.

C’est aussi cela, la « grâce visible à nos yeux » dont parle Paul dans le seconde lettre à Timothée, notre deuxième lecture. La grâce est parfois bien visible, et notamment dans un regard lumineux.

« Tu as de la lumière dans les yeux… »

On dit que les yeux sont le miroir de l’âme. Eh bien je peux vous assurer qu’une âme touchée par la grâce, ça se voit dans les yeux ! Il y a de la lumière dans ces yeux-là.

Sans rien révéler jamais de ce que je reçois en confession, je me crois tout de même autorisé à vous dire à quel point je suis touché par le regard des pénitents. Et tout particulièrement au moment où la grâce du pardon les atteint. C’est magnifique, ce qui transparaît dans leurs yeux à ce moment-là. Il y a de la lumière dans leurs yeux…

C’était peut-être cela, aussi, ce qu’ont vu Pierre, Jacques et Jean, au moment où Jésus a été transfiguré devant eux. Ils ont vu Dieu au travers de lui, ils ont contemplé la grâce, soudainement devenue visible. Il avait de la lumière dans les yeux lui aussi !

J’aimerais, du coup, terminer par cette anecdote authentique, racontée par mon ami Cédric :

C’est une petite fille qui est là avec sa Maman dans une église. Elle regarde les vitraux, très colorés, sur lesquels sont représentés quelques personnages avec des ailes sur le dos. Elle admire la lumière qui passe au travers des couleurs et des visages, et elle demande à sa Maman qui sont ces gens, dessinés là-haut.

La Maman lui répond que ce sont des anges.

Quelques jours plus tard, à l’école, pendant le cours de religion, la maîtresse demande aux enfants si l’un d’eux saurait à quoi ressemble un ange. Toute fière, la petite fille lève la main.

C’est simple, dit-elle, les anges ce sont les personnes qui sont traversées par la lumière.

et un ange passe…

« Les anges sont les personnes qui sont traversées par la lumière… »

Nous pouvons toutes et tous devenir des anges, dans ce cas.

En ce Carême, chers Amis, ayons de la lumière dans les yeux, ayons des visages qui reflètent la grâce, osons laisser passer Dieu au travers de nous pour être, nous aussi, transfigurés.

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Flanthey, 15 mars 2014, 17.00

Lens, 16 mars 2014, 9 h. 30

Montana-Village, 16 mars 2014, 11.00

Lausanne (Valentin), 16 mars 2014, 20.00

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