Un curé ne bosse que le dimanche !

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Photo DR : mec-info.com

Homélie pour le 5e dimanche TO, année B

Job 7,1-4.6.7 / Psaume 146 / 1Corinthiens 9,16-19.22-23 / Marc 1,29-39

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Vous savez ce qu’on dit des curés, chers Amis ?

– « Ah, les curés, ça bosse que le dimanche ! » … C’est bien connu, non !

Bon, ce soir ça joue déjà pas, parce qu’on n’est pas dimanche…

Enfin… pour la plupart des gens, le curé c’est celui qui dit la messe DANS LEUR EGLISE le samedi ou le dimanche. Ils ont déjà beaucoup de peine à imaginer qu’on dit AUSSI la messe dans d’autres églises le même samedi, le même dimanche.

Pour ma part, ce week-end j’ai cinq messes. Mais ces cinq messes sont des moments merveilleux pour moi. C’est le sommet de mon rôle de serviteur, de pouvoir vous servir ce repas et vous donner Dieu. C’est une joie, pour moi !

Cela dit, un prêtre a aussi quelques autres occupations, et les gens souvent ne le soupçonnent pas.

J’ai demandé à une adulte l’autre jour : « Est-ce que vous savez ce que ça fait, un prêtre ? » … Elle m’a dit : « Ben… ça dit la messe… le dimanche… dans ma paroisse… » C’est vrai. Mais encore ?

Vous avez une idée, les confirmands, de ce que ça fait, un prêtre ?

…ça va donner le pardon aux gens, c’est une bonne idée…

Une autre idée…?

Eh ben dis donc, vous êtes pas mieux que vos parents, hein ! Rassurez-vous, j’étais comme vous ! Je savais pas non plus, moi, avant d’être prêtre, ce que ça faisait, un prêtre !

Alors je me suis dit que ce serait peut-être pas mal de vous dire mon emploi du temps de ces derniers jours. D’autant que ça a un rapport très précis avec les lectures de ce soir, vous allez voir…

Ces derniers jours, comme chaque semaine, j’ai fait un peu de lessive… Ben oui, c’est un homme, un prêtre, comme les autres… J’ai fait mes paiements, j’ai fait ma cuisine.

– Ah bon, vous cuisinez vous-même ?

– Oui oui, ça m’arrive… tous les jours, d’ailleurs…

– Mais vous n’avez pas quelqu’un qui vous fait la cuisine ?

– Heu… non. Non, non…

J’ai fait un peu de ménage, aussi. Mais, vous me direz, ça vous le faites aussi. Enfin j’espère !

J’ai célébré la messe, tous les jours, aussi…

– Ah bon, vous célébrez tous les jours ?

– Oui, oui… Pas seulement les dimanches et les samedis… Tous les jours !

– Combien de fois on doit aller à la messe ? … C’est comme si vous demandez à un amoureux :

Combien de fois il faut dire « je t’aime » à la personne que tu aimes ?… Seulement le samedi et le dimanche ?

Ben pour moi qui suis amoureux de Dieu j’aime bien lui dire tous les jours, en célébrant la messe tous les jours… c’est normal !

J’ai aussi pris deux heures pour écouter un couple, en crise, qui avait besoin de conseils… Ils m’ont dit qu’ils allaient mieux, quelle joie !

Je suis allé bénir une maison. Je suis allé faire une prière de protection, pour chasser un démon… c’est des choses étranges, hein ? ça fait aussi ça, un prêtre…

J’ai rencontré quatre couples de fiancés qui vont se marier… c’est quatre des 96 préparations de mariage que je fais cette année, puisque je marie 16 couples et que je les vois 6 fois… 16 fois 6, 96.

Avec un de mes six conseils, conseils de gestion, conseils de communauté, j’ai travaillé à la location de plusieurs terrains. J’ai répondu à deux lettres d’avocats qui concernaient la réfection d’une église et la vente d’un autre terrain

…vous saviez que ça faisait ça, les prêtres ? Moi non plus, je ne savais pas, avant…

Je me suis occupé du contrat de travail d’une des employées de nos paroisses.

J’ai rempli des documents d’assurances pour une autre employée. J’ai travaillé à la rédaction du bulletin paroissial, j’ai préparé cette homélie…

– Ah bon, vous préparez vos homélies ?

– Oui, oui… ça se prépare, une homélie… Pour ça, j’ai médité les textes qu’on a entendu tout à l’heure, et puis j’ai lu les homélie de certains de mes confrères pour savoir ce que, eux, ils diraient…

J’ai participé un petit moment à la réception de voeux de nouvelle année d’une des communes de mes trois paroisses…

J’ai rencontré et parlé au groupe des brancardiers de Lourdes de la vallée, j’ai travaillé à un futur projet pour les jeunes du Cycle d’Orientation…

J’ai réfléchi aux messes de ce week-end avec vous les confirmands, j’ai regardé ce que vous aviez préparé, quels chants vous alliez chanter, je me suis entraîné un peu…

J’ai rencontré une famille en deuil pour célébrer des obsèques que j’ai célébrées cet après-midi, puis j’ai rencontré une autre famille en deuil pour célébrer des obsèques mardi…

J’ai préparé un baptême d’un petit bout de chou, avec ses parents… J’ai effectué un entretien spirituel avec une personne en détresse, j’ai confessé – là tu avais raison : j’ai donné le sacrement du pardon, ce matin – et j’ai adoré le Seigneur comme tous les samedis matins…

J’ai fait une vingtaine de téléphones, j’ai répondu à 239 e-mails et à une cinquantaine de SMS, et puis WhatsApp et Facebook je vous laisse de côté…

J’ai répondu à quelques coups de fil très importants comme cette personne qui était au bord du suicide, à deux heures du matin, l’autre nuit… et à d’autres téléphones moins essentiels comme cette personne tout à l’heure qui voulait savoir à quelle heure était la messe…

J’ai siégé avec un autre de mes six conseils pour préparer l’avenir d’un de mes vingt clochers.

J’ai dormi un peu. J’ai mangé parfois (pas à tous les repas, j’avoue, faute de temps). J’ai fait quelques kilomètres en voiture. J’ai prié plusieurs fois par jour… ça fait ça, un prêtre, aussi… qu’est-ce que ça fait du bien de prier !

Et, pour la troisième fois depuis septembre, j’ai pu prendre une heure au soleil sur mon balcon. Et c’est là qu’une personne qui passait en-dessous m’a dit :

– Ah t’as la belle vie, Curé !

J’ai ri parce que… il n’y avait que cela à faire… Et puis elle avait raison : ma vie est belle !

Tout cela en moins d’une semaine, en quatre jours exactement. Etonnant, non ? Vous ne saviez pas que ça faisait tout ça, un curé !

Mais si je vous dis tout cela ce n’est pas du tout pour me plaindre. On pourrait croire, hein, mais au contraire ! J’adore ma vie et ma vocation de prêtre ! Je suis tellement heureux quand je peux servir le Seigneur dans toutes ces activités-là, servir les gens qu’il me confie !

Celui qui me propose d’échanger demain ça contre un travail de 8 heures à midi et de 13 heures à 17 heures devant un écran d’ordinateur, il peut courir longtemps, celui-là ! Aucune chance ! Je ne changerai pour rien au monde !

Alors, dans un premier temps, quand on énumère toute cette liste, vous pourriez croire que je me plaignais… Comme Job dans la première lecture, vous avez entendu ? Job, dans la première lecture qui se plaignait de ses journées, de sa souffrance.

Mais dans un deuxième temps, vous avez entendu la lettre de Paul. Ah, c’était tout autre chose ! Paul vous disait : « Frères, annoncer l’Evangile – ce que je fais – ce n’est pas du tout pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi – dit Paul – si je n’annonçais pas l’Evangile ! »

Eh bien comme Confirmands, chers Amis, vous allez aussi avoir à annoncer l’Evangile par vos actes, dans votre vie !

Et comme le disait Paul aussi, mon bonheur à moi c’est d’annoncer l’Evangile sans rechercher aucun avantage. Tant mieux si cela prend toute ma vie, toutes mes journées, tant mieux ! « Je me suis fait le serviteur de tous », dit Paul. Le serviteur de tous… c’est ça un prêtre : c’est un serviteur.

Bien sûr que, dans toutes ces activités, il y en a que je préfère. Ah, vous aussi : à l’école il y a des cours que vous préférez !

Moi, les activités que je préfère, c’est célébrer avec vous ce soir, c’est prier, c’est soulager des souffrances, guérir des gens qui sont pas bien, qui sont tristes, qui sont malheureux, ou parfois malades, un peu plus encore… Je préfère cela que de signer des papiers pour un avocat ou un notaire !

Et si vous relisez la page d’Evangile qu’on a entendue tout à l’heure, qu’est-ce que faisait Jésus ? Eh bien effectivement, Jésus, il annonçait l’Evangile, il visitait les personnes, il guérissait les gens, il chassait certains démons. Et il priait, aussi.

Ceci dit il n’est pas indiqué dans l’Evangile que Jésus ait fait de la lessive ou de la cuisine. Pourtant il l’a sûrement fait aussi ! Comme quoi on n’indique pas tout !

Il y a des gens qui disent : « Les prêtres, ça devrait SEULEMENT célébrer la messe, prier, faire ce pour quoi ils sont faits… » …ben heureusement qu’on fait un peu la cuisine de temps en temps quand même, hein ! Sinon, on n’irait pas loin !

Alors ma joie, chers Amis, la mienne, elle est dans mon travail de tous les jours que je vous ai donné, incroyablement plus varié que ce que pensent la plupart des gens.

Et vous, votre joie, c’est quoi ? Elle sera dans quoi, votre joie ? Parce que vous avez une vocation, tout le monde en a une ! Mère de famille, c’est une vocation, par exemple.

Alors quelle sera votre vocation ? Parce que les statistiques sont formelles : les gens qui répondent à leur vocation sont très heureux, en général, dans leur vie. Même s’ils font beaucoup de choses, comme moi. C’est plus léger, c’est plus facile à faire, parce qu’on est heureux !

Alors chers Amis, et c’est aussi aux parents que je m’adresse : quelle est votre joie, quel est votre plaisir, dans le travail de tous les jours ? Quelle est votre vocation ?

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Les Collons, samedi 7 février 2015, 17.00

Vex, samedi 7 février 2015, 19.00 (version enregistrée)

Hérémence, dimanche 8 février 2015, 9.00

Evolène, dimanche 8 février 2015, 10.30

Nyon (VD), dimanche 8 février 2015, 19.00

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2 Responses

  1. Lycia

    Merci Vincent, c’est sympa de commencer ma journée de job (mdr) avec ton homélie. Elle met du baume au cœur, parce que c’est tellement vrai, quand on aime on ne compte pas et qu’est-ce qu’on est heureux d’accomplir chaque tâche avec légèreté et amour quelque soit le moment du jour, de la nuit ou de la semaine!

  2. Marc von Chermignon

    Ton exemple cher Vincent nous montre que c’est pour cela que nous ne devons pas être que des consommateurs d’Église, ce n’est pas un supermarché, à l’image de la société actuelle, tout le monde a au moins un talent à faire fructifier. Déjà rien que de sourire c’est un talent, c’est pas donné à tout le monde ! et quand on sourit on reçoit d’autres sourires en retour, et votre cœur atteint une certaine joie, vous existez ! Je trouve toujours triste quand je me balade en montagne et que les gens se saluent, de voir qu’ils ne sourient presque jamais, alors cela veut dire qu’ils le font par correction, pas parce qu’ils ont plaisir à vous rencontrer. Alors nous offrons notre plus grand sourire à ces gens là, ils se convertiront et partageront notre JOIE !
    « la joie du Seigneur est notre rempart »

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